Plusieurs idées reçues circulent autour de la finance durable.
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6 idées reçues autour de la finance durable

Depuis quelques années, la finance durable gagne du terrain. Un succès grandissant qui peut aussi alimenter certaines idées reçues. En partenariat avec l’ADEME, ID passe au crible six d’entre elles. 

On le sait peu mais derrière le terme de finance durable, se cachent plusieurs pratiques : la finance verte, qui englobe "l’ensemble des opérations financières soutenant le développement durable, notamment en favorisant la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique", comme défini par la Banque de France ; la finance solidaire "qui vise à faciliter le financement de projets destinés à lutter contre l’exclusion et à améliorer la cohésion sociale" à travers par exemple des mécanismes de micro-crédit ou de prêts solidaires ; et enfin la finance responsable, qui repose "sur une épargne investie sur des projets qui concilient performances financières, sociales et environnementales" et qui recouvre "l’ensemble des initiatives et des réglementations visant à favoriser le financement de projets ou d’investissements dits socialement responsables (ISR)".  

Cette dernière catégorie suscite aujourd’hui un intérêt croissant auprès des épargnants, même si plusieurs idées reçues ont aussi la dent dure. Avec l’ADEME, on vous démêle le vrai du faux. 

Les investissements responsables ne rapportent pas autant que des investissements classiques   

Vrai (mais à nuancer selon les stratégies choisies) 

"Pour le moment, il est vrai qu’on ne constate pas de différences de rendement entre les différentes stratégies d’investissements responsables. Cela peut notamment s’expliquer par le fait que ces approches ont peu d’exclusions et qu’elles ont un univers proche de l’univers classique, avec donc peu de biais sectoriels", note Vincent Kiefer, chef de projet finance durable à l’ADEME.  

A titre indicatif, il existe aujourd’hui trois principales approches en termes de sélection ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Parmi elles : l’approche best-in-class, qui sélectionne les entreprises ayant les meilleures notes en matière d’ESG au sein de chaque secteur d’activité ; best-in-universe, qui choisit les entreprises les mieux notées en matière d’ESG sans contrainte sectorielle, ou encore best effort, qui prend en compte les acteurs ayant connu la meilleure amélioration en matière de notation extra-financière.  

Les investissements responsables ne peuvent pas s'adapter aux sensibilités de chacun 

Vrai (pour le moment) 

Aujourd’hui, il existe une multitude de produits sur des thématiques variées avec des niveaux d’ambition plus ou moins élevés. Néanmoins, il est vrai que cela ne signifie pas nécessairement que ces solutions soient adaptées aux attentes de chacun. "On ne dispose pas encore d’une offre qui soit capable de faire du surmesure", abonde Marine Gombert, coordinatrice du projet Life Finance ClimACT à l’ADEME, avant d’ajouter : "par exemple, si un épargnant demande à son conseiller une offre qui prend en compte à 80 % la préservation des ressources en eau, et à 20 % l’adaptation au changement climatique, celui-ci n’aura pas nécessairement dans son portefeuille des produits qui soient adaptées à ces préférences." 

Pour l’experte, cela ne signifie pas toutefois que cet exercice est inutile. "L’objectif est avant tout de faire émerger une demande comme l’impose dorénavant la nouvelle règlementation", précise-t-elle.  

Depuis août 2022, les directives "Mif 2" pour les placements financiers, et DDA pour l’assurance-vie, obligent désormais les conseillers à évaluer les préférences de leurs clients en matière de durabilité. "L’épargnant peut indiquer s’il souhaite que son argent finance des solutions contre le changement climatique, s’il ne souhaite pas financer l’exploitation du charbon, du tabac ou tout autre secteur en particulier", informe l’ADEME dans son guide : "Epargnons l’avenir : la finance durable en 7 questions". 

Il faut forcément s'y connaître en bourse pour investir de manière responsable 

Vrai et faux 

Comme pour tout placement, il est toujours préférable d’avoir de bonnes notions sur la gestion d’un portefeuille, d’autant plus si on veut investir pour agir sur le climat – ce qui nécessite des connaissances poussées. En revanche, il est possible de se faciliter la tâche en étant accompagné. 

"Même si la part de conseillers formés sur les enjeux de finance durable reste faible, il est de la responsabilité des conseillers de fournir à la fois un conseil financier (sur l'optimisation du couple rendement/risque financier) et un conseil "extra-financier" (sur la prise en compte des préférences environnementales et sociales) à ses clients”, atteste Marine Gombert. 

Investir en bourse permet de financer l'entreprise 

Faux (excepté dans de rares cas) 

"En réalité, investir sur les marchés financiers ne permet que dans de rares cas de financer l’entreprise", lance Vincent Kiefer, avant de préciser : "bien que les marchés permettent bien aux entreprises de lever des fonds, ce n’est vrai qu’à l’émission de nouveaux titres (pour inclure aussi bien les introductions qu’une augmentation de capital. L'intérêt est donc essentiellement et le plus souvent indirect. L’émission de nouveaux titres ne représente notamment qu’une part très faible des échanges." 

La finance responsable n'est qu'une mode passagère 

Faux 

En témoignent le nombre de produits labellisés chaque année, ou encore l’évolution de la réglementation. "C’est un mouvement qui est présent depuis longtemps. On peut notamment remonter au XVIIIème siècle, avec les quakers anglais. Aujourd’hui, il y a un vrai essor mais son accélération dépend des réglementations à venir", relève Vincent Kiefer. Un constat partagé par Marine Gombert. "Le fait qu'il existe en France des sanctions pénales sur les pratiques commerciales trompeuses est un signal fort. La pression réglementaire à l'échelle européenne renforce cet encadrement. En cas d'allégation trompeuse, il est désormais possible pour les ONG ou même les citoyens de saisir le Parquet National Financier !" ajoute-t-elle.  

Il y a beaucoup de greenwashing 

Vrai et faux 

"Il y a encore très peu de normes et de critères minimum sur les allégations environnementales ce qui crée en effet un cadre propice au greenwashing", reconnait Vincent Kiefer. Pour le spécialiste, la taxonomie européenne, qui classifie les activités considérées comme "vertes", ainsi que le règlement CSRD (reporting entreprise), vont dans le bon sens. 

Certains labels permettent également d’offrir un minimum d’exigences. "Les labels français, qui sont certifiés, encadrés, audités par un tiers avec un cahier des charges, permettent de clarifier l’offre en informant l’épargnant sur ce que garantissent les fonds ou non, à confronter ensuite avec les préférences environnementales et/ou sociales exprimées par le client", souligne Marine Gombert. 

Pour aller plus loin, retrouvez ici le guide de l’ADEME, "Epargnons l’avenir : la finance durable en 7 questions". 

 

En partenariat avec l’ADEME