"L’association brésilienne Comissão Pastoral da Terra (CPT) et l'association française Notre Affaire À Tous (NAAT), soutenues par l’ONG nord-américaine Rainforest Action Network, ont adressé une mise en demeure à la banque française BNP Paribas en raison de son appui financier à Marfrig, la deuxième plus grande entreprise de conditionnement de viande du Brésil", précise le communiqué.
Cette mise en demeure, la première à viser une banque, est le préalable à une éventuelle action en justice des ONG. Depuis 2017, la loi française sur "le devoir de vigilance" impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l'environnement sur l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement. Selon la loi, les entreprises mises en demeure disposent d'un délai de trois mois pour respecter leurs obligations et éventuellement dialoguer avec les ONG. Ces dernières peuvent ensuite envisager une assignation devant le tribunal de Paris.
"Les fournisseurs de viande bovine de Marfrig auraient été responsables de plus de 120.000 hectares de déforestation illégale dans la forêt amazonienne et la savane du Cerrado" entre 2009 et 2020, affirment les ONG, citant une analyse du Center for Climate Crime Analysis (CCCA). "Marfrig s'est, directement et indirectement, approvisionné en bétail auprès d'éleveurs qui élevaient illégalement leurs bêtes sur des territoires indigènes", notamment Apyterewa, dans l'État du Pará.
BNP Paribas se défend
"Marfrig s'est également approvisionnée en bétail auprès d'exploitations agricoles impliquées dans des pratiques assimilables à l'esclavage, notamment le travail forcé et la servitude pour dettes", ajoute le communiqué. Pour Jérémie Suissa, délégué général de Notre Affaire À Tous, cité dans le communiqué, les banques "ne peuvent plus prétendre qu'elles ne savent pas que leurs financements (...) alimentent activement le chaos climatique, l'effondrement de la biodiversité, l'accaparement des terres autochtones et les pratiques s'apparentant à l'esclavage".
"Pour l'Amazonie, BNP Paribas ne finance pas les clients qui produisent ou achètent du bœuf et du soja dans des zones défrichées ou converties après 2008", a répondu le groupe, sollicité par l'AFP. Dans le Cerrado, il dit exiger ces critères à partir du 1er janvier 2020, "conformément aux normes mondiales". "BNP Paribas est la seule banque internationale à avoir adopté des exigences aussi précises en termes d'absence de déforestation et de traçabilité", fait encore valoir la banque. "En cas de possible désalignement, le Groupe peut décider de mettre fin à une relation commerciale", ajoute-t-elle, sans toutefois commenter les accusations contre Marfrig ni sa relation avec l'entreprise brésilienne.
Avec AFP.