La politique énergétique de l'administration Trump est particulièrement scrutée par les investisseurs partout dans le monde.
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Politique

La politique de Donald Trump pousse les investisseurs à ralentir leur soutien à la transition énergétique

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Une enquête révèle que le changement climatique est de moins en moins une priorité pour les investisseurs, avec de fortes disparités selon les régions du monde. Les décisions politiques du président américain sont particulièrement scrutées. 

"Drill, baby, drill !" Ce slogan est devenu le symbole de la politique énergétique à la sauce Donald Trump. Dès sa campagne, le futur 47e président des États-Unis avait annoncé sa volonté de tout miser sur les énergies fossiles, au détriment de la transition énergétique, pourtant bien entamée aux États-Unis. 

Six mois après son investiture, les investisseurs du monde entier affirment observer de très près la politique de Donald Trump lors de leurs choix financiers, dévoile la 5e enquête annuelle du gestionnaire d’actifs néerlandais Robeco sur l’investissement climatique. 

De fortes disparités régionales 

Parmi les 300 investisseurs interrogés, basés principalement en Amérique du Nord, en Europe et en Asie-Pacifique et gérant un total de 31,2 milliards de dollars d’actifs, 59 % d’entre eux déclarent avoir suspendu leurs investissements liés au changement climatique aux États-Unis à cause de l’orientation politique du pays sur le sujet

En conséquence, 62 % des investisseurs d’Asie-Pacifique et 58 % des investisseurs d’Europe envisagent le transfert de certains de leurs capitaux concernant "les solutions climatiques, les entreprises en transition et les énergies renouvelables" hors des États-Unis

Les choix politiques de la nouvelle administration américaine s'illustrent dans les divergences régionales quant à l’importance accordée aux questions climatiques. Environ trois cinquièmes des investisseurs européens (62 %) et d'Asie-Pacifique (59 %) continuent de privilégier les investissements sur le sujet, tandis que seuls 23 % des Nord-Américains considèrent encore le changement climatique comme une priorité. 

Se préparer au pire 

De façon plus marquante, 22 % des investisseurs d’Amérique du Nord disent se préparer au scénario du "hot house world", contre seulement 6 % des Européens et 1 % des interrogés originaires d’Asie-Pacifique. 

Présenté par certains chercheurs comme l’un des nombreux scénarios possibles d’évolution du climat, le "hot house world", littéralement "monde-serre", décrit un avenir dans lequel la température globale de la planète continue d’augmenter, peu importe les actions humaines mises en place pour la maintenir à un certain seuil. 

Ce phénomène serait dû au dépassement de points de non-retour, qui enclencheraient des réactions en chaîne ne dépendant plus des émissions anthropiques. En 2024, les Nord-Américains n’étaient que 12 % à se préparer à un tel avenir. 

Un manque de soutien politique 

De façon plus générale, les investisseurs ont tendance à relever que l’absence de lignes politiques claires constitue l’un des principaux obstacles au financement d’actions à impact positif pour le climat. 

"Nombreux sont (les investisseurs) qui estiment avoir pris des engagements importants pour atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050, mais que les cadres politiques n'ont pas suivi le rythme. Ce déséquilibre perçu crée de l'incertitude et suscite des appels en faveur d'une action plus fiable et mieux coordonnée de la part des décideurs politiques", expliquent les auteurs de l’étude. 

Une fois de plus, de fortes disparités régionales se dessinent. Soutenus par "la législation et les régulations de l’Europe", seuls 25 % des investisseurs du Vieux Continent partagent ce point de vue, contre "41 % des investisseurs d’Asie-Pacifique et 39 % d’Amérique du Nord".