Assemblée nationale.
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Politique

Ecologie : ce que défendront les trois blocs dans une future Assemblée

Motorisation des voitures, nucléaire, pesticides... les trois blocs en lice au second tour des élections législatives portent des visions peu compatibles entre elles concernant les questions d'énergie et d'environnement.

Le Rassemblement national est le seul camp à espérer encore une majorité absolue dimanche prochain, ce qui faciliterait l'application de son programme. Selon les sondeurs, le bloc macroniste ou le Nouveau Front populaire auraient en revanche à composer dans une éventuelle grande coalition, empêchant l'application complète de leurs programmes initiaux.

Voitures électriques

Le Rassemblement national promet de renoncer à l'interdiction européenne "de la vente des voitures à moteur thermique à l'horizon 2035 et d'inciter les constructeurs français à développer des véhicules propres abordables", sans précision. Il promet de baisser la TVA sur les produits énergétiques, mais c'est théoriquement contraire aux règles européennes pour les carburants.

Le parti d'extrême droite veut aussi supprimer les Zones à faibles émissions (ZFE), qui restreignent dans certaines métropoles la circulation des véhicules les plus polluants pour lutter contre la pollution de l'air.

Le Nouveau Front populaire (NFP) milite pour le développement de "transports publics et écologiques" avec par exemple une baisse de la TVA sur les transports en commun ou la réouverture de petites lignes de train.

Quant à l'ex-majorité, elle voulait proposer d'augmenter à 100 000 par an le nombre de véhicules électriques en leasing social, un programme créé récemment.

Nucléaire/Renouvelables

Pour répondre à la hausse des besoins électriques et de décarbonation, le camp présidentiel a lancé un programme de 14 nouveaux réacteurs nucléaires, dont le premier est attendu en 2035-37.

Le RN assure qu'il pourra faire construire dix réacteurs en 2033-37 puis dix en 2037-42, alors que l'industrie, convalescente, se dit incapable de tenir ce rythme. Il prévoit un moratoire sur les projets éoliens. Jordan Bardella a parlé de "reconstruire des filières photovoltaïques" françaises, mais "il n'y a pas d'urgence à faire du solaire", a aussi dit Jean-Philippe Tanguy, présenté comme le "monsieur économie" du RN.

Dans une éventuelle coalition, la gauche ne serait pas unie sur le nucléaire, la France insoumise et les Écologistes y étant opposés tandis que socialistes et communistes sont pour. Le NFP pousserait pour encourager les énergies marines (éolien et hydroliennes) et la filière solaire française.

Rénovation thermique des logements

Le RN veut "abroger toutes les interdictions et obligations liées aux diagnostic de performance énergétique (DPE)", qui contraignent notamment la vente, la location ou les travaux.

A la place, il promet "un accompagnement pragmatique des rénovations en lien avec les professionnels", sans plus de détails sur cette question, cruciale pour les objectifs climatiques de la France (les bâtiments représentent près d'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre du pays).

Dans le camp d'Emmanuel Macron, qui a créé le dispositif MaPrimeRénov', on annonçait un nouveau "fonds de rénovation énergétique des logements des classes moyennes et populaires" qui aurait été "financé par une taxe sur les rachats d'actions".

Du côté du NFP, l'objectif est d'assurer "l'isolation complète des logements, en renforçant les aides pour tous les ménages et garantissant leur prise en charge complète pour les ménages modestes".

Pesticides

La politique française actuelle est de réduire l'usage de pesticides de moitié d'ici 2030 selon un plan appelé Ecophyto et refondu au printemps par l'ex-majorité, avec force critiques des associations écologistes sur le mode de calcul.

La gauche militera pour "rétablir le plan Ecophyto" d'avant la réforme et "interdire le glyphosate", ainsi que "les néonicotinoïdes", ce qui est le cas en France, mais de manière réversible pour certaines substances, non interdites au niveau européen.

Le Nouveau Front populaire réclame aussi un moratoire sur "les méga-bassines" alors que la loi d'orientation agricole, dont l'examen a été suspendu par la dissolution, prévoyait d'accélérer la création de ces retenues d'eau à vocation agricole.

Le RN, dénonçant "l'écologie punitive", ne dit rien sur la question des pesticides, signe de la volte-face du parti : alors que Marine Le Pen a longtemps fustigé le lobby de l'agrochimie et réclamait autrefois l'interdiction des néonicotinoïdes, le RN dénonce désormais les normes environnementales et plaidait en février pour l'arrêt total du plan Ecophyto.

Pour aller plus loin : "Tout savoir sur l'alimentation bio"

Avec AFP.