Interdits depuis 2018 dans les établissements scolaires, les téléphones portables pouvaient jusqu’à présent être conservés éteints au fond du sac.
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Société

Pause numérique : en quoi consiste cette mesure expérimentée par 200 collèges ?

En cette rentrée, près de 200 collèges mettent en place la pause numérique, soit l’interdiction totale des téléphones portables pour les élèves. Si cette mesure a pour objectif le mieux-être des élèves à l’école, elle ne fait pas l’unanimité auprès des syndicats d’enseignants et de parents. Explications. 

Une rentrée déconnectée pour plus de 50 000 collégiens. Annoncée par la ministre de l’Education Nationale démissionnaire Nicole Belloubet lors de sa conférence de presse de rentrée, la pause numérique, autrement dit l’interdiction totale des téléphones portables dans l’enceinte des collèges, est expérimentée dès cette semaine dans 199 établissements volontaires. Cette expérimentation faite suite aux recommandations de la commission écrans voulue par Emmanuel Macron, qui préconise l’interdiction du téléphone portable pour les enfants de moins de 11 ans et la limitation stricte des réseaux sociaux avant 15 ans.

"Il ne faudrait pas que la responsabilité de l’établissement soit engagée"

Dans les établissements concernés, les élèves devront laisser dès leur arrivée leur téléphone dans un casier prévu à cet effet. Mais certains syndicats s’inquiètent de la lourdeur d’un tel système. "Il faut prévoir un temps le matin pour déposer les téléphones et le soir pour les récupérer et des adultes pour veiller à ce que tout se passe bien. Parce qu’en cas de dégradation, il ne faudrait pas que la responsabilité de l’établissement soit engagée", indique Isabelle Bégin, secrétaire académique du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale), au micro de France Bleu. Et dans les faits, l’interdiction des téléphones portables dans les écoles, les collèges et certains lycées est déjà en vigueur depuis 2018. Mais, jusque là, les élèves pouvaient garder leurs téléphones éteints au fond du sac, "ce qui est plutôt bien respecté" précise Isabelle Bégin. 

En général, le cyberharcèlement se déroule en dehors du temps scolaire, quand les enfants utilisent leur smartphone ou tablettes chez eux, potentiellement hors du regard des parents.

Selon le ministère de l’Education Nationale, l’objectif est double : augmenter la capacité de concentration des élèves et améliorer le climat scolaire en réduisant le cyberharcèlement. Mais là encore, des réserves se font entendre. "En général, le cyberharcèlement se déroule en dehors du temps scolaire, quand les enfants utilisent leurs smartphones ou tablettes chez eux, potentiellement hors du regard des parents" explique à franceinfo Samuel Comblez, directeur des opérations de l'association e-Enfance/3018, tout en précisant que "toute expérimentation est bonne à prendre."

 

"Des jeunes démotivés, avec ou sans leur portable"

Pour d’autres, ce sujet n’est pas une priorité alors que la nomination d’un nouveau gouvernement se fait attendre. "C'est une mesure démagogique pour endormir les parents, et un nouveau casse-tête pour les CPE qui vont certainement être chargés d'appliquer le retrait des portables ! En tout cas on va subir des suppressions de postes, des classes surchargées et des jeunes démotivés, avec ou sans leur portable" s’agace sur France 3 Pascal Andrieux, secrétaire départemental de la FCPE (fédération des conseils de parents d’élèves) dans l’Aube. 

La mesure pourrait être étendue à l’ensemble du territoire dès janvier 2025. Une généralisation qui inquiète Marie Tamboura, principale de collège à Montreuil et membre de l’exécutif national du SNPDEN-Unsa, interrogée par franceinfo : "ce sera une énième casquette qui s’ajoute [pour les chefs d’établissement] et qui ne correspond pas à notre corps de métier."