Jordan Bardella et Gabriel Attal avant le débat du jeudi 23 mai 2024 dans le cadre des européennes
©THOMAS SAMSON/POOL/AFP
L'Edito de Valère Corréard

Débat Attal/Bardella : la rupture écologique

Dans son édito, Valère Corréard, directeur de la rédaction d'ID, revient sur le débat télévisé qui a opposé la tête de liste du Rassemblement National, Jordan Bardella, au Premier Ministre Gabriel Attal. Les deux opposants ont pu marquer leurs différences sur le sujet de l'écologie parmi d'autres.

Une heure et quart de débat entre les deux responsables politiques a donc eu lieu ce jeudi 23 mai sur France 2. Si pour certains cette rencontre a marqué le "vrai" début de cette drôle de campagne européenne, il y a une certitude, ce fut un temps fort entre un RN qui caracole en tête des sondages, et un parti présidentiel qui est au pouvoir.

Premier sujet proposé par la journaliste Caroline Roux, l'économie. Première occasion de parler de transition et de climat. Patriotisme pour l'un, énergie, réindustrialisation et emploi pour le Premier Ministre. Finalement les voitures électriques se sont invitées dans le débat , mais au titre de la souveraineté industrielle. Le nucléaire aussi et cette "chance pour la France d'avoir le nucléaire" pour Gabriel Attal.

Le défi climatique est un des grands défis de notre génération."

Puis le pacte vert fut enfin évoqué, "une série de mesures pour rendre l'Europe neutre en émission de CO2 en 2050"...avec cette question centrale face à certains reculs liés à la crise agricole : l'Europe doit-elle renoncer à être au coeur du combat écologique ? Pour le Premier Ministre, l'Europe doit être à la pointe de ce combat, et elle le serait, évoquant un enjeu "existentiel". La tête de liste du RN fait le même constat : "le défi climatique est un des grands défis de notre génération", mais les ambitions environnementales seraient irréalistes...Point de discussion : la fin annoncée des ventes de véhicules neufs en 2035. Un coup de massue pour les classes populaires d'après Monsieur Bardella, quand son opposant y voit une mesure indispensables pour la transition écologique sur fond de démocratisation de l'électrification des véhicules en France.

Monsieur Bardella s'est évertué à opposer fin du monde et fin du mois."

On peut regretter que les opposants se soient appesantis sur ce point précis au détriment de grands thèmes sur lesquels l'UE joue un rôle majeur (taxonomie, énergie, biodiversité...), mais ce débat a été une bonne occasion de constater les différences de vision écologique entre les deux mouvements. Ce n'est pas un scoop. 

Ce débat n'a certes pas donné une place centrale à l'écologie, mais on peut lui reconnaitre de nous avoir donné un point de comparaison à ciel ouvert.

Si le RN a fait de l'écologie un sujet mieux pris en compte dans son discours, c'est pour une doctrine qui n'a manifestement ni vision, ni ambition. Pire, aucune proposition concrète et originale n'a été évoquée par Monsieur Bardella qui s'est évertué à opposer fin du monde et fin du mois sans jamais rien annoncer, ni proposer. Il faudrait juste une transition plus lente, beaucoup plus lente, en dépit de l'urgence écologique. Dont acte.