La cohabitation intergénérationnelle résiste tant bien que mal à la crise du Covid-19.
©Elizaveta Galitckaia/Shutterstock
Social

La cohabitation jeunes-seniors à l'épreuve de la crise sanitaire

Protéger la santé et maintenir le lien social : les acteurs de la "cohabitation intergénérationnelle solidaire", qui fait vivre sous un même toit un jeune souvent étudiant et une personne âgée, jugent son maintien d'autant plus nécessaire dans le contexte de crise sanitaire.

La solidarité à l'épreuve au temps du coronavirus ! "Plus qu'une simple cohabitation, ce système permet de créer des liens forts avec la personne âgée" (Sébastien), "une deuxième grand-mère pour moi" (Safaa); "cette expérience est une solidarité humaine avant d'être un logement à moindre coût" (Mohamed).

Ces témoignages de jeunes glanés sur le forum de l'association bordelaise Vivre Avec illustrent ce que relevait déjà en 2010 une étude de l'université catholique de Lille pour la Caisse nationale des allocations familiales : le logement intergénérationnel est "la rencontre entre deux personnes, un sénior et un étudiant ayant chacun un besoin et quelque chose à offrir", une présence et un logement.

Bien implantée au Québec, aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves et en Australie - où on parle d'"habitat kangourou" -, apparue dans les années 1990 en Espagne en pleine crise du logement, la cohabitation d'un jeune et d'une personne âgée a commencé à se développer en France après la canicule meurtrière de 2003. La loi Elan sur le logement du 23 novembre 2018 et un arrêté du 13 janvier 2020 instituent le contrat et la charte de "cohabitation intergénérationnelle solidaire".

"Prévenir l'isolement des séniors"

L'ambition est de "prévenir l'isolement des séniors et contribuer autant que faire se peut à leur maintien à domicile" et de "permettre aux jeunes d'être accueillis, avec une contrepartie financière modeste" et la réalisation de "menus services". Par menus services, le législateur entend par exemple "une présence bienveillante dans le respect de la vie privée".

Il s'agit de "partager beaucoup plus qu'un toit", c'est "de part et d'autre un engagement de convivialité et de solidarité", explique Joachim Pasquet, directeur de Cohabilis, un réseau de quelque 40 structures associatives favorisant "l'habitat partagé".

Le réseau s'est maintenu pendant le confinement 

Chaque année, le réseau accompagne la cohabitation de 1.600 binômes. Mais 2020 restera à part avec le Covid-19 et le confinement: "50% des binômes se sont maintenus entre mars et juin et ont fait le pari de passer cette période ensemble", selon M. Pasquet, avec notamment "pas mal d'étudiants étrangers (qui) sont restés". "Dans les binômes qui se sont défaits, soit parce que les personnes âgées ont pris peur ou parce que les étudiants sont retournés dans leur famille, les liens se sont maintenus", précise le dirigeant de Cohabilis.

Fondatrice en 2006 d'Ensemble2générations, Tiphaine de Penfentenyo gérait avec ses équipes de bénévoles (30 agences en France et aussi à l'étranger) 660 binômes avant le Covid. D'après ses calculs, "30% des étudiants sont restés confinés avec leur personne âgée".

Maintenant, "il faut que les jeunes reviennent. On leur a tellement dit qu'ils peuvent être contaminateurs qu'ils n'osent plus", se désole-t-elle, soulignant qu'"avant, on avait un rapport de sept étudiants en demande pour une personne âgée. Désormais, c'est inversé. Beaucoup de personnes âgées nous appellent pour avoir une présence qui leur permette de se maintenir à domicile".

Chez Cohabilis, Joachim Pasquet constate depuis la rentrée "ce besoin de lien social". Pour tenir compte "de la vulnérabilité des séniors et de certains jeunes au Covid-19", le réseau associatif fait désormais signer une annexe à chaque contractant "qui permet d'acter leurs responsabilités et leurs engagements à la prudence en cette période particulière".

Selon une étude publiée en juin par les Petits Frères des Pauvres, 720.000 personnes âgées n'ont eu aucun contact avec leur famille pendant le confinement et 650.000 n'ont eu aucun confident. Face à l'urgence, le délégué général de l'association, Yann Lasnier, appelle à "mettre sur le même plan préservation de la sécurité sanitaire et préservation des liens sociaux". Il s'agit de "considérer l'autre comme le remède".

Avec AFP.

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Commentaires
Par Youri Zaleti - le 27/10/2022

C'est superbe de voir cette entraide entre génération. Ma fille à vécu deux ans avec une vieille dame adorable pendant ces études. Non seulement elle n'est pas resté seule mais les deux se sont soutenu d'une certaine manière. Ma fille par exemple a fait des recherches et fait installer une douche plus sécurisé pour la personne âgées https://lergonhome.com/ ( si vous aviez vu l'état avant ) et la vieille dame elle lui faisait du café et à manger pendant ces longue soirée de révision. Aujourd'hui elles sont toujours en contact !!

Par Yossef Noblet - le 02/11/2023

Prévenir l'isolement de sénior passe également par l'aménagement de leur domicile. Il est a penser bien en amont de la perte d'autonomie. Par exemple l'installation d'un monte-escalier peut couter jusqu'à 12000€ (https://www.prix-pose.com/monte-escalier/). Malgré les aide mis en place comme Ma prime Adapt le reste à charge peut s'avérer important pour le senior ou sa famille. Vivre avec des jeunes c'est une très bonne idée mais il ne faut pas oublier l'importance du maintient à domicile pour les séniors qui ne demandent pas tous de la compagnie mais aussi de l'autonomie !

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