La chaleur impacte également l’état psychologique.
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Les violences conjugales augmentent pendant les fortes chaleurs

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Selon des scientifiques, les fortes chaleurs seraient propices au développement de comportements violents, aggravant des phénomènes déjà existants comme les violences conjugales. 

C’est une des conséquences insoupçonnées du réchauffement climatique. Alors que la France connait sa deuxième canicule depuis le début de l’été, les conséquences sur la santé se font ressentir. Déshydratation, coups de chaud, perturbations du sommeil… Les conséquences physiques sont bien connues. Cependant, la chaleur impacte également l’état psychologique

En effet, plusieurs études montrent que les fortes chaleurs accentuent les comportements agressifs. Dans un rapport du Health Science Reports de 2023, les chercheurs constatent que "la réponse physiologique au stress face aux températures élevées comprend la libération d'hormones de stress comme l'adrénaline et le cortisol". Ces hormones peuvent se manifester par "des sentiments d'irritabilité, d'agitation et une sensibilité émotionnelle accrue". 

De plus, plus la chaleur est élevée, plus le rythme cardiaque accélère et la pression artérielle augmente. Cela se traduit notamment par une diminution de la tolérance à la frustration et une difficulté à contrôler ses émotions. 

"L'augmentation de la température au-delà du seuil de 36,8°C va créer un brouillard cérébral, où l'on va moins produire de sérotonine, l'hormone du bonheur, ce qui va affecter le moral", expliquait aujourd’hui le psychiatre Jérôme Palazzo à Franceinfo.

Les femmes victimes du changement climatique  

Tous ces aspects réunis, associés à d’autres facteurs comportementaux et sociétaux, contribuent à une hausse des cas de violences faites aux femmes en raison de leur genre. À travers l’Initiative Spotlight dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes, les Nations unies alertaient en avril dernier sur cette situation dans un rapport. 

L’organisation dénonçait des "tensions sociales et économiques qui alimentent la hausse des violences faites aux femmes et aux filles", d’autant plus marquées à cause du changement climatique et de la hausse moyenne des températures. 

L’ONU s’appuyait en particulier sur une étude datant de 2018, réalisée par des scientifiques espagnols, affirmant que les féminicides augmentent de 28 % durant les vagues de chaleur

Selon l’Initiative Spotlight, "chaque augmentation de 1 °C de la température mondiale est associée à une augmentation de 4,7 % des violences conjugales". 

Au-delà des considérations physiologiques, les canicules sont des épisodes où chacun est encouragé à rester chez soi. Les personnes victimes de violences se trouvent alors isolées avec le conjoint violent. 

Plus de féminicides recensés

En France, ce phénomène se remarque par une augmentation du nombre de féminicides pendant l’été. Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides (FNVF), estimait mardi dans les colonnes du Parisien avoir dénombré "au moins une quinzaine de féminicides conjugaux" depuis le début de la saison estivale. 

Ajouté à cela une consommation d’alcool plus prononcée, la distanciation avec les proches à cause des départs en vacances et la réduction du nombre d’interlocuteurs pouvant venir en aide aux victimes, l’été est propice aux violences conjugales et intrafamiliales.

Alors que le changement climatique entraine une hausse du nombre d’épisodes climatiques extrêmes comme les canicules, l’ONU appelle désormais à "intégrer la prévention des violences basées sur le genre à tous les niveaux des politiques climatiques, des stratégies locales aux mécanismes de financement internationaux".