La France, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Portugal, le Luxembourg et l’Estonie ont annoncé participer dès son lancement au nouveau label "Finance Europe", présenté comme "un repère pour ceux qui souhaitent que leur épargne contribue de manière significative au financement des entreprises européennes" dans un communiqué du ministère de l’Économie.
Soulignant que "les Européens font partie des meilleurs épargnants au monde" avec plus de 35 000 milliards d’euros mis de côté, Éric Lombard, ministre de l’Economie, déplore toutefois qu’ils "contribue(nt) peu au financement de l’économie européenne".
Une épargne peu investie dans les entreprises
Ainsi, alors que le taux d’épargne moyen des ménages européens atteint 13,3 %, contre 7,9 % aux États-Unis, la majeure partie de cet argent se trouve sur des dépôts bancaires ou des produits liquides et garantis (comptes courants, livrets A, etc.).
Or les investissements en fonds propres, c’est-à-dire l’achat d’une part de propriété dans une société, par exemple sous forme d’action, sont nécessaires à la croissance des entreprises. Ils leur permettent de se développer sans avoir à contracter un prêt, qui nécessiterait un remboursement.
En 2024, le rapport Christian Noyer démontrait que les Européens étaient peu enclins à risquer leur épargne dans ce type d’investissement, moins sûr qu’un produit garanti, mais également moins rentable. Il démontrait que seuls 11 000 milliards d’euros étaient investis de cette manière par les Européens sur 35 000 milliards d'euros d’épargne.
Un enjeu de "souveraineté"
"Dans le même temps, l’Union européenne doit faire face à des besoins de financement massifs pour ses priorités stratégiques : transition écologique, innovation numérique, infrastructures critiques. D’ici 2030, ces défis nécessiteront un investissement supplémentaire estimé à 800 milliards d’euros", soutient Bercy.
Il souligne par ailleurs que, face à un "contexte géopolitique incertain", "réorienter nos flux d’épargne vers nos propres entreprises européennes" s’ancre dans des enjeux de "souveraineté".
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Le label repose sur 3 caractéristiques : 70 % des actifs du produit doivent être investis dans l’Espace économique européen (EEE), le placement doit inciter à "la détention de long terme" et doit être investi en priorité en actions.
Toutefois le label "Finance Europe" ne sera pas délivré par une instance extérieure, mais "autodéclaré par les acteurs du marché, c’est-à-dire les banques, les assurances et les sociétés de gestion".
Le respect de ses critères sera assuré par les institutions compétentes de chaque État membre, ce label ne constituant pas une réglementation européenne mais une "initiative gouvernementale coordonnée, ouverte à tous les États membres souhaitant y participer".