De l'eucalyptus en cas de bronchite, du thym pour désinfecter, du basilic contre le mal des transports ou de la menthe contre les nausées : le placard à pharmacie se transforme en jardin chez les adeptes des huiles essentielles. Issues de la distillation des plantes aromatiques, les huiles essentielles concentrent les principes actifs des végétaux et seraient capables de nous aider à soigner petits et grands maux.
L'utilisation « traditionnelle » reste la référence
Preuve de leur succès, l'aromathérapie fait depuis peu son entrée dans les facultés de pharmacie. A Lyon, ces enseignements ont débuté en 2010. « Il y a un engouement de la part des scientifiques et du grand public pour ces produits qui bénéficient d'une image de soins naturels », observe Serge Michalet, maître de conférences à l'Institut des sciences pharmaceutiques et biologiques de l'université Lyon1. Les thèses et publications scientifiques sur l'aromathérapie se multiplient mais très peu d'études cliniques ont prouvé l'efficacité des huiles essentielles. L'agence européenne des médicaments (EMA) a publié une vingtaine de monographies d'huiles qui, pour la plupart, s'appuient sur leur «utilisation traditionnelle» : « Cela signifie que, malgré des preuves insuffisantes issues d’essais cliniques, l’efficacité de ces médicaments à base de plantes est plausible », explique l'EMA.
Un bonus pour la santé
Cela n'empêche pas les huiles essentielles de faire leur entrée à l'hôpital : une étude iranienne a montré que l'inhalation d'huile essentielle de géranium permettait de réduire l'anxiété des personnes qui ont été victimes d'une crise cardiaque. Une étude japonaise a elle démontré que les massages aux huiles essentielles permettaient de réduire la fatigue des femmes juste après l'accouchement. En revanche, les huiles essentielles se sont révélées moins efficaces dans le soulagement de la douleur des grands brûlés ou des douleurs post-opératoires. « On ne peut pas traiter toutes les pathologies avec des huiles essentielles, explique Serge Michalet. Elles peuvent guérir les maux du quotidien, comme les infections ORL, les rhumes, les syndromes grippaux, le stress ou les troubles digestifs. En revanche, pour les maladies lourdes, les huiles essentielles ne peuvent que limiter les effets indésirables des traitements, par exemple les nausées dues à la chimiothérapie. »
Si les huiles essentielles ne sont pas près de remplacer toute l'armoire à pharmacie « elles aident à moins consommer de médicaments », estime Aude Maillard, docteur en pharmacie et aromatologue. Prises en préventif ou en parallèle avec des médicaments traditionnels, les huiles essentielles sont un bonus pour la santé, à condition de bien savoir les utiliser : « Il faut être prudent : il y a des précautions à prendre et même des contre-indications, rappelle Aude Maillard. En France, on peut trouver des huiles essentielles en supermarché… C'est un vide réglementaire insupportable qui laisse la porte ouverte aux mauvaises utilisations et aux accidents. » Certaines huiles sont à éviter pendant la grossesse et l'allaitement, pour les enfants jusqu'à 3 ans et en cas d'asthme, d'allergies ou d'hyper-tension. Attention enfin aux huiles photo-sensibilisantes, en particulier celles issues d'agrumes, qui ne doivent pas être appliquées avant une exposition au soleil. Mieux vaut donc consulter un pharmacien formé à l'aromathérapie et lire attentivement les précautions d'usage.