MAIF a annoncé la création d’un dividende écologique.
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En bref

Crédit Mutuel et la Maif vont allouer une part de leurs profits à des projets sociétaux

La banque Crédit Mutuel Alliance Fédérale s'est engagée à reverser 15% de son bénéfice net chaque année pour soutenir des projets environnementaux et solidaires dans le cadre d'un "dividende sociétal". De son côté, l'assureur Maif annonce une mesure similaire avec un "dividende écologique".

C'est une prise de risque "totale, oui on gagne de l'argent, on est très efficace sur le plan de vue opérationnel, mais on va mettre cette efficacité au service du bien commun, de l'utilité collective", a assuré vendredi sur RTL Nicolas Théry, le président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, qui regroupe 14 des 18 fédérations de la banque. Avec 3,5 milliards d'euros de bénéfice net engrangés en 2021, c'est environ 500 millions d'euros qui pourraient être reversés si les résultats pour 2022 sont équivalents. "A notre connaissance, c'est la première fois qu'une entreprise française de cette taille met en place une telle mesure", a salué pour sa part Cécile Duflot, directrice générale de l'ONG Oxfam France.

En parallèle, l'assureur Maif a également annoncé jeudi la création d'un dividende d'un nouveau genre, un "dividende écologique" consistant à reverser chaque année 10% de ses bénéfices à des projets de solidarité climatique et de protection de la biodiversité, soit une estimation d'environ 10 millions d'euros en 2022. "Quand on est une entreprise et a fortiori une grande entreprise, il se trouve qu'on a des moyens plus importants et donc une responsabilité aussi qui est plus forte", a assuré vendredi son patron Pascal Demurger sur France Inter.

Projets verts et solidaires

Concrètement pour Crédit Mutuel Alliance Fédérale, la somme reversée sera divisée en trois grands ensembles. La moitié sera d'abord versée à un fonds d'investissement sans objectif de rentabilité financière, pour soutenir des entrepreneurs environnementaux, sociaux et des projets non rentables. "Il nous a semblé intéressant d'aller au bout de la démarche de ce qu'est une entreprise à mission et par conséquent de travailler à un meilleur partage de la valeur", a expliqué vendredi Daniel Baal, directeur général du Crédit Mutuel Alliance Fédérale au micro de BFM Business.

Pour sa part, MAIF a déclaré dans un communiqué de presse que cette part des bénéfices financerait trois types d’actions, à savoir : "des projets de préservation et de régénération de la biodiversité", "l’accompagnement des sociétaires MAIF face au dérèglement climatique par un bouquet de services de prévention" et "les mesures de l’association Prévention MAIF en faveur du climat".

Deux entreprises à mission

Une entreprise à mission, comme Crédit Mutuel Alliance Fédérale ou la Maif, est une disposition qui permet à une société d'intégrer des objectifs sociaux et environnementaux dans ses statuts.  Ensuite, Crédit Mutuel Alliance Fédérale va multiplier par dix ses actions de mécénat, qui passeront de 6 à 60 millions d'euros par an - environ 15% du dividende sociétal total y seront alloués. Enfin, l'établissement va allouer une part de la somme (35%) à des actions "de transformation des pratiques de la banque et de l'assurance". Concrètement, il s'agira de supporter le coût de certaines mesures en faveur des clients.

Crédit Mutuel Alliance Fédérale rappelle ainsi l'annonce en 2021 de la fin du questionnaire de santé pour certains clients désirant souscrire une assurance emprunteur, et le coût de la mesure estimée alors à 70 millions d'euros par an. La loi ayant depuis mis fin au questionnaire de santé pour les emprunts de moins de 200.000 euros et dont les dernières mensualités interviennent avant les 60 ans du souscripteur, le dividende sociétal n'intégrera pas le coût de cette mesure.

Selon la banque, le dividende intervenant après le bénéfice net du groupe, l'impact sur le taux d'imposition devrait être minime, contrairement aux dons qui offrent le droit à des avantages fiscaux. "Le climat c'est pas cette espèce de mur impossible qu'on ne peut jamais franchir, c'est des infrastructures, c'est des garages à vélos, la capacité à trouver de nouvelles énergies", a ajouté M. Théry qui a lancé un appel à d'autres entreprises à lui emboîter le pas.

Selon lui, il suffirait que 199 autres grandes entreprises mettent en place des mesures similaires pour couvrir les besoins d'investissement dans la transition écologique et énergétique en France estimés entre 80 et 120 milliards d'euros.

Avec AFP.