Dans le cas d'un réchauffement climatique à + 3,5 °C d'ici 2100, 92 % des enfants nés en 2020 souffriront de vagues de chaleur inédites.
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Climat

Les enfants nés en 2020 seront exposés à des vagues de chaleur "sans précédent" tout au long de leur vie

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Une étude parue le 7 mai dans la revue scientifique Nature révèle que la plupart des enfants nés en 2020 vivront des épisodes de chaleur jamais expérimentés auparavant, autant par leur quantité que par leur intensité. 

Ils ne se doutent pas encore de ce qui les attend. À peine âgés de 5 ans, la plupart des enfants nés en 2020 sont déjà destinés à vivre "une vie de chaleurs extrêmes" dévoile une étude parue dans la revue scientifique Nature

Dans le cas d’un scénario dit optimiste, où le réchauffement climatique ne dépasse par les + 1,5 °C, la moitié d’entre eux vivra des vagues de chaleur "sans précédent". Ce chiffre grimpe à 92 % dans le cas d’une augmentation atteignant + 3,5 °C. Un scénario pourtant très probable. 

De fortes inégalités générationnelles 

Baptisée "Apparition mondiale d'une exposition sans précédent aux extrêmes climatiques tout au long de la vie", l’étude souligne les inégalités générationnelles face au changement climatique en comparant l'exposition aux vagues de chaleur de plusieurs cohortes d’enfants nés à une date précise. 

Pour définir le seuil à partir duquel les événements météorologiques peuvent être définis comme "sans précédent", les chercheurs se sont adaptés aux différentes régions du monde et aux différents types de climats. Selon eux, ce seuil est atteint si un événement n’a qu’une chance sur 10 000 de se produire dans un monde sans émissions de gaz à effet de serre. 

À titre d’exemple, à Bruxelles, ce seuil a été fixé à l'expérience de 6 vagues de chaleur extrêmes au cours d’une vie, ces dernières n’arrivant qu’une fois tous les cent ans dans un monde sans réchauffement climatique. 

Ainsi, parmi les enfants nés en 1960, seuls 13 millions d’entre eux, soit 16 %, ont expérimenté ou expérimenteront des vagues de chaleur dépassant ce seuil. Dans le cas des 120 millions d’enfants nés en 2020, ils seront presque 60 millions à le vivre dans un scénario optimiste et 115 millions si la planète se réchauffe à plus de 3,5 °C d’ici 2100. 

La proportion d'enfants exposés aux conséquences du changement climatique augmente considérablement d'une cohorte à l'autre, peu importe le scénario.
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Bien que les Accords de Paris aient fixé l’objectif de réchauffement global à + 1,5 °C, ce seuil a peu de chance d’être respecté. En effet, en 2024, l’année la plus chaude jamais enregistrée, la température moyenne l'a dépassé pour la première fois. 

En France, le gouvernement a retenu le seuil des + 4 °C pour l’élaboration du troisième Plan d’adaptation au changement climatique (PNACC), annoncé pour le début de l’été. 

Des inégalités socio-économiques toujours présentes 

Une méthode similaire a été appliquée par les chercheurs concernant d’autres conséquences du changement climatique. Ainsi, ils estiment que 14 % des enfants nés en 2020 subiront les effets d’une mauvaise récolte dans un scénario à + 1,5 °C. Ce sera 29 % d’entre eux si le réchauffement atteint 3,5 °C d’ici 2100. Les chercheurs concluent à des chiffres semblables pour l’exposition aux inondations. 

Parmi cette cohorte d’âges, l’exposition à ces risques n’est pas équitable selon les populations. L'étude souligne que les "personnes les plus vulnérables sur le plan socio-économique" sont les plus à même de vivre les conséquences extrêmes du changement climatique, exposant ainsi une double inégalité