L’aventure demande d’adopter un mode de vie minimaliste, débarrassé d’un trop grand nombre de possessions matérielles.
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Environnement

Van aménagé, une pratique vraiment durable ?

Le temps d’un été, ou pour y vivre sur le long court, le van aménagé connait un vrai regain d’intérêt chez les Français. Mais au-delà de ses inspirations hippies, est-il réellement écologique ?

Les Américains de Ford semblent avoir trouvé un argument parfait pour vendre leurs véhicules : 44 % des Français seraient prêts à passer à la "vanlife", d’après une étude YouGov-Ford de juin 2022. Selon Esprit Camping-car, magazine de référence, 11 002 vans aménagés ont été immatriculés en France en 2020. Des chiffres qui laissent en effet penser que le souvenir du combi Volkswagen des parents reprend des couleurs chez leurs enfants.

"Vanlife", c’est l’expression revenue des États-Unis pour désigner la vie en van aménagé. Le terme sert surtout de hashtag, inséré au-dessus d’une photo d’un paysage onirique de la côte américaine postée sur Instagram. Il recouvre en réalité plusieurs pratiques : de la location d’un van tout équipé le temps d’un weekend, au Berlingo acheté d’occasion et retapé pour fuir définitivement les contraintes matérielles de l’habitat individuel.

Le site spécialisé Theroadtrippers.fr l’affirme : "En général, les vanlifers sont des amoureux de la nature et des grands espaces". Pourtant, utilisé quotidiennement, sa consommation d’essence ou de diesel n’est a priori pas synonyme d’écotourisme. ID a demandé aux premiers intéressés s’il était vraiment possible de pratiquer une vanlife écologique.

Tiny house et roadtrip

Camille Chaudron, connue sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme Girl Go Green s’est lancée dans l’aventure par conviction écologiste. "Initialement je voulais faire une tiny house [NDLR : Micromaison déplaçable et écologique], mais ça coute très cher ! Alors je me suis rabattue sur le van, qui en fait est tout aussi cher et complexe à aménager !". Pour Anselme, c’est son roadtrip en vélo jusqu’à Athènes qui lui a donné l’idée. "J’ai croisé pas mal de gens qui faisaient le trajet en van aménagé, ça m’a donné envie, parce qu’ils n’ont pas du tout vécu la même expérience que nous". L’étudiant de HEC compte aménager son van "au maximum, seul ou avec des amis". Une installation qu’il prévoit "sommaire, mais qui fait le taff" pour partir en weekend ou en vacances, "qui couteraient moins cher à la fin que de louer un appartement pendant une semaine".

"L'usage détermine tout"

Les deux apprentis vanlifers ont conscience des limites écologiques de leur démarche. "Même avec un format aussi petit qu’un van aménagé, c’est catastrophique ce qu’on génère comme déchets", nous dit Camille. "C’est une évidence que le van ça pollue, moi je ne conduis jamais, je prends très peu la voiture, le van ça va faire un peu de rien à tout", abonde Anselme.

C'est dans l'usage de leur van aménagé qu'ils espèrent compenser leurs émissions polluantes.

Camille compte y vivre le plus possible. Nomade, elle compte faire un "tour de France des initiatives et des luttes locales". Anselme s’en servira pour voyager, mais plus proche de chez lui : " c’est un moyen de me dire que je reste aux alentours, je ne fais pas de longs trajets en avion". "L’usage détermine tout. A l’arrêt [mon van] est extrêmement écologique. La vanlife à l’américaine ne l’est pas" résume la vidéaste militante.

Une démarche minimaliste

Car il ne suffit pas d’un tour sur Instagram pour s’improviser vanlifer. Vivre dans un espace réduit et mouvant nécessite un réel engagement et une transformation de nos habitudes au quotidien. L’aventure demande d’adopter un mode de vie minimaliste, débarrassé d’un trop grand nombre de possessions matérielles, aussi néfastes pour l’environnement que pour la visibilité dans le rétroviseur. Pour espérer être écologique, il faut accepter ces concessions. Theroadtrippers.fr le dit bien : " On ne garde que ce dont on a vraiment besoin. L’espace à l’intérieur est bien trop petit pour que l’on s’encombre d’objets matériels superficiels ou de bagages personnels". Anselme surenchérit :
"Ça me permet de me rapprocher de la sobriété, c’est un truc qui me motive. Ce que je vais apprendre dans ce contexte transparaitra dans la vie de tous les jours".

Surtout, l’esprit du van n’est pas d’avaler des kilomètres de route en une nuit. La pratique relève bien plus du slow tourisme, une façon de prendre son temps, reconnecter avec le local et la proximité sans nécessairement partir très loin.

Il faut se dire que le but ce n’est pas de faire un trajet, le but c’est que chaque partie du trajet soit déjà un voyage en soi. Je ne veux rouler trois jours d’affilé, profiter une semaine et repartir, mais faire ça sur du moyen terme, prendre le temps de s’arrêter." Anselme, étudiant vanlifer

Malgré tout, le van aménagé sera toujours plus durable qu’un aller-retour Paris-Tokyo. Camille Chaudron le rappelle, "l’important c’est de faire les choses en ayant conscience de l’impact et de l’usage que l’on a".

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