Déjà assermenté comme Premier ministre depuis mars après la démission de Justin Trudeau, Mark Carney a été confirmé dans ses fonctions lundi, son parti libéral (PLC) ayant remporté 168 sièges au Parlement.
Sa campagne a été alimentée par un esprit de résistance contre les multiples attaques du conservateur Donald Trump par rapport à l’annexion du territoire canadien. Ce dernier a, sans le vouloir, encouragé la victoire du libéral. Pourtant, le parti à la tête du Canada depuis 2015 partait largement perdant pour ces élections face aux conservateurs, au vu des sondages réalisés il y a quatre mois.
Un retournement de situation donc, mené par Mark Carney, un ancien envoyé spécial sur le financement de l’action climatique aux Nations Unies, qui soutient la "finance verte".
Dans un pays qui se réchauffe en moyenne deux fois plus que le reste de la planète, l’objectif visé par les libéraux sur le site internet du parti est de "construire l’économie la plus forte du G7" pour contrer la guerre commerciale que mène Trump contre le Canada. Pour ce faire, Mark Carney maintient la vision d’une croissance économique "propre", débattue dans les partis écologiques.
Pour rappel, en 2021, le Canada s’était engagé à réduire d'ici à 2030 ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 %. Jusqu’à présent, elles n’ont diminué que de 8,5%.
Récompenser plutôt que punir avec l’écologie
Dans le cadre de ses engagements pour la transition écologique, Mark Carney proposait notamment un "plan pour changer la taxe carbone". Cette taxe, instaurée par Justin Trudeau comme l’une des mesures phares de son mandat, a fait beaucoup débat ces dernières années, notamment à cause du coût qu’elle rajoutait à la vie des Canadiens.
Dès son premier jour en tant que premier ministre intérimaire, en mars, Mark Carney avait annulé la taxe carbone, qu’il jugeait "devenue trop divisive", selon une interview accordée au média canadien Le Devoir. Son objectif : la remplacer par une mesure plus incitative, misant sur des "récompenses" pour encourager, par exemple, l’achat de véhicules électriques plutôt que thermiques.
S’inspirer de Trump pour taxer les plus polluants
L’ex-gouverneur de banques centrales souhaite également adopter "un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières" : une sorte de tarif, imposé aux produits à forte empreinte carbone importés depuis les autres pays.
Par exemple, "si un produit arrive d’un état des Etats-Unis où il n’y a aucune tarification sur le carbone, et qu’il rentre dans une province canadienne où il y a un prix sur le carbone, [ce mécanisme] va imposer un tarif sur le produit qui arrive de l’état américain", expliquait le responsable de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal à LeDevoir.
Pour aller plus loin : "Tout savoir sur l'alimentation bio"
Conserver les « richesses naturelles » du pays
Le programme de Carney met en garde contre les menaces étrangères, notamment les ambitions de Donald Trump concernant les ressources canadiennes, et propose un lot important de mesures écologiques pour protéger la souveraineté du Canada sur ses ressources naturelles, parmi lesquels :
-"Favoriser la création d’au moins 10 nouveaux parcs nationaux et aires marines protégées
-Conserver 30 % des terres et des eaux d'ici à 2030
-Protéger davantage l’eau douce [canadienne], qui devient de plus en plus attractive pour les acteurs étrangers et interdire l’inclusion de l’eau douce dans les accords commerciaux
-Lancer le Fonds canadien de protection de la nature pour restaurer les forêts anciennes, préserver les tourbières riches en carbone et revitaliser les eaux côtières.
-Mettre fin au commerce illégal d’espèces sauvages à travers les frontières [du Canada]
-Cartographier les zones écologiquement sensibles du Canada (zones riches en carbone et en biodiversité)
-Rendre l’accès aux parcs nationaux et aux sites historiques gratuit pour cet été"
Pourtant, en parallèle, le site du programme du parti explique également que"l’extraction des minéraux et des métaux, l’exploitation des sources d’énergie propre, le renforcement de la production de pétrole et de gaz et l’amélioration de l’aquaculture" sont "l’épine dorsale" de l’économie canadienne.
Des ressources naturelles "canadiennes" que Mark Carney exploitera davantage, sous couvert que "[ces secteurs] assurent la prospérité aujourd’hui et alimentent les industries, créent des emplois de haute qualité et suscitent l’innovation dans la construction, la fabrication et les technologies propres", selon le site officiel du parti.
Le parti libéral de Mark Carney a loupé la majorité des sièges au Parlement canadien "de peu", selon les informations de La Nouvelle République. Cette situation signifie que le nouveau gouvernement sera contraint de chercher l’appui d’au moins un autre parti pour faire adopter ses lois.