En novembre 2020, l’institut de recherche Capgemini publiait un rapport indiquant que la plupart des organisations, peu importe leur domaine, pourraient "réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 16 % au cours des 3 à 5 prochaines années" grâce à l’intelligence artificielle.
Cette vision charme beaucoup de chercheurs. Les initiatives souhaitant inscrire l’IA dans la lutte contre le réchauffement climatique se multiplient à mesure que cette technologie se développe et se banalise.
Traiter les données complexes
L’Américaine Claire Monteleoni, chercheuse au Centre Inria, à Paris, travaille au développement de "l’informatique climatique". Selon elle, le manque de connaissance humaine sur le climat ne provient pas d'un déficit de données mais de difficultés à les croiser. Sa recherche permettrait à terme aux climatologues, météorologues et géophysiciens de les "encoder" afin de créer des modèles climatiques et ainsi mieux comprendre et prévoir le changement climatique.
On peut également citer les travaux d’une équipe de chercheurs du CNRS qui a développé une IA dans le but de prévoir les vagues de chaleur extrêmes. Elle s’appuie sur les conditions environnementales, comme l’humidité des sols et l’état de l’atmosphère, pour calculer la probabilité d’arrivée d’une vague de chaleur.
Une meilleure gestion des ressources
L’IA est par ailleurs utilisée dans la gestion de ressources. La startup Aquasys développe des logiciels intégrant l’intelligence artificielle dans le but de mieux gérer les ressources en eau. L’IA permet de collecter et de croiser des milliers de données éparpillées dans la multitude de services d’eau potable en France.
Les initiatives se multiplient aussi hors de France. La compagnie aérienne américaine Alaska Airlines a annoncé tester un outil de planification des vols basé sur l’IA pour optimiser les trajectoires de vol et ainsi réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Pour aller plus loin : " La transition écologique Made in France”
Il ne faut toutefois pas se tromper. L’intelligence artificielle ne constitue pas une solution miracle à la crise environnementale et climatique. Si certaines de ses applications sont intéressantes, l’IA est avant tout un important émetteur de gaz à effet de serre.
Un grand consommateur d’énergie
Pour être mise au point, cette technologie se base sur l’apprentissage profond, ou deep learning. Elle est nourrie par une très grande quantité d’informations à laquelle son algorithme va comparer les nouvelles informations qu’il reçoit. Ce processus d’apprentissage consomme une très grande quantité d’énergie. Une étude de l’Université du Massachusetts datée de 2019 démontre que certains modèles peuvent consommer seulement lors de la phrase d’apprentissage autant de CO2 qu’un humain en 57 ans.
Une fois opérationnelle, l'IA a besoin de nombreux centres de données pour tourner. Aussi appelés data centers, ces centres sont extrêmement gourmands en énergie et se développent à vitesse grand V en Europe, entraînant le rejet de plusieurs dizaines de millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
L’impact de l’IA sur l’environnement ne se limite cependant pas à ses rejets effectifs de gaz à effet de serre. Plus qu’à développer des outils visant à préserver l’environnement et à lutter contre le réchauffement climatique, l’IA sert plutôt les intérêts économiques des grandes entreprises. En analysant les pratiques des consommateurs et en les croisant avec des données contextuelles telles que l’heure, la saison ou la météo, elle affine le ciblage publicitaire. Une pratique qui pousse inexorablement à la surconsommation.