Le NGFS a élaboré plusieurs scénarios analysant les conséquences économiques des phénomènes météorologiques extrêmes.
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Finance durable

Le Réseau des banques centrales met en garde contre les effets imminents du changement climatique

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Le réseau des banques centrales pour verdir la finance (NGFS) publie ses premiers scénarios sur les effets à court terme du changement climatique. Il évalue les risques économiques et financiers liés à la crise climatique et aux politiques de transition.

Le PIB mondial sera certainement affecté par les impacts du changement climatique d’ici 3 à 5 ans, révèle le Réseau pour le verdissement du système financier, aussi connu sous le nom de Network for Greening the Financial System (NGFS).  

Créé en 2017 à l’occasion du premier "One Planet Summit", organisé à Paris, le réseau regroupe aujourd'hui une centaine de banques centrales et de superviseurs financiers qui travaillent à rendre plus durable le secteur de la finance. 

4 scénarios explorés 

Si le NGFS a régulièrement publié des scénarios climatiques depuis sa création, c’est la première fois qu’il adopte une approche de court terme, dévoilant des configurations pouvant avoir lieu d’ici 3 à 5 ans. 

L’organisation explore 4 scénarios distincts, prenant chacun en compte des facteurs différents. Deux d’entre eux évaluent les impacts des risques physiques sur l’économie et le système financier. "Disasters and Policy Stagnation" ("Catastrophes et stagnation politique") analyse les conséquences économiques des événements météorologiques extrêmes, tandis que "Diverging Realities" ("Réalités divergentes") étudie les impacts indirects de ces événements sur les économies mondiales, en prenant notamment en compte les risques de pénurie de minerais essentiels à la transition verte. 

Les deux autres scénarios examinent les effets des politiques de lutte contre le changement climatique sur les économies et le système financier mondial. Dans un scénario baptisé "Highway to Paris" ("L’autoroute vers Paris") en référence aux Accords du même nom, NGFS explore un avenir dans lequel des politiques climatiques "planifiées et ambitieuses" sont mises en place rapidement. 

Enfin, le scénario "Sudden Wake-Up Call" ("Le réveil brutal") analyse les conséquences d’une réponse politique tardive au changement climatique, occasionnant des changements drastiques et rapides. 

Des conséquences à court terme

L’Institute and Faculty of Actuaries (IFoA) avait déjà conclu que l’économie mondiale allait être fortement impactée par le changement climatique d’ici la fin du siècle et estimait cette perte à 50 % de son PIB entre 2070 et 2090. Le NGFS souligne ici que cette récession pourrait avoir lieu d’ici 2030. 

Au niveau régional, les catastrophes climatiques pourraient entraîner une perte de 6 % du PIB en Asie et jusqu’à 12,5 % sur le continent africain. En cause : l’augmentation significative des risques de défaillances dans des secteurs clés comme l’agriculture, la production d’énergie et l’approvisionnement en électricité, sans oublier les conséquences de ces événements sur les économies locales.

Les phénomènes météorologiques extrêmes pourraient également entraîner une hausse des coûts de la transition écologique, notamment à cause des risques de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, développés dans le scénario "Diverging Realities". 

Enfin, le NGFS met en avant les effets positifs sur l’économie mondiale des politiques climatiques précoces et progressives. Ainsi, le scénario "Highway to Paris" prévoit une diminution de 0,4 % du PIB mondial d’ici 2030, contre 1,3 % si ces politiques sont instaurées 3 ans plus tard. Le réseau souligne aussi un risque important d’augmentation du taux de chômage.

La première figure présente les évolutions du PIB mondial dans le temps selon les scénarios "Sudden Wake-Up Call" et "Highway to Paris". La deuxième expose le taux de chômage, toujours selon ces scénarios.
©Banque de France

Ces conclusions placent également l’Union européenne dans une position avantageuse, grâce à ses politiques climatiques parmi les plus ambitieuses au monde. NGFS souligne toutefois que cela suppose un réinvestissement des recettes des taxes carbone dans le soutien au développement des énergies renouvelables, ainsi que la poursuite des engagements du Green Deal. 

Ces derniers sont cependant régulièrement mis à mal. Le 26 février, le Parlement européen s’est prononcé en faveur du report et de la "simplification" de plusieurs mesures centrales du Green Deal, dont les obligations de reporting extra-financiers des entreprises européennes (CSRD).