Emmanuel Macron et Marine Le Pen, débat de l'entre-deux-tours de la campagne présidentielle.
©LUDOVIC MARIN/AFP
Politique

Débat de l'entre-deux-tours : une écologie en trompe-l’œil

Si les questions climatiques étaient à la peine pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle, les deux candidats qualifiés ont finalement changé leur fusil d'épaule pour s'emparer timidement de ces sujets durant cet entre-deux-tours. Rendez-vous manqué malgré tout lors du débat de ce 20 avril pour les deux candidats, qui ont finalement réduit la question environnementale à celle de l’énergie.

"Notre France sera plus forte si elle sait se saisir de la question écologique", déclarait Emmanuel Macron dès les premières minutes du débat de l'entre-deux-tours. Une chose à laquelle n'est parvenu aucun des deux candidats ce mercredi soir. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont opposés devant plus de 15 millions de téléspectateurs sur de nombreuses thématiques, des questions de sécurité à la crise démocratique que traverse la France, avec malgré tout un détour par le sujet de la transition écologique. Celui-ci bien qu’absent des débats lors du premier tour, a fini par refaire surface cette dernière semaine, notamment à l'occasion du meeting du président sortant à Marseille le 16 avril dernier, tentant d'incarner le candidat de l’écologie.

Si l’objectif de ce rendez-vous crucial était de confronter les projets des deux candidats sur différentes thématiques chères aux électeurs, les échanges se sont avérés assez pauvres en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Le rendez-vous manqué de l’écologie

Bien que la thématique de l’environnement ait été abordée aussi longuement que les autres, les auditeurs sont quelque peu restés sur leur faim. Les candidats ont débattu sur le sujet durant un peu moins de 20 minutes, autant de temps que pour la question des retraites ou du pouvoir d’achat, sans pour autant apporter de réponses concrètes à l’enjeu de la crise climatique, pourtant largement préoccupante pour les Français. 80 % d’entre eux se disent "inquiets au sujet de la protection de l’environnement et du changement climatique", selon un sondage Ipsos Sopra Steria réalisé pour Franceinfo en mars 2022.

C'est une grande attente à laquelle l'on a consacré moins de 20 minutes en intervenant davantage sur le nucléaire que sur la question de l'écologie en elle-même."

"Un rendez-vous manqué", selon le politologue Dorian Dreuil, qui estime que la question aurait  pu être abordée plus longuement et répondre davantage aux préoccupations des électeurs. "C'est une grande attente à laquelle l'on a consacré moins de 20 minutes en intervenant davantage sur le nucléaire que sur la question de l'écologie et de l'environnement en elle-même". 

En effet, c’est finalement la question de la dépendance et des besoins énergétiques qui s’est imposé, réduisant la lutte contre le réchauffement climatique au secteur de l’énergie. Nucléaire, éolien, solaire et véhicules électriques ont largement été évoqués, laissant de côté la biodiversité ou encore l’agriculture, sujets pourtant tout aussi cruciaux pour répondre à la crise climatique.

Un dispositif avec ses limites

Un manquement qui pourrait aussi être lié au dispositif de la soirée, suppose Dorian Dreuil. "On aurait pu imaginer des thématiques imposées par la Rédaction, permettant aux candidats d'intervenir plus tôt et plus longuement sur l'environnement". En effet, Léa Salamé et Gilles Bouleau, désignés pour animer les échanges, s'en sont tenus à la maîtrise de ceux-ci et leur rôle de "gardiens du temps". Outre l'absence de relance de la part des journalistes, la diversité des thèmes abordés - une dizaine au total - a rendu complexe l'approfondissement des sujets abordés.

Une "climatosceptique" face à un "climato-hypocrite"

Enfin, ce temps d'échanges s’est avéré être un point de confrontation entre les deux camps, défendant chacun une vision contraire des questions environnementales. Le président sortant mise par exemple sur une écologie capable de créer de l’emploi et de développer la croissance économique et industrielle de la France. Quant à la présidente du Rassemblement National (RN), elle opte plutôt pour un "patriotisme économique" au cœur de son projet environnemental, désirant relocaliser la production agricole.  

Deux visions qui témoignent aussi de stratégies électorales différentes, analyse Dorian Dreuil. Pour le politologue, Emmanuel Macron a opté pour une position "pragmatique électorale", en ramenant l’écologie dans la campagne présidentielle, espérant ainsi séduire l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, sensible à ces questions. Marine Le Pen a, elle, choisit de centrer son programme écologiste autour du "localisme" et de la "relocalisation", se faisant porte-parole des intérêts des agriculteurs et industriels qui souffriraient du modèle économique actuel, fondé sur le libre-échange. Une perspective "révélatrice de sa vision de la politique internationale puisque la présidente du RN n’entend pas se laisser dicter sa conduite par des acteurs extérieurs comme l’Union européenne".

Une opposition frontale qui se perçoit aussi à travers les attaques lancées par chaque candidat à son adversaire. On retiendra parmi les temps forts de la soirée le terme "climato-hypocrite" de Marine Le Pen, en réponse à celui de "climatosceptique" dont l’avait affublé précédemment Emmanuel Macron. Le président attaquait ainsi le programme "intenable" et "incohérent" de sa concurrente, tandis que Marine Le Pen l’accusait de faire de "l’écologie punitive" envers les revenus modestes.  

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