Le déclin de la pollution de l'air entamé au début des années 2000 se poursuit en France. À Paris, métropole où la qualité de l’air est la plus mauvaise, la présence de particules fines a été divisée par 2 entre 2004 et 2024, a révélé Airparif, l’organisme en charge de la surveillance de la pollution atmosphérique en Ile-de-France, en début d’année.
Cette baisse drastique ne doit pas pour autant faire oublier que les objectifs fixés par l’Union européenne pour 2030 sont encore loin d’être atteints, explique l’association Respire, qui lutte depuis 2011 pour prévenir les risques sanitaires liés à la pollution de l’air.
Un air moins pollué
Dans son communiqué, l’association souligne l’amélioration de la qualité de l’air dans les 6 villes étudiées par ses experts : Paris, Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble, Annecy, Saint-Etienne et Chambéry. "À Clermont-Ferrand, (...) la concentration moyenne annuelle en NO2 dans l’air a été pratiquement divisée par 2 entre 2018 et 2024 (de 25,7 µg/m3 à 13,7 µg/m3 en moyenne sur les 5 stations relevées)", relève-t-elle.
Le rapport explique cette chute brutale par la mise en place de politiques publiques aux échelles européennes, avec l’instauration de la norme EURO, nationales, avec la création des ZFE, ou locale, quand certains centres-villes sont par exemple rendus piétons.
Ces politiques semblent toutefois être de plus en plus mises à mal. Il y a 10 jours, l’Assemblée nationale adoptait le projet de loi de simplification de la vie économique, qui contient notamment un article visant à supprimer les ZFE.
Des objectifs encore hors de portée
Alors que le texte doit encore être débattu au sein d’une commission mixte paritaire, pour tenter de trouver un accord entre la version votée par les sénateurs et celle des députés, cette potentielle suppression risque d’écarter davantage la France de ses objectifs de diminution de la pollution de l’air.
En effet, "la France est encore loin du compte et la bataille pour la qualité de l’air est loin d’être gagnée", rappelle Tony Renucci, directeur général de l’association Respire. En 2024, une nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air a été adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l’UE. Elle rapproche les objectifs des États membres des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, bien plus strictes que ce qui était jusqu’alors préconisé au sein de l’Union européenne.
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L’étude de Respire note que "les dépassements sont généralisés pour la limite journalière de l’OMS (25 µg/m3), avec une régularité préoccupante dans le temps : la quasi-totalité de l’année est passée en dépassement pour les stations à proximité du trafic (quasiment 100 % des jours de l’année à Paris et plus de 80 % des jours de l’année à Lyon en 2024)".
Santé Publique France estime que 40 000 décès prématurés sont chaque année imputables aux particules fines, dont l'inhalation augmente le risque de maladies cardiovasculaires et respiratoires, et 7 000 aux oxydes d’azote, un gaz polluant qui aggrave notamment le risque de mortalité lié au diabète et aux AVC.