La taxonomie "fournit un cadre transparent pour classer les actifs et les activités financières favorables à la durabilité dans un contexte africain”.
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Finance durable

Finance durable : l’Afrique se dote de sa première taxonomie continentale

Le secteur financier africain vient d’adopter une taxonomie continentale de la finance durable. Une première pour cet écosystème qui manquait d’outils standardisés et adaptés à l'investissement responsable.

C’est une étape importante qui vient d’être franchie. Le secteur financier africain a validé la mise en place d’une taxonomie de la finance durable à l’échelle du continent, un pas de plus vers son alignement sur les objectifs mondiaux en matière de climat et de durabilité.  

Cette initiative, la première du genre en Afrique, a été approuvée par des représentants de l’écosystème financier – régulateurs, banques commerciales, compagnies d’assurance, institutions de financement du développement – à l’issue d’un processus consultatif d’un an piloté par l’Alliance financière africaine sur le changement climatique (AFAC), une coalition volontaire d’institutions financières africaines, hébergée par la Banque africaine de développement. 

La taxonomie introduit une définition standard des activités contribuant au développement durable, pour permettre aux acteurs financiers d’orienter leurs capitaux vers des investissements plus responsables. Elle vient combler l'absence d’outils standardisés et adaptés pour stimuler la finance durable : une lacune du système financier africain identifiée lors d’une enquête réalisée en 2021 auprès des acteurs de l’écosystème et intégrée dans la stratégie quinquennale et la "Vision 2030" de l’AFAC, lancées en 2023.  

Un outil "conçu par des Africains, pour l’Afrique"

"Bien que son utilisation soit volontaire, la taxonomie intervient à un moment crucial où l’Afrique cherche à développer la finance verte, a souligné dans un communiqué Nana Sika Ahiabor, responsable du Bureau du climat et de la durabilité à la représentation de la Banque africaine de développement du Ghana. Elle fournit un cadre transparent pour classer les actifs et les activités financières favorables à la durabilité dans un contexte africain". 

Pour elle, il s'agit d'un outil, "conçu par des Africains, pour l’Afrique, car il s’aligne à la fois sur les normes mondiales et sur nos priorités nationales". 

Un constat partagé par Ann Njuguna, directrice financière chez BRITAM Kenya, pour qui il est nécessaire d’"aligner les systèmes financiers africains sur les normes ESG mondiales tout en préservant nos priorités uniques en matière de développement". 

Mahamadi Balima, responsable de la finance durable à l’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA), a quant à lui souligné l’importance de cette taxonomie pour l’intégration financière régionale. Selon lui, il s’agit d’un "outil stratégique pour orienter les flux de capitaux vers des investissements durables, renforcer la résilience économique et favoriser une croissance inclusive". 

"Elle contribuera également à standardiser les produits financiers, à consolider l’intégration régionale et à attirer des investisseurs à impact, tant régionaux qu’internationaux", a-t-il ajouté.