"Welcome back !". Emmanuel Macron a salué samedi en anglais le retour annoncé des Etats-Unis, avec l'arrivée au pouvoir de Joe Biden, dans l'accord de Paris sur le climat conclu il y a cinq ans et pour lequel "l'action doit être immédiate". "Welcome back, welcome home !" (content de vous revoir à la maison !), a lancé le président français "à nos amis américains", dans son intervention devant le "sommet ambition climat" organisé de manière virtuelle par l'ONU, la France et la Grande-Bretagne. "Nous avons continué à avancer, à œuvrer malgré le choix américain", a-t-il dit en référence au retrait des Etats-Unis décidé par Donald Trump, et "nous avons tenu".
Aux rennes du sommet ambition climat, Macron vante ses "mesures très fortes"
La veille du sommet, les 27 pays de l'UE se sont entendus vendredi pour réduire davantage leurs émissions de gaz à effet de serre sur les dix prochaines années. Le chef de l'Etat français a cependant souligné les difficultés qui restent à surmonter pour répondre aux objectifs de cet accord conclu il y a cinq ans jour pour jour : "Nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous et l'action doit être immédiate, nous le savons". Emmanuel Macron a notamment insisté sur la nécessité de "nous donner une trajectoire et des moyens crédibles pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050". Il a également estimé qu'il fallait "placer la lutte contre les inégalités au cœur de notre logiciel d'action" et faire que la transition écologique soit aussi une "transition sociale".
Macron a souligné les "mesures très fortes" pour l'environnement prises dans le cadre du plan de relance pour surmonter la crise liée au Covid-19, notamment en faveur de la rénovation thermique et du renouvellement du parc automobile. Il a ajouté l'arrivée "dans les prochaines semaines" d'une loi issue de la Convention citoyenne sur le climat (CCC), pour promouvoir des "solutions très concrètes". Emmanuel Macron qui a, juste avant cette intervention, organisé avec plusieurs ministres une réunion sur la finance et le climat, a appelé à "réorganiser massivement les flux financiers publics et privés pour les réaligner sur les objectifs de l'accord de Paris".
Les Français ne sont pas du même avis
En juillet dernier, les scientifiques du Haut conseil pour le climat (HCC), chargé d'évaluer la politique du gouvernement, avaient déploré une réduction des émissions de gaz à effet de serre "trop lente et insuffisante" par rapport aux objectifs. Côté associatif, le Réseau action climat a estimé dans un communiqué que M. Macron "a(vait) loué les progrès de l'action climatique depuis l'adoption de l'accord de Paris" mais "éludé une réalité bien moins glorieuse : tant en matière d'action nationale qu'internationale, la France n'honore pas l'héritage de la COP21" de 2015. "Cinq ans après l'élan de la COP21, la France se présente à ce nouveau sommet sans résultats probants sur son propre bilan", a commenté de son côté Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
À gauche, on a estimé que le bilan climatique présidentiel fait du "surplace" voire régresse. "Qu'est-ce que ce gouvernement fait depuis trois ans qu'il est au pouvoir ? Rien", a accusé le patron du parti communiste Fabien Roussel, sur France Inter. "Ce président est celui qui a développé les cars Macron alors qu'il fallait développer le train et le fret", a-t-il cité en exemple, jugeant que "ce n'est pas parce qu'on repeint la façade en vert que derrière il y a une politique en faveur du climat". Le maire EELV de Grenoble Eric Piolle a lui aussi estimé que "la France fait du surplace" alors "qu'il y a de l'énergie dans la société" en faveur de la transition écologique. "Il faut un déclic pour que la France soit à la hauteur", a-t-il ajouté sur TF1. Du côté de LFI, Adrien Quatennens a déploré sur Twitter qu'"avec Macron, la France ne respecte pas les engagements de la COP21". "Un décret d'avril 2020 revoit à la baisse les objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Plus du tiers des propositions de la @Conv_Citoyenne sont retoquées ou modifiées", a ajouté le député insoumis, en référence au futur projet de loi issu de la Convention citoyenne pour le climat.
Enfin, pour l'opinion publique, le monde a échoué collectivement à protéger l'environnement depuis l'accord de Paris pour le climat en décembre 2015. Interrogés par Odoxa sur "l'action de la communauté internationale pour lutter contre le réchauffement climatique" ces cinq dernières années, plus de trois quarts des Français considèrent que c'était "plutôt un échec" et 21 % "plutôt une réussite".
Plus les sondés sont âgés, plus ils sont sévères : 30 % des 18-24 ans parlent d'une réussite, contre 20 % des 35-49 ans, et seulement 15 % des 65 ans et plus. Odoxa précise que chez les sympathisants du parti présidentiel LREM, 35 % sont convaincus d'une "réussite".
Le retour des Etats-Unis : un tournant pour l'accord de Paris ?
Les personnes interrogées estiment en grande majorité que l'élection de Joe Biden comme président des Etats-Unis va avoir une incidence positive pour la politique climatique. Ils sont 77% à penser "tout à fait" ou "plutôt" que "le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris permettra à la communauté internationale de lutter plus efficacement contre le réchauffement", contre 23 % qui ne le croient "pas du tout" ou "plutôt pas".
Avec AFP.
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