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Finance durable

TotalEnergies: Pouyanné fustige la réforme de la finance durable devant les investisseurs français

Le PDG du groupe TotalEnergies Patrick Pouyanné a fustigé mardi, sous les applaudissements d'un parterre d'investisseurs français, la récente réforme des labels de finance durable excluant en Europe les entreprises pétrolières des fonds dits "ESG".

"J'en veux au régulateur qui a confondu transition et grand soir, en pensant que du jour au lendemain, on allait se débarrasser de toutes les énergies fossiles", a-t-il martelé, devant le Paris Finance Forum, événement annuel de la place parisienne.

Son intervention, dans le cadre d'un débat baptisé "Ajustements ou remises en cause pour la finance durable?", s'est conclue sur des applaudissements nourris du public.

Le dirigeant faisait référence à une nouvelle réglementation européenne qui a récemment exclu des fonds "durables" ou "ESG" (qui suivent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) toute entreprise ayant 1 % ou plus de ses revenus lié au charbon, et 10 % au pétrole.

Cette réforme avait pour objectif de mettre de l'ordre dans la finance dite ESG, cible d'accusations croissantes de "greenwashing" ces dernières années, avec un décalage entre les attentes des épargnants et la réalité.

Pour TotalEnergies, qui était particulièrement présent dans ces fonds en raison de sa politique d'investissement dans la transition énergétique, cette réforme "ne va pas". Les contempteurs de la réforme jugent que la finance durable doit justement investir dans les entreprises polluantes qui investissent pour réduire leurs émissions, afin d'avoir davantage d'impact.

"Parce qu'en Europe, on a décidé que le monde était blanc ou noir (...), nous allons perdre des actionnaires", a déploré M.Pouyanné.

Le dirigeant a relevé que son groupe était désormais détenu à "49,5 % par des actionnaires institutionnels américains", qui ne sont "pas aussi regardants" sur ces questions de transition énergétique.

"Il ne faut pas verser des larmes de crocodiles quand (ces) entreprises regardent vers New York", a-t-il ajouté, faisant référence à la volonté - très critiquée - du groupe de travailler à une cotation de son titre à Wall Street.

Les investisseurs, "si je les trouve, ici, je suis ravi. Et si je les trouve ailleurs, j'irai les chercher ailleurs", a-il conclu.

Avec AFP.