Imad Tabet, Directeur du marché des particuliers au Crédit Coopératif.
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Finance durable

Banques : "les Français sont de plus en plus attentifs à la traçabilité de leur argent"

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Militant en faveur d'une économie sociale et solidaire, le Crédit Coopératif s'efforce depuis des années de concilier compétitivité tarifaire et engagement pour la transition sociale et environnementale. Pour saisir les enjeux d'une telle démarche, ID a rencontré Imad Tabet, Directeur du marché des particuliers.

L’Association de consommation, de logement et de vie (CLCV) a publié son enquête annuelle sur les tarifs bancaires pour 2025, mettant en avant les établissements les plus compétitifs. Cette année, le Crédit Coopératif se distingue en étant classée comme la banque la moins chère pour les trois profils de consommateurs analysés ("petit consommateur", "consommateur moyen" et "grand consommateur"), tandis que les frais bancaires continuent d’augmenter.

À cette occasion, ID a rencontré Imad Tabet, Directeur du marché des particuliers au Crédit Coopératif. Il évoque les stratégies de la banque, son engagement historique pour une finance éthique, les services proposés aux clients et sa vision de l’évolution du secteur bancaire.

Quelles sont les stratégies qui permettent au Crédit Coopératif de maintenir des tarifs compétitifs malgré la tendance à la hausse du secteur ?

C'est avant tout une décision politique de la banque. Nous ne sommes pas particulièrement plus rentables que les autres banques françaises, mais nous avons une volonté forte. Pourquoi ? Parce que nous sommes une banque coopérative, dont le Conseil d'administration est constitué de représentants de clients qui sont les sociétaires, c’est-à-dire les propriétaires de la banque. Autrement dit, notre modèle repose sur des principes différents. Dans une coopérative, l'objectif est d'offrir les produits au meilleur rapport qualité-prix pour les sociétaires et les associés désignés.

C'est dans cette logique que nous avons toujours défendu une tarification au juste prix, aussi compétitive que possible, quitte à accepter des marges plus faibles que celles d'autres établissements bancaires.

Un mot sur l'engagement du Crédit Coopératif dans les transitions sociales et environnementales ?

Ce sont des engagements historiques, liés à notre identité de banque coopérative. À la fin du XIXe siècle, on s’est d’abord créé pour financer les coopératives, puis on a élargi notre activité aux mutuelles, aux associations et, plus récemment aux particuliers engagés dans la transition sociale et environnementale.

Finalement, financer la transition, c’est quelque chose qu’on fait depuis toujours. On ne l’appelait pas comme ça à l’époque, mais dès le début, notre rôle était d’accompagner les entreprises, associations, mutuelles et coopératives engagées dans des transitions sociales, puis environnementales.

Comment cela se traduit concrètement pour les clients ?

Cela se traduit par la mise à disposition de produits innovants et éthiques. Par exemple, on a été les premiers en France à proposer des produits bancaires de partage, qui permettent de reverser une partie des intérêts sous forme de don à des associations. Aujourd’hui, on est leader sur ce type de produits.

Nous avons, depuis longtemps, exclu le financement de l’extraction fossile, ce qui explique un bilan carbone quatre fois plus bas que la moyenne des banques françaises.

On propose aussi des produits tracés, où l’argent des clients est utilisé pour financer des projets dans le secteur d’activité ou la région de leur choix. Concrètement, cela signifie que leurs dépôts servent directement à financer des initiatives de transition sociale et environnementale sur le territoire qu’ils ont sélectionné. Ce sont des exemples concrets de la manière dont notre positionnement en tant que banque de l’économie sociale et solidaire se traduit sur le terrain, au service des acteurs de la transition.

Qu’en est-il du bilan carbone de vos financements ?

On est aujourd'hui la banque la moins émettrice de CO2 par million d'euros financés. Nous sommes a 120 tonnes de CO2 émis par million d'euros financés, soit quatre fois moins que la moyenne des banques françaises. 

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Et c’est un engagement que notre banque valorise depuis plusieurs années. De manière générale, l’accent est mis sur l’alimentation, les éco-gestes ou encore la consommation d’énergie pour réduire son empreinte carbone, tandis que l’impact du choix bancaire est moins considéré. Or, ce choix influence aussi les investissements dans des énergies propres ou fossiles. C’est pourquoi nous avons, depuis longtemps, exclu le financement de l’extraction fossile, ce qui explique un bilan carbone quatre fois plus bas que la moyenne des banques françaises. Même si d’autres s’engagent aujourd’hui, notre avance sur ces thématiques nous permet d’afficher un bilan plus propre.

Quelle est la vision du Crédit Coopératif sur l'avenir du secteur bancaire ?

Difficile de prédire l’avenir, mais une tendance se dessine. Je suis au Crédit Coopératif depuis 2001, et dès mon arrivée, la banque était déjà engagée sur ces sujets. On a continué dans cette direction, mais à l’époque, on nous voyait comme une banque de niche, avec une clientèle très militante. Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est à quel point la prise de conscience autour de la transition sociale et environnementale s’est accélérée, surtout depuis le Covid.

Au début de l'année dernière, une étude menée par l’IFOP et la Fédération Bancaire Française a sondé les attentes des Français vis-à-vis de leur banque. Une question m’a particulièrement marqué : Quelles sont, pour vous, les caractéristiques de la banque idéale ? Résultat : 8 % des Français ont répondu qu’elle devait proposer une épargne socialement responsable et solidaire. Et 8 %, ce n’est plus une niche ! Donc on sent que ça prend de l’ampleur. Les Français sont de plus en plus attentifs à la traçabilité de leur argent et à ce que leur banque en fait. Ces questions deviennent centrales.