L'usage d'un inhalateur est le traitement le plus répandu pour soulager les crises d'asthme.
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Santé

1 asthme sur 10 est dû à des facteurs environnementaux urbains

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Une étude démontre que 11,6 % des cas d’asthme en Europe sont causés par des facteurs environnementaux urbains, comme la pollution de l’air, l’artificialisation et la température ambiante des villes. 

Avec 260 millions de personnes qui en souffrent, l’asthme est la maladie chronique la plus répandue dans le monde. En France, 4 millions de personnes en sont atteintes et cette proportion ne cesse d’augmenter. 

Une étude publiée le 16 mai dans la revue scientifique The Lancet Regional Health – Europe démontre que sa diffusion serait en partie due à l'exposition conjointe à certains facteurs environnementaux, en particulier en milieu urbain

Le manque de verdure, un facteur aggravant 

Si l’importance des facteurs environnementaux dans le déclenchement d’une pathologie comme l’asthme était connue depuis longtemps, l’étude souligne que leur combinaison fait exploser le risque de développer la maladie. 

Elle démontre que respirer un air pollué fait augmenter de 13 % le risque de devenir asthmatique chez l’adulte et de 18 % chez l’enfant. L’artificialisation accrue des villes est aussi un facteur très important, l'absence de verdure au quotidien aggravant le risque de développer de l’asthme de 15 % chez l’adulte et de 38 % chez l’enfant.

Toutefois, c’est une fois combinés que ces facteurs deviennent les plus dangereux. Ainsi, un environnement additionnant pollution de l’air, manque d’espaces verts et forte présence de béton et d’asphalte fait augmenter le risque de tomber malade de 27 % chez l’adulte et de 35 % chez l’enfant

Autre aspect favorisant l’apparition de l’asthme : la température ambiante des villes, qui n'a eu de cesse d’augmenter ces dernières années, alimentée par l’artificialisation à outrance. En effet, les matériaux de construction tels que le béton, le bitume ou la brique n’absorbent pas la chaleur du soleil et créent des îlots de chaleur

Plus de 1 cas sur 10 causé par l’environnement urbain 

En tout, l’étude révèle que 11,6 % des cas d’asthme sont directement causés par l'"exposome urbain", un néologisme créé en 2005 par le médecin Christopher Paul Wild, directeur du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Il définit l’exposome comme "l’ensemble des expositions environnementales au cours de la vie, y compris les facteurs liés au mode de vie, dès la période prénatale". 

Son but était alors de disposer d’un terme complétant celui de "génome", qui décrit l’ensemble de l’information génétique d’un organisme. Selon Wild, les pathologies chroniques s’expliqueraient par une articulation entre le génome et l’exposome

Les résultats de la recherche se révèlent très inquiétants lorsqu’on sait que la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui en ville et que l’Organisation des Nations Unies s’attend à ce que 70 % d’entre elle y soit installée d’ici 2050. 

Basée sur 14 cohortes issues de 7 pays européens, l’étude est également la première à étudier les causes de l’asthme dans tous les groupes d’âge, de la naissance à 70 ans. Si les plus jeunes restent les individus les plus à risque, les adultes ne sont pas non plus exempts de développer tardivement cette pathologie