Plus de 80 experts scientifiques étrillent mardi un rapport de l'administration Trump sur le changement climatique.
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Politique

Plus de 80 experts étrillent un récent rapport climatique de l'administration Trump

Plus de 80 experts scientifiques étrillent mardi un rapport de l'administration Trump sur le changement climatique, dénonçant des failles méthodologiques, des manipulations de faits et des références à des travaux de recherches discrédités.

Publié fin juillet par le ministère de l'Energie du président américain Donald Trump, ce document remet en cause plusieurs consensus scientifiques sur l'augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, la hausse des températures enregistrées aux Etats-Unis ou encore les effets délétères des émissions de CO2.

"Ce rapport est une parodie de science", fustige Andrew Dessler, professeur en sciences de l'atmosphère à l'université Texas A&M, dans un communiqué. Dans un document de plus de 400 pages publié mardi, M. Dessler et plus de 80 autres scientifiques dissèquent la méthode et le contenu de ce rapport d'environ 150 pages dont ils rejettent les conclusions.

A travers leur analyse, ces experts mettent en évidence le recours, par les auteurs mandatés par le gouvernement, à des "tactiques similaires à celles employées par l'industrie du tabac" pour minimiser les effets délétères du tabagisme sur la santé.

Des "interprétations erronées"

Le rapport "repose sur des idées rejetées depuis longtemps, étayées par des interprétations erronées des connaissances scientifiques, des omissions de faits importants (...) et des biais de confirmation", accuse ainsi M. Dessler.

Parmi les points rejetés par ces scientifiques figure l'affirmation selon laquelle une concentration élevée de CO2 dans l'atmosphère serait en réalité bénéfique à l'agriculture.

Si ces émissions polluantes peuvent contribuer à augmenter les rendements agricoles en stimulant la photosynthèse, plusieurs effets du changement climatique comme la hausse des températures et les changements de précipitations ont des effets délétères sur les cultures et contribuent à des pertes plus importantes, expliquent-ils ainsi.

De même, la justification selon laquelle l'acidification des océans ne pose pas un si grand problème car la vie évoluait dans des eaux acides il y a des milliards d'années n'est "pas pertinente", affirment-ils, l'époque citée précédant l'apparition de formes de vie complexe.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a enclenché une marche arrière toute en matière de lutte contre le changement climatique, sortant une nouvelle fois la première puissance mondiale de l'Accord de Paris sur le climat, sapant les agences scientifiques et détricotant de nombreuses mesures environnementales.

Fin juillet, son administration a ouvert la voie à l'annulation d'une décision clé dans la régulation des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis, deuxième émetteur de CO2 dans le monde.

Pour justifier une telle mesure, le ministère américain de l'Energie a publié ce rapport décrié et annoncé qu'il allait réévaluer des études scientifiques de référence sur le climat.

Avec AFP.