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Santé

Les produits de soin sont-ils réellement sains pour les bébés ?

Lingettes, lait nettoyant ou hydratant, liniment, crème pour le change, gel lavant… Autant de soins que l’on souhaiterait irréprochables pour la santé des plus petits. Pourtant, des études récentes ont révélé la présence d’ingrédients à risque dans de nombreux produits utilisés pour la toilette des bébés. S’il est impossible de dresser une « liste blanche » ou une « liste noire »,  un certain nombre de substances sont à éviter et certains produits sont à favoriser.

Hypoallergénique, testé dermatologiquement, composition garantie… Les nombreuses allégations soulignant la qualité des produits bébés ne garantissent pas toujours l’absence totale d’ingrédients chimiques indésirables. Certains scientifiques jugent inquiétant « l’effet cocktail » sur le long terme de toutes ces substances, malgré leurs faibles concentrations. La peau des plus jeunes est particulièrement fragile et exposée, c’est pourquoi il est conseillé de limiter au maximum les cosmétiques. Leur utilisation ne doit pas être systématique.

Trois substances à éviter absolument

L’ONG Women in Europe for a Common Future ( WECF ), un réseau international de 150 organisations féminines travaillant sur la santé et l’environnement, a rendu un rapport alarmant en 2016. Sur 341 cosmétiques bébés, elle a classé 299 produits à « risque élevé », et demandé l’interdiction totale de douze fragrances et de trois ingrédients : le phénoxyethanol, la methylisothiazolinone ( MIT ou MI ) et la methylchloroisothiazolinone ( MCI ). « Nous déconseillons aux parents les produits parfumés et le parfum pour enfant, en général », rappelle Elisabeth Ruffinengo, responsable plaidoyer au WECF France. Quant à l’association de consommateurs, l’UFC-Que Choisir, elle a dernièrement épinglé plus de 1 000 cosmétiques dont 75 produits dédiés aux plus jeunes qui renferment des irritants, des allergènes ou des perturbateurs endocriniens.

Aussi appelé « phénoxytol » ou « EGphe », le phénoxyethanol est un conservateur très courant à fuir. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé ( ANSM ) a publié ses recommandations aux industriels : ne pas en utiliser dans les produits destinés au siège pour les enfants de moins de 3 ans et « restreindre la concentration dans tous les autres types de produits à 0,4 % au lieu de 1 % actuellement ». Des tests ont montré chez les animaux, une toxicité pour la reproduction, ainsi que des effets hépatotoxiques ( nocifs pour le foie ) et hématotoxiques ( pour le sang ). Le WECF a pourtant relevé sa présence dans 54 produits, dont 26 lingettes. L’association UFC-Que Choisir conseille de « l’éviter, en particulier dans les lingettes et autres crèmes pour les fesses irritées ».

D'après l'UFC-Que Choisir, on le retrouve pourtant dans plusieurs produits : dans le « Lavant douceur Bébé Primalba » d’A-Derma, dans le « Baume hydratant apaisant, bonne nuit » de Bébé Cadum, dans la gamme AtopiControl d’Eucerin avec la « Crème visage calmante » et l’ « Emollient Corps Calmant », dans la gamme « Bébé, Nutrition » de Klorane avec la « Crème au cold cream, peaux sèches, très sèches » et le « Gel moussant surgras ». Sur son site Internet, la marque Mustela publie une liste des ingrédients indésirables, volontairement écartés de sa gamme. Elle est similaire à la liste de l’association de consommateurs, à une substance près.

Le MIT et le MCIT sont des conservateurs allergènes qui remplacent les parabens. Responsable d’une véritable épidémie d’irritations cutanées, la MIT a été interdite en France, en 2017, pour les produits sans rinçage. Mais l’UFC-Que Choisir et le WECF recommandent de proscrire également les références de produits à rincer qui en contiennent. « L’évaluation des risques montre que ces substances par contact devrait être interdites », déplore Elisabeth Ruffinengo. Selon l’UFC-Que Choisir, on la retrouverait dans certains produits, notamment dans l’éosine de Biolane (MIT et MCIT), le « Lait de toilette douceur Baby visage et corps sans rinçage » de Byphasse, le « Lait de toilette extra-doux » de Mots d’enfants (marque Repère Leclerc), les « Lingettes débarbouillantes » de Nu Moments Paris, le « Lait de toilette 2 en 1, extrait d’aloe vera bio » de Poupina, le « Gel lavant doux Bébé à la bardane » de Saforelle.

La toilette du siège, petit guide

L’option la plus sûre reste d’utiliser de l’eau et un peu de savon naturel au Ph neutre, sans colorant, ni parfum. Il est préférable de limiter l’usage des lingettes aux seuls déplacements. Cependant, certaines références ne semblent contenir aucune substance indésirable, notamment celles de WaterWipes, Lillydoo, Love & Green ou les « Bébé Cadum Natural ». Vous pouvez aussi fabriquer vos lingettes maison, mais attention au risque de contamination bactérienne, si vous les conservez trop longtemps.

Si vous optez pour le liniment, privilégiez les ingrédients les plus naturels possibles : le plus souvent de l’huile d’olive, avec de l’eau de chaux, ou d’autres huiles végétales. Les marques Tidoo, Les ânes d’autant, Cattier, Alphanova et Natessance, Cooper Babysoin proposent des compositions naturelles. Concernant les crèmes pour le change, « Peaux sensibles » de Corine de Farme et « Calendula » de Weleda, par exemple, semblent exemptes de toute substance indésirable. Le Mitosyl, une célèbre pommade utilisée en cas d’irritation du siège chez le nourrisson, contient du BHA, un antioxydant potentiellement perturbateur endocrinien.

Les produits bio, globalement plus sûrs

Parmi les produits bio, les labels Nature & Progrès, Ecocert ou Cosmebio garantissent 95 % minimum d'ingrédients d'origine naturelle et s'interdisent l'utilisation de substances issues de la pétrochimie. Ils ne contiennent normalement pas de perturbateurs endocriniens. Il existe d’autres labels bio intéressants. Cependant, la présence de substances allergisantes, comme le parfum ou certaines plantes, n’est pas totalement exclue. Enfin, l’usage des huiles essentielles est déconseillé pour les enfants de moins de 3 ans. Parmi les 54 produits vendus en magasin bio, examinés par le WECF, aucun ingrédient problématique n’aurait été retrouvé.

En octobre dernier, un collectif d’associations s’est élevé contre une nouvelle norme internationale (Iso 16128) qui pourrait bientôt autoriser des ingrédients indésirables dans les cosmétiques bio. Initiée par des acteurs industriels de la cosmétique conventionnelle, elle risque de semer la confusion. Un changement qui appelle les consommateurs à davantage de vigilance.

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