Thomas Brail, fondateur du Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA).
©VALENTINE CHAPUISAFP
Environnement

Qui est Thomas Brail, le défenseur des arbres luttant contre le projet de l'A69 ?

Le "défenseur des arbres", Thomas Brail, est entré en grève de la faim le 31 août dernier pour protester contre le projet d’autoroute A69. 38 jours plus tard et après qu’il ait entamé une grève de la soif hier, le département du Tarn et la région Occitanie suspendent temporairement les travaux de cet aménagement routier.

Arboriste-Grimpeur originaire du Tarn, Thomas Brail se dit proche de la nature depuis sa plus tendre enfance. En 2019, il découvre que la commune de Mazamet, pour laquelle il a travaillé comme jardinier pendant une décennie, prévoit d’abattre des platanes bicentenaires pour aménager un parking. Son amour pour la flore se mue alors en un engagement ardu contre l’artificialisation des sols et pour la préservation du vivant. En signe de protestation, il passe trois jours perché dans un des arbres menacés. Finalement, 7 platanes sur 9 seront sauvés. 

Après cet acte pionnier, Thomas Brail enchaine les actions utilisant l’occupation d’arbres comme signature. Dans la foulée, il crée le "Groupe National de Surveillance des Arbres" (GNSA), devenu une association en 2020. 

Le temps de la médiatisation 

Un peu plus tard dans l’année 2019, Thomas Brail se mobilise contre l’abattage de 16 autres platanes à Condom, dans le Gers. La mairie restant sourde à son engagement, il décide de se rendre à Paris. Le grimpeur s’installe dans un arbre faisant face au ministère de la transition écologique. Il y reste 28 jours. Si les platanes de Condom sont finalement rasés, le combat de Thomas Brail attire l'attention des médias et de nombreuses personnalités, publiques et scientifiques, rejoignent sa cause. Des branches locales du GNSA fleurissent à travers la France et l’association annonce être convoquée par la Première ministre, Elisabeth Borne "afin de mettre en place des réunions de travail sur la nécessaire protection des arbres sur tout le territoire national."

Le tournant de la première grève de la faim

En 2022, Thomas Brail est de retour à Paris. Il s’installe dans un arbre menacé par un projet de construction, face à la tour Eiffel. Cette fois il renforce son action en entamant une grève de la faim. 11 jours plus tard il obtient un rendez-vous avec l’ex-ministre de la Transition écologique Amélie de  Montchalin et Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, pour travailler sur la protection des arbres.

Autoroute A69 : de la grève de la faim à l’hospitalisation

Le 31 août, Thomas Brail entame une grève de la faim pour s'opposer à la construction de l'autoroute A69, qui doit relier Castres et Toulouse.

Pour les supporters de ce projet, l’autoroute permettra de désenclaver la région. Ses détracteurs, eux, reprennent des chiffres communiqués par le département du Tarn et invoquent que le chantier de l'autoroute A69 aura un impact sur 420 hectares de terres, dont 316 hectares de terres agricoles. Des terres "nourricières pour nos enfants" argue Thomas Brail sur le plateau de planète info, avant d’enchainer "Si on a des canicules tous les étés c’est parce qu’on est en déficit d’arbres". Accompagné de l’ingénieur environnemental Amine Messal, celui-ci embraye : "une aberration écologique majeure pour un projet qui pourrait permettre un désenclavement dont on n’est pas certain  pour une commune dont il est difficile de dire qu’elle est enclavée". 

Soutenu par le collectif "la voie est libre" opposé au projet d’autoroute, Thomas Brail est progressivement rejoint dans sa grève par une dizaine d’autres militants. Ils demandent la suspension du projet jusqu'à ce que les 4 recours sur le fond en cours sur le sujet soient jugés. Ils réclament également une rencontre avec Carole Delga, Présidente du Conseil Régional d'Occitanie, et Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports en France.

Le 14 septembre, n’arrivant pas à faire valoir ses requêtes, Thomas Brail s’installe dans un arbre face au ministère de la Transition écologique, le même qu'il avait déjà occupé en 2020. Délogé 10 jours plus tard, il obtient néanmoins un rendez-vous avec Carole Delga et Clément Beaune. 

Malgré des propositions de compromis soumises par Carole Delga, la suspension des travaux est écartée. Après 38 jours de grève de la faim, Thomas Brail décide alors - avec deux autres militants, Réda Seifert et Celik Sadik - d’entamer une grève de la soif lundi 9 octobre sur la passerelle Senghor, au coeur de Paris. Ce matin, mardi 10 octobre, à 6h, il est hospitalisé après un malaise. 

Une suspension provisoire des travaux

Quelques heures plus tard les préfectures du département du Tarn et de la région Occitanie annoncent la suspension provisoire des travaux de l’A69. Citoyens et militants se réunissent sur la passerelle Léopold Sédar-Senghor pour fêter cette victoire.

Avec joie Réda Seifert et Celik Sadik saluent cette décision et annoncent cesser immédiatement leur grève de la soif. Quelques instants plus tard ils sont rejoints par Thomas Brail, tout juste libéré de son hospitalisation. Affaibli mais heureux il déclare à Vert le média : "Je pense que c’est une victoire pour tout le monde aujourd’hui. Ils ne le savent pas encore, mais c’est une victoire pour l’État aussi, pour les citoyens, les associations…"

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