L'avant-projet de loi relatif à la souveraineté énergétique prévoit la création de nouveaux EPR.
© Kilian Karger/Unsplash
Environnement

Nucléaire : que faire des déchets actuels et futurs ?

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Avec la relance du nucléaire se pose l’épineuse question du traitement des déchets radioactifs, notamment les plus dangereux. En France, plus d’un million de mètres cubes sont aujourd’hui stockés dans des centres hautement surveillés. Mais pour combien de temps ? Est-ce une solution viable à long terme ? Eléments de réponse.  

Un débat "atomique" en perspective ? Attendue depuis plus de six mois, la première version du projet de loi relatif à la souveraineté énergétique - qui vise à établir la stratégie française pour l’énergie et le climat, doit être présentée en Conseil des ministres ces prochaines semaines, avant un passage devant les parlementaires. Dévoilée le 8 janvier dernier, cette première mouture fait déjà l’objet de vives critiques, notamment du côté des Ecologistes. Certaines voix s’élèvent pour dénoncer l’absence d’objectifs chiffrés en matière d’énergies renouvelables (ENR) mais surtout la part belle faite au nucléaire.  

Sur ce terrain, le gouvernement ambitionne de construire six nouveaux EPR d’ici à 2026 puis huit autres avant 2050. Une relance qui pourrait faire grimper le volume de déchets radioactifs produits - alors qu’ils sont déjà très nombreux. En 2023, l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) en recensait 1,76 million de mètres cubes en France. Pourquoi et comment les traiter ? Est-ce vraiment possible de s'en débarrasser ? ID fait le point. 

Qu’est-ce qu’un déchet radioactif ?  

Selon la définition du Code de l’environnement, les déchets radioactifs sont des "substances radioactives pour lesquelles aucune utilisation ultérieure n’est prévue ou envisagée, ou qui ont été requalifiées comme tels par l’autorité administrative en application de l’article L.542-13-2." 
Si les secteurs de la santé, de la défense et de la recherche produisent eux aussi des déchets, l’industrie électronucléaire reste la principale source de déchets radioactifs (environ 60,1 %). 

Pourquoi ces déchets posent-ils problème ?  

Une exposition à la radioactivité, naturelle comme artificielle, peut avoir plusieurs conséquences sur la santé : brûlures cutanées, cancers, voire même la mort, selon la dose et le type d’exposition. "Une irradiation externe à très forte dose de tout l’organisme, même brève, peut être mortelle car elle détruit un grand nombre de cellules", indique l’Andra, avant d’ajouter : "une contamination interne peut se révéler mortelle si elle touche des organes vitaux (coeur, foie, poumon...)."

Par ailleurs, si la radioactivité décroît dans le temps, certains déchets peuvent avoir une durée de vie très longue ce qui impose de s’en protéger pendant plusieurs milliers, voire centaine de milliers d’années, selon leur nature. 

Le saviez-vous ?  

La radioactivité est partout, y compris dans notre corps. Il s’agit d’un phénomène naturel qui existe depuis l’origine de l’Univers. Découverte en 1896 par le physicien français Henri Becquerel, la radioactivité peut aussi être recréée de manière artificielle. 

Sont-ils tous dangereux ? 

Afin de déterminer leur niveau de dangerosité, l’Andra classe les déchets radioactifs en cinq catégories. On retrouve ainsi les TFA (déchets de très faible activité dont le niveau est proche de la radioactivité naturelle). Ils proviennent principalement de l’exploitation et du démantèlement d’installations nucléaires, et sont constitués notamment de gravats (bétons, plâtres) et ferrailles. Ensuite, les FMA-VC (déchets de faible et moyenne activité à vie courte) issus de la maintenance et du fonctionnement d’installations nucléaires (vêtements, outils...) ; les FA-VL (déchets de faible activité à vie longue) issus d’activités anciennes (réveils, montres...) ; les MA-VL (déchets de moyenne activité à vie longue) produits par l’industrie électronucléaire ; et enfin les fameux HA (déchets de haute activité) issus du retraitement des combustibles utilisés dans les centrales nucléaires, et qui peuvent rester radioactifs pendant des centaines de milliers d’années. 

Aujourd’hui, selon l’Andra, les déchets à vie courte représentent plus de 90 % du volume total des déchets radioactifs mais seulement 0,03 % de la radioactivité totale, tandis que les déchets à vie longue représentent 10 % du volume total pour 99,9 % de la radioactivité totale. 

Où sont-ils stockés ? 

Après avoir été immergés dans l’océan pendant plusieurs années, notamment après la Seconde Guerre mondiale, les déchets radioactifs sont aujourd’hui stockés en surface dans différents centres : dans l’Aube (Soulaines et Morvilliers), le Gard (Marcoule) et la Manche (La Hague). Les déchets à vie courte de très faible activité, et de faible et moyenne activité, peuvent être entreposés dans des installations comme des puits de béton qui sont surveillés. 

Ceux à très haute activité doivent être vitrifiés puis refroidis dans des piscines pendant plusieurs années, avant d’être stockés. En France, dans l’usine d’Orano à La Hague, les combustibles nucléaires usés sont aussi retraités afin d’être réutilisés. Toutefois, cette opération n’est possible qu’une seule fois.  

Comment mieux les gérer ? 

Afin de trouver une solution de stockage satisfaisante, c’est-à-dire sûre à long terme, plusieurs travaux de recherches sont actuellement menés. Le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) mise par exemple sur la transmutation qui consiste à transformer des déchets radioactifs de longue durée en des déchets radioactifs de courte durée. Si cette alternative permet de réduire la nocivité des déchets, elle ne règle pas la question de leur production. 

Autre piste : le stockage en couche géologique profonde retenu à l’international comme "solution de référence", y compris en France.

A partir de 2035, 100 000 mètres cubes de déchets radioactifs doivent être enfouis à 500 mètres de profondeur à Bure (Meuse).

Inspiré du site d’enfouissement "Onkalo", situé en Finlande, le projet Cigéo doit permettre d’isoler les déchets les plus dangereux sur une durée de 100 000 ans. Un tel choix soulève toutefois de nombreuses questions, notamment en termes de sûreté. Certains s’interrogent aussi sur la transmission aux générations futures. Seront-elles au courant que des déchets dangereux sont enterrés sous leurs pieds ? Comment garantir une continuité d’informations ? A l’heure où les modes de communication évoluent à toute vitesse, comment s’assurer que les messages laissés soient encore intelligibles ? 

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