Les candidats aux élections européennes lors du débat organisé par France 2 le 4 juin 2024.
©STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
L'Edito de Valère Corréard

Climat : la manipulation des 1% de la France

Dans son édito, Valère Corréard revient sur un argument régulièrement utilisé dans les campagnes électorales : la France ne serait responsable que d'1 % des gaz à effet de serre dans le monde. Une manipulation pour le Directeur de la rédaction d'ID.

Cela devient une habitude, brandir ce chiffre pour expliquer que l'écologie ça suffit et que la France fait largement sa part compte tenu de notre responsabilité à l'échelle mondiale : 1 % des gaz à effet de serre, c'est peu. Ce chiffre est de facto inexact et le brandir pour remettre en cause le Pacte Vert de l'Union Européenne est non seulement une manipulation de la réalité, mais aussi dangereux dans un contexte où chaque élection creuse un peu plus le fossé entre électeurs désabusés et politiques, avec pour conséquence une montée des extrêmes.

"La France représente 1 % des gaz à effet de serre" a plusieurs fois déclaré Madame Marion Maréchal pendant cette campagne, un argument porté par Eric Zemmour en 2022 pour les présidentielles et avant lui Brice Hortefeux. Il est vrai que nous sommes loin de la Chine et ses 29 % ou les Etats-Unis et leurs 14 %. Des chiffres issus des données communiquées par le Global Carbon Project qu'il faut pour autant analyser comme une donnée à l'instant T, partielle.

Si un vote compte pour le climat, c'est celui du 9 juin prochain

Ces données sont celles émises sur notre territoire, ce qui signifie qu'elles ne tiennent pas compte des émissions importées, c'est-à-dire les émissions liées aux produits et services que nous consommons ici en France mais qui sont comptées là-bas en Chine, ou ailleurs. Ainsi, la Chine exporte beaucoup, et nous importons beaucoup sans que cela soit pris en compte dans ces 1 % avancés, sans quoi nous serions probablement sensiblement au-dessus.

Et il y a notre poids dans la situation actuelle, nous sommes le 8ème plus gros pollueur de l'histoire. Ne regarder que l'instant T est donc réducteur et ne peut pas être avancé comme un argument en soi en particulier dans le cadre des élections européennes. Car, enfin, nous restons un pays qui pèse dans les choix politiques de l'UE qui représente 6,67 % des émissions mondiales, donc autant dire que si un vote compte pour le climat, c'est celui du 9 juin prochain.