Analyses en laboratoire
© Polina Tankilevitch / pexels
Santé

Granville : des bracelets pour sensibiliser aux perturbateurs endocriniens

Article réservé aux abonnés

Tout au long de la dernière semaine de novembre, cinquante Granvillais et Granvillaises porteront des bracelets en silicone pour évaluer leur exposition aux phtalates. Ces perturbateurs endocriniens, présents chez 100 % de la population, sont impliqués dans le développement de diverses pathologies. L'initiative, menée conjointement par le Réseau Environnement Santé (RES) et la communauté de communes de Granville, vise à informer sur les mesures préventives contre les phtalates et à ouvrir la voie vers une sensibilisation plus large sur les perturbateurs endocriniens.

Au moins 800 perturbateurs endocriniens sont suspectés d'avoir des effets nocifs sur la santé. Face à ce constat, pas toujours facile de savoir comment aborder le problème. Le RES, association militante qui entend placer la santé environnementale au cœur des politiques publiques, a une proposition : faire de la sensibilisation aux phtalates un point de départ pour une prise de conscience plus large sur les perturbateurs endocriniens et leurs effets. En ce mois de novembre, la ville de Granville se prête au jeu. Cinquante volontaires évalueront leur exposition à ces molécules pendant une semaine.

Mettre en lumière une pollution que l’on sait déjà présente, partout"- David Feltz, Réseau Environnement Santé

David Feltz, membre du RES le dit et le répète : "cette initiative n’est pas une étude scientifique. Des recherches ont déjà prouvé l'omniprésence des phtalates. Notre objectif est de sensibiliser un échantillon de population pour qu'il prenne conscience de son exposition à cette pollution de manière tangible et pour lui donner les moyens de limiter cette contamination".

Pour ce faire, le RES utilise des bracelets en silicone, similaires à ceux des campings ou des boîtes de nuit. Après un nettoyage en laboratoire, les participants les porteront pendant sept jours. "Le silicone absorbe les polluants", explique David Feltz, "tout au long de la semaine, les bracelets emprisonneront des polluants dans leurs alvéoles". À la fin de l’expérience, ils seront de nouveau envoyés en laboratoire pour évaluer les taux d’exposition aux phtalates de chaque participant.

Pourquoi les phtalates ? 

Bien qu’ils ne représentent qu’une seule des nombreuses familles de perturbateurs endocriniens, la décision du RES de se concentrer sur les phtalates n'est pas anodine. David Feltz argumente : "Les phtalates ne sont pas des polluants persistants. Notre corps parvient à s'en débarrasser quotidiennement. Leur omniprésence chez 100 % de la population résulte d'une exposition continue à diverses sources, principalement les plastiques, les cosmétiques et les aliments ultra-transformés". Malgré ces données préoccupantes, il est donc possible de réduire son exposition aux phtalates en adoptant des gestes simples. Enfin, le choix des phtalates résulte également de leurs implications dans le développement de nombreuses maladies.

Les problèmes de santé environnementale sont toujours multifactoriels.

"Les problèmes de santé environnementale sont toujours multifactoriels et résultent de l’exposition à plusieurs pollutions" nous met en garde David Feltz, avant d’ajouter "nous devons agir sur tous les facteurs, et les perturbateurs endocriniens en font partie". Concernant les phtalates, ces molécules peuvent engendrer des complications au niveau des grossesses avec des "effets immédiats, comme le risque d'accouchement prématuré ou même le risque de mortalité infantile" mais aussi "des manifestations qui surviennent beaucoup plus tard dans la vie (…) comme certains types de cancer". Elles ont également des effets sur la fertilité masculine et pourraient avoir des implications dans le développement de l’endométriose.

On trouve des phtalates dans les sols en PVC, les tupperwares ou les jouets en plastiques.

Les phtalates sont des agents plastifiants principalement utilisés pour rendre les plastiques plus souples et mous. Ils sont présents dans de nombreux objets du quotidien tels que "les sols en PVC, les tupperwares ou les jouets en plastique". Toutefois, ces molécules peuvent s'échapper de leur contenant, notamment sous l'effet de la chaleur, après "un passage au micro-ondes ou un rayon de soleil qui vient réchauffer un sol par exemple". Ces molécules semi-volatiles s’évaporent alors dans l’air avant de retomber sous forme de poussière une fois refroidies.

Malgré leur omniprésence, il est possible de réduire son exposition aux phtalates en adoptant des gestes simples : éviter de chauffer du plastique au micro-ondes, bannir les aliments ultra-transformés, protéger les sols en PVC de la chaleur ou aérer et nettoyer les espaces fermés.

Former des ambassadeurs de la sensibilisation 

Après l’analyse des résultats de l’expérience, les participants pourront se retrouver pour échanger. David Feltz souligne l'importance de travailler en groupe pour mettre en lumière les variations d'exposition en fonction des habitudes de vie. Il raconte que ce n’est pas la première fois que le RES organise ce type d’expérience et se souvient : "il y a d’énormes différences d’exposition entre les personnes testées. Les résultats sont parfois multipliés par 10, 20 ou même 100 selon les participants".

La nouveauté avec l’expérience granvillaise ? "Nous allons travailler avec les personnes les plus exposées de manière plus personnalisée et nous ferons une deuxième mesure pour voir s'ils ont diminué leur exposition" annonce David Feltz. Les participants, au-delà de servir d'instruments de mesure, sont donc appelés à devenir de réels "ambassadeurs" de la sensibilisation qui pourront à leur tour avertir et former sur ces perturbateurs endocriniens. Aussi, le choix des personnes participant à cette expérience n'est pas aléatoire. "Nous ciblons principalement des professionnels de la santé, de la petite enfance et des élus" avance David Feltz, "des acteurs clés pour informer et éduquer sur ces perturbateurs endocriniens".

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #13 : "Sport et écologie : mode d’emploi”. 

Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour faire du sport en étant écolo au quotidien ! 


Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques. 

#TousActeurs

* Offre sans engagement valable pour toute nouvelle souscription d’un abonnement à l’Infodurable. Au-delà du 1er mois, à défaut de résiliation, reconduction tacite de l'abonnement à 6,90€ par mois. Le client peut à tout moment demander la résiliation de son abonnement. Cette résiliation prendra effet le dernier jour de la période d'abonnement en cours.
Pour toute question, vous pouvez contacter notre service client par mail contact@linfodurable.fr.