Les "défis" que représentent les difficultés rencontrées par le monde agricole -dérèglement climatique, exigences en matière de transition, tensions économiques- "appellent un soutien fort (...) mais ils ne peuvent justifier des reculs en matière de santé publique", s'alarme le réseau France Eau Publique dans un courrier adressé jeudi aux membres de la commission mixte paritaire en charge de l'examen de ce texte et rendu public vendredi.
Cette commission, qui réunira lundi 14 sénateurs et députés, aura la charge de trouver un texte de compromis, après un rejet tactique du texte visant à contourner un "mur" d'amendements écologistes et insoumis.
Il est primordial d'être aux côtés des agriculteurs pour leur permettre de mieux exercer leur activité. Le texte poursuit donc un objectif que nous partageons mais les réponses apportées ne sont pas acceptables au regard des risques environnementaux et sanitaires qu'il va accentuer.
"En autorisant à nouveau l'usage (dérogatoire des pesticides) néonicotinoïdes, niant leur toxicité et leur persistance dans l'environnement", cette proposition de loi "ouvre la voie à une dégradation des milieux naturels, avec des conséquences lourdes sur les pollinisateurs, les sols, la santé humaine - notamment le développement neurologique des jeunes enfants - et bien sûr les ressources en eau, vecteurs majeurs de diffusion de ces substances", estime France Eau publique, un réseau qui regroupe 123 collectivités et opérateurs publics de l'eau et de l'assainissement.
De réels "risques environnementaux et sanitaires"
Rappelant que près de 12.500 captages d'eau potable ont été fermés depuis 1980, selon un rapport interministériel, les opérateurs publics de l'eau estiment que "plutôt que d'accroître les risques de pollution, il est impératif de renforcer les politiques de prévention".
"Il est primordial d'être aux côtés des agriculteurs pour leur permettre de mieux exercer leur activité. Le texte poursuit donc un objectif que nous partageons mais les réponses apportées ne sont pas acceptables au regard des risques environnementaux et sanitaires qu'il va accentuer", a estimé Christophe Lime, président de France Eau Publique, dans un message à la presse, accompagnant ce courrier.
La réintroduction des néonicotinoïdes "altérera durablement la qualité des ressources en eau, imposant des traitements de potabilisation toujours plus importants et coûteux pour les usagers quels qu'ils soient", a-t-il conclu.
Avec AFP.