Ne penser qu’à l'impact environnemental d'un produit après sa conception et son utilisation n’est plus suffisant.
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En bref

"Les financiers ont un rôle majeur à jouer, mais ils ne sont pas formés"

Les enjeux du réchauffement climatique sont trop peu présents dans la formation des professionnels de l'économie et de la finance, relève le think tank The Shift Project qui plaide, dans un rapport publié jeudi, pour une refonte des programmes.

"Les financiers ont un rôle majeur à jouer, mais ils ne sont pas formés", énonce dans un communiqué de presse le groupe de réflexion, pour qui "un minimum de 320 heures de cours est nécessaire pour que les professionnels de la finance puissent comprendre les contraintes physiques et leurs implications pour leurs métiers". La finance est "coresponsable des émissions de gaz à effet de serre et des impacts écologiques des activités qu’elle finance", a rappelé lors d'une présentation à la presse Nolwenn Brossier, chargée de projet.

Le premier défi est de réorienter différemment les moyens financiers vers des projets en lien avec l’objectif de neutralité carbone.

Dès lors, "les actions de sensibilisation, ou même un cours dédié ne suffisent pas", alertent les auteurs, qui ont répertorié "seulement 5%" des formations intégrant les enjeux écologiques et aucune dans un tronc commun généraliste. Selon eux, tout enseignement de gestion devrait ainsi compter 165 heures d'enseignement dédiées à ces enjeux sur trois ans, dont 48 heures dédiées "aux contraintes physiques et à leurs implications socio-économiques". Pour ceux qui se destinent plus particulièrement à la finance, cet enseignement devrait en outre être complété par un programme spécifique de 156 heures de cours pour un diplôme de niveau Bac+5, jugent-ils.

Un "reset complet"

Au programme, il s'agirait par exemple de "connaitre les limites des modèles enseignés en gestion et en économie", "comprendre les scénarios pour atteindre une neutralité carbone mondiale", "pouvoir planifier la transformation des activités de façon compatible avec une baisse des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 6% par an", ou encore "connaître les cadres réglementaires guidant la finance dans la transition, leurs limites et les tendances à l’oeuvre". Pour le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "un reset complet", une remise à zéro est indispensable face "aux bouleversements climatiques et économiques", a-t-il déclaré dans son intervention lors de la présentation du rapport.

"Le premier défi est de réorienter différemment les moyens financiers vers des projets en lien avec l’objectif de neutralité carbone", a-t-il argué, promettant de s'atteler en 2023 à la création d'un "produit d'épargne vert". En accord avec les conclusions du rapport du Shift project, Bruno Le Maire a plaidé  pour la formation de tous les conseillers financiers aux enjeux climatiques, car "c’est le seul moyen que les choses changent". En entreprise, The Shift Project recommande une formation de 20 heures pour les membres du conseil d'administration et du comité exécutif, et de 48 heures pour tous les professionnels de la finance.

Avec AFP.