Les élections européennes se déroulent du 6 au 9 juin au sein de l'UE.
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Politique

Elections européennes 2024 : pourquoi ce scrutin est crucial pour l'action climatique ?

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Du 6 au 9 juin prochain, les citoyens et citoyennes des 27 Etats membres de l’UE voteront pour les députés qui siègeront au Parlement européen ces cinq prochaines années. ID vous explique pourquoi cette élection est déterminante pour faire avancer la question climatique. 

 Renouvelé tous les cinq ans lors des élections européennes - qui se jouent en un seul tour et à la proportionnelle, le Parlement européen joue un rôle central pour l’orientation des politiques européennes. Et pour cause. Les 720 eurodéputés qui siègent à Strasbourg ont le pouvoir d’élire la présidence de la Commission européenne - organe législatif qui propose des propositions de lois (règlements et directives) aux colégislateurs, c’est-à-dire le Parlement européen et le Conseil de l’UE - qui réunit les ministres des Etats membres. 

"Les lois sont ensuite débattues au Parlement et en parallèle au Conseil de l’UE. Une négociation s’engage ensuite entre ces deux instances pour trouver un accord sur le texte final, qui doit ensuite être à nouveau approuvé par les parlementaires", détaille Nicolas Berghmans, Responsable Europe, expert Energie-Climat à l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales). 

L'Union européenne : comment ça marche ?

Orienter les politiques nationales 

Par ailleurs, un vote au Parlement européen peut avoir des conséquences sur l’agenda politique national, notamment sur les enjeux écologiques. "En France, 80 % des lois environnementales nationales sont issues du droit communautaire sur l’environnement", souligne Caroline François-Marsal, responsable Europe du Réseau Action Climat (RAC-F).  

Le 18 avril dernier, la réforme du marché carbone (ETS, ou SEQE en français), en place depuis 2005, a par exemple été adoptée par les parlementaires. Ce mécanisme impose aux Etats membres de plafonner les émissions de CO2 des entreprises les plus émettrices présentes sur leurs territoires. "La loi climat européenne, qui fixe l’objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, va aussi bientôt être transposée en droit français dans le cadre de la planification écologique", ajoute la responsable Europe de RAC-F. 

Les négociations au Parlement peuvent également pousser également les Etats membres à aller plus loin sur leurs ambitions environnementales et climatiques, comme on a pu l’observer ces dernières années dans le cadre du Pacte vert. "Sur la directive sur les énergies renouvelables, alors que la Commission européenne avait proposé l’objectif d’atteindre 38 à 40 % d’énergies renouvelables dans le mix de consommation énergétique final européen pour 2030, et que le Conseil défendait un objectif de 40 %, le Parlement européen s’est lui positionné sur un objectif de 45%. La position du Parlement européen a permis d’aboutir à un entredeux : 42,5 %", relève le Réseau Action Climat France, dans un bilan sur la politique environnementale européenne, publié le 9 avril dernier. 

L'environnement sur la sellette ?

Ces avancés sont toutefois aujourd’hui menacées par la percée des extrêmes et de la droite conservatrice. Hostiles au Pacte vert, ces forces politiques, pourraient bien faire reculer l’action climatique si elles gagnaient des sièges dans l'hémicycle à l'issue du prochain scrutin. Un scénario que redoutent plusieurs associations.

Dans une lettre ouverte, publié le 13 mai dernier, une dizaine d’ONG, tels que Les Amis de la Terre, BirdLife, Greenpeace, La Ligue de protection des oiseaux (LPO) et le WWF, écrivent :

Nous sommes horrifiés du fait que tant de politiciens en Europe menacent les bases de notre vie sur cette planète pour fournir de fausses solutions aux difficultés des agriculteurs tout en ne faisant rien pour répondre à leurs plaintes concernant les pratiques abusives dans les chaînes d’approvisionnement ou à la concurrence déloyale, et aux importations à bas prix dans le cadre des accords commerciaux.” 

En conclusion, à quelques jours des élections européennes, l’avenir des politiques environnementales et climatiques reste très incertain. "De nouvelles priorités sont aujourd’hui érigées, comme la défense, la sécurité, ou encore la compétitivité de l’économie européenne, avec le risque de voir occulter certains sujets environnementaux, à commencer par ceux liées à la transition agricole", note Nicolas Berghmans, Responsable Europe, expert Energie-Climat à l’Iddri. 

L’enjeu de l'abstention

Publié le 17 avril, le dernier Eurobaromètre, qui suit les intentions de vote des Européens, témoigne de ce changement de paradigme. D’après ce sondage, de nouveaux enjeux arrivent en tête des préoccupations des électeurs, par rapport à 2019. En haut du classement : la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (33 %) et la santé publique (32 %). A la troisième et quatrième place, on retrouve respectivement le soutien à l’économie, et la défense et la sécurité de l’UE (31%) - placé en dixième position il y a cinq ans. La lutte contre le changement climatique figure, quant à elle, au cinquième rang, mais demeure en première position auprès des jeunes de 15 à 24 ans (33 %). 

Se rendront-ils pour autant aux urnes ? Une enquête, réalisée par Ipsos du 1er au 6 mars 2024 pour la Fondation Jean-Jaurès, le Cevipof, Le Monde et l’Institut Montaigne auprès de 11 770 personnes inscrites sur les listes électorales, se montre plutôt pessimiste en révélant que "seuls 30 %" des jeunes français, âgés de 18 à 24 ans, sont certains de voter, contre 44 % en moyenne. Un taux de participation à la baisse par rapport au précédent scrutin.  

En 2019, 62 % des jeunes ne s’étaient pas déplacés, selon les données de l’enquête réalisée par Kantar Public auprès d’un échantillon de 27 901 personnes, représentatif de la population de l’Union européenne en âge de voter. Principales raisons évoquées : le désintérêt pour la politique et le manque de connaissances sur les institutions européennes...

Cet article est extrait de notre dossier spécial : "Européennes 2024 : un rendez-vous pour l'écologie et le climat ?". A découvrir ici !

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