Après une campagne de premier tour dont l'environnement et le climat ont été quasi absents, le président sortant a joué dans l'entre deux tours la carte écolo. Véritable engagement ou "simplement une façon d'aller chercher les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ?", s'interroge le militant et réalisateur Cyril Dion, pas rassuré. "Il n'a pas vraiment tenu parole jusqu'à maintenant sur les engagements qu'il avait pris", déclare à l'AFP l'ancien garant de la Convention citoyenne pour le climat. "On a évité le pire" avec Marine Le Pen qui laissait craindre une "grosse marche arrière" sur le climat, estime de son côté le patron de Greenpeace France, Jean-François Julliard. Mais "le bilan d'Emmanuel Macron plaide contre lui".
Réduire les émissions
Un des défis majeurs du nouveau quinquennat sera de mettre la France sur une trajectoire permettant d'atteindre l'objectif de réduction des émissions de 40 % d'ici à 2030 par rapport à 1990.
Le Conseil d'Etat a été clair, la France n'en fait pas assez. Il avait donné neuf mois à l'Etat pour agir, et après l'expiration du délai fin mars, il devrait se prononcer à nouveau sur ce dossier dans les prochains mois.
Je veux aller deux fois plus vite dans le quinquennat qui vient."
"Je veux aller deux fois plus vite dans le quinquennat qui vient", a toutefois assuré Emmanuel Macron, annonçant son intention de charger le Premier ministre d'une "planification" écologique, concept cher à Jean-Luc Mélenchon.
Pour prouver cette ambition, il faut des actes, plaident les militants écologistes. Relever l'ambition de réduction des émissions, avec "un plan qui détaille de façon extrêmement précise le moyen d'y arriver serait déjà un bon pas", suggère Cyril Dion. Mais pour ce nouveau quinquennat, entre "inaction" et risque de "convulsion sociale", "la ligne de crête est étroite", notait récemment Thierry Pech, du centre de réflexion Terra Nova, soulignant la nécessité de concilier "impératifs écologiques" et "difficultés matérielles des ménages".
Energie
Grâce à la planification, Emmanuel Macron espère "réaliser un effort sans précédent de sobriété, pour baisser de 40 % notre consommation d'ici 2050". Son programme s'appuie largement sur le nucléaire pour décarboner la production d'électricité, avec la construction de 6 à 14 réacteurs de nouvelle génération (EPR). Il promet également l'implantation de 50 parcs éoliens en mer d'ici à 2050 et de décupler la puissance solaire. Des "objectifs insuffisants" pour les renouvelables, selon le Réseau Action Climat (RAC), pour qui les nouvelles centrales nucléaires arriveront "trop tard" pour réduire les émissions.
Transports, agriculture, logement...
Au-delà de l'énergie, la baisse drastique des émissions passe forcément par une transformation de tous les secteurs, comme l'a souligné le récent rapport des experts climat de l'ONU (Giec).
Le programme d'Emmanuel Macron évoque notamment la rénovation énergétique de 700 000 logements par an, un renforcement des infrastructures cyclables, une offre de location de véhicules électriques et hybrides à moins de 100 euros par mois, et une "3e révolution agricole". Un programme agricole "très inquiétant", "focalisé sur les innovations technologiques" et non la transition vers une agriculture respectant l'environnement, juge Anne Bringault, du RAC. Des voitures propres en "leasing", c'est en revanche "plutôt une bonne mesure", indique-t-elle à l'AFP , regrettant toutefois que la France "freine" le plan de la Commission européenne de mettre fin aux ventes de voitures thermiques d'ici à 2035.
Pollution
Alors que la limitation des voitures essence et diesel serait bénéfique aussi pour la santé publique, la pollution de l'air responsable de 40 000 morts prématurées par an en France est aussi sur la table. Le Conseil d'Etat a condamné en août dernier l'Etat à payer 10 millions d'euros pour n'avoir pas renforcé suffisamment son dispositif.
Ce sujet a été largement absent de la campagne, comme les autres pollutions ou encore le déclin de la biodiversité. Emmanuel Macron s'est bien engagé à planter 140 millions d'arbres d'ici à 2030. Mais Greenpeace est tout aussi "pessimiste" sur ses engagements envers la nature qu'envers le climat.
"Pour l'instant on n'a rien qui nous prouve qu'Emmanuel Macron numéro 2 va être meilleur qu'Emmanuel Macron numéro un", souligne Jean-François Julliard. "On jugera sur pièce".
Avec AFP.
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