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Santé

Les méduses, notre future trousse à pharmacie ?

Alors que les méduses pullulent dans les mers du globe, les chercheurs se penchent sur leurs vertus thérapeutiques.

Elles font le malheur des baigneurs mais pourraient bientôt faire le bonheur des médecins. Les méduses, qui pullulent dans toutes les mers du globe à la faveur du réchauffement des eaux et de la surpêche de leurs prédateurs, ont des potentiels thérapeutiques encore peu explorés : « Les méduses ont déjà donné lieu à deux Prix Nobel et je pense qu'elles seront un des axes de recherche majeurs du 21ème siècle », estime Jacqueline Goy, attachée scientifique à l'Institut océanographique de Monaco et spécialiste des méduses.

Lutter contre le cancer

En 2008, le Prix Nobel de chimie a ainsi récompensé trois chercheurs pour leur étude de la protéine fluorescente verte, issue d'une méduse. Cette protéine pourrait représenter un apport crucial à la lutte contre le cancer : des chercheurs ont ainsi trouvé le moyen de l'utiliser comme un détecteur de cellules cancéreuses. Lorsque celles-ci sont situées à des endroits difficilement observables, l'injection de cellules luminescentes qui réagiraient à la présence de tumeurs pourrait être dix fois plus efficace qu'un simple scanner.

Méduses immortelles

Mais pour certains, les méduses recèlent des trésors encore plus étonnants. Ainsi, elles pourraient détenir le secret de l'immortalité. « Les méduses peuvent inverser leur cycle de vie et redevenir de petits polypes à tout moment de leur existence. En d'autres termes, elles ont la capacité de rajeunir », explique Jacqueline Goy. Cette fontaine de jouvence a bien entendu stimulé les appétits de l'industrie cosmétique : des crèmes à base de collagène de méduse ont vu le jour, mais leur efficacité reste à prouver.

Il n'empêche : les recherches sur ce processus de rajeunissement, qui s'apparente en fait plutôt à un clonage de cellules chez la méduse, en fait rêver plus d'un. Un chercheur japonais, Shin Kubota, spécialiste des méduses, a réussi à faire « renaître » une colonie de méduses dix fois en l'espace de deux ans dans son laboratoire. Percer le secret des méduses ne serait plus qu'une affaire d'années, expliquait-il au New York Times. Mais avant de l'appliquer à l'homme, « il faudrait que le cœur humain soit prêt », notait le scientifique.

Un outil de dépollution

Malgré un génome proche de celui de l'homme, les cnidaires ne vont tout de même pas devenir la panacée. On sait en revanche désormais, grâce à des chercheurs français, que les méduses pourraient nous rendre un grand service dans la dépollution des eaux : les nanoparticules, utilisées massivement en médecine, dans les cosmétiques et même dans l'agroalimentaire, pourraient être filtrées par du mucus de méduse. Philippe Barthélémy, chercheur à l'Inserm, estime que les eaux rejetées par les hôpitaux ou les laboratoires pourraient un jour être débarrassées des nanoparticules potentiellement toxiques grâce aux méduses. « Nous avons un projet pour trouver comment stocker ce mucus afin de l'utiliser à long-terme et nous travaillons aussi à fabriquer un mucus de synthèse », explique le chercheur. Une chose est sûre, les méduses ont de l'avenir.