Malgré les six rapports du Giec pointant la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique, et un été marqué par des catastrophes naturelles liées à la crise environnementale, de nombreux internautes continuent de mettre en doute la réalité du changement climatique. On les appelle les climatosceptiques, et plusieurs études scientifiques démontrent que le mouvement est loin de s’éteindre.
Hyperactivité en ligne
Une analyse de la City University de Londres pour l’AFP recense 1,1 million de tweets ou retweets utilisant des termes climatosceptiques en 2022, deux fois plus que l’année précédente. Le CNRS a comptabilisé, quant à lui, 10 000 comptes Twitter relayant des théories niant le réchauffement climatique depuis juillet. Une suractivité en ligne impressionnante, permettant à ces internautes d’occuper l’espace numérique bien plus fortement que les comptes "pro-climats", selon l’étude du CNRS, publiée le 13 février.
D’autant plus que la loi des algorithmes des réseaux sociaux comme Twitter fait la part belle aux contenus polémiques. Les chercheurs de l’université américaine MIT montraient en 2018 qu’une fake news circule sur les réseaux sociaux six fois plus vite qu’une information vérifiée. La faute à un système médiatique en ligne où la surprise, le doute et les récits alternatifs génèrent toujours plus de clics que la vérité des faits.
Les études récentes démontrent que les réseaux climatosceptiques sont connectés, si pas communs, avec les nébuleuses anti-vaccins, pro-russes et d’extrême droite. La défiance généralisée envers les institutions scientifiques et les autorités officielles se manifeste aujourd’hui sur les sujets environnementaux, car ceux-ci font l’actualité.
Nous assistons sans aucun doute à une expansion des théories du complot. Le climat est le nouveau sujet clivant dans le débat d’idées." - Jennie King, Institute for Strategic Dialogue de Londres
Pour asseoir leurs arguments, les climatosceptiques pratiquent le plus souvent le "cherrypicking" (cueillette de cerises), en choisissant parmi les vastes données scientifiques sur le climat celles qui semblent servir de prime abord leur propos. Un refroidissement des températures sur cinq ans devient dès lors la preuve que la planète ne se réchauffe pas depuis deux siècles, contrairement à l'avis des experts du GIEC.
Selon l’étalon-or du GIEC pour les mesures de températures, la planète se refroidit depuis août 2014.
Indépendamment des preuves scientifiques empiriques, médias, politiciens et scientifiques corrompus continuent de prétendre qu’elle se réchauffe en raison du CO2 humain. 😬 pic.twitter.com/JvhzlLCQuU
— Ξlpis (@Elpis_R) March 8, 2023
Quelle est la responsabilité des plateformes ?
Plus inquiétant, le phénomène semble déborder le cadre des réseaux sociaux. Selon un sondage Ipsos de décembre 2022, 8 % des Français pensent qu’il n’y a pas de changement climatique. Preuve que les contre-argumentaires en ligne sont influents sur la société, 29 % des Français déclarent qu’il y a un changement climatique, mais qu’il n’est pas d’origine humaine. Des chiffres en nette augmentation par rapport à l’année précédente.
Entre les deux années, un fait marquant est pointé par les experts sur le sujet : le rachat de Twitter par le milliardaire américain Elon Musk. Sa politique de libéralisation de la plateforme a permis à de nombreux comptes Twitter bannis d’être rétablis, dont des propagateurs de fake news. Il a pourtant lui-même alerté à de multiples reprises l’opinion publique sur la réalité du changement climatique. Se posent alors des questions de responsabilité des plateformes dans la régulation des contenus, soumis depuis l’année dernière à de nouvelles réglementations européennes.
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