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Pollution plastique : les "bioplastiques" sont-ils une alternative ? 

A l'heure de la lutte contre la pollution plastique, les "bioplastiques" sont souvent présentés comme une solution d'avenir. Mais ce terme assez flou recouvre des réalités différentes. Quelles sont les principales caractéristiques d'un bioplastique ? Et quelles sont ses limites ? Eclairage.

En 2021, les terres utilisées pour cultiver les matières premières renouvelables destinées à la production de bioplastiques étaient estimées à 0,7 million d’hectares. Selon l'association European Bioplastics, un matériau est défini comme tel s’il est biosourcé, biodégradable ou les deux à la fois. Lorsque l'on parle de plastique dit "biosourcé", celui-ci est alors totalement ou partiellement issu de la biomasse. Un produit considéré comme biodégradable, pour sa part, est capable de se décomposer sous l’action de micro-organisme. Autrement dit, le premier terme concerne la composition et le second, le devenir du plastique. Enfin, un "bioplastique" est rarement à la fois biosourcé et biodégradable.

Le plastique biosourcé 

Les fameux plastiques biosourcés sont donc produits à partir de matières premières naturelles, issues de la biomasse. Blé, canne à sucre, maïs, pomme de terre, betterave sont par exemple plébiscités. Ceux-ci permettent alors de substituer complètement ou partiellement les matières premières fossiles tel que le pétrole, habituellement utilisé pour la production de plastiques classiques. 

Quelles sont ses limites ?  

Un produit peut donc être "biosourcé" même si une partie de sa composition s'appuie sur des ressources fossiles. En France, un décret de 2017 fixe le seuil minimum de matière première naturelle à 30 % pour pouvoir effectivement parler de plastique biosourcé. Si la loi AGEC entend relever cette limite à 60 % d'ici 2025, la composition de ces résines, encore largement dépendantes de ressources fossiles, constitue un premier obstacle. 

Autrement, l'appellation "biosourcé" ne signifie pas nécessairement que les matières naturelles utilisées sont issues de l’agriculture biologique. Celles-ci peuvent avoir été cultivées à l'aide de pesticides, d'engrais voire d'OGM, des produits issus de la pétrochimie, souvent dépendants au pétrole. Autre exemple avec la canne à sucre, très utilisée pour la conception de produits biosourcés : selon un document du WWF, cette culture, très gourmande en eau, nécessite par exemple 1 600 litres pour produire un kilo de sucre.

Troisième point de tension : les surfaces agricoles disponibles. Pour l'heure, la part de terres utilisées pour créer du plastique biosourcé est très faible. Selon la European Bioplastics, sur les 335 millions de tonnes de plastique produites dans le monde en 2018, 1 % seulement étaient biosourcées. De plus, seule 0,016 % de la superficie totale des terres arables était dédiée à la production de ces matières. Ainsi, remplacer tous les plastiques par du biosourcé comporterait trois risques en termes d'agriculture : une concurrence avec la production alimentaire, une dégradation de la qualité des sols et des impacts environnementaux liés aux cultures.

La fin de vie des plastiques dits "biodégradables" ou "compostables"

Un polymère biosourcé n'est pas nécessairement biodégradable. D’après European Bioplastics, moins de la moitié des bioplastiques produits dans le monde en 2017 étaient biodégradables. Mais malgré l'appellation, cela ne signifie pas que le produit peut être jeté dans la nature. Selon l'Ademe, elle indique plutôt la capacité du produit à se décomposer sous l’action de micro-organismes tels que les bactéries, les algues ou les champignons. Mais bien souvent, ces plastiques se dégradent seulement s’ils sont placés dans des conditions spécifiques. Et là encore, celui qui serait "biodégradable" ne serait pas nécessairement "compostable".

Ceux-ci sont pour leur part encadrés par une norme européenne qui impose que le matériau doit se décomposer en humus à 90 % minimum sous six mois dans des conditions de compostage industriel. Mais les conditions du compostage industriel sont bien différentes de celles du compostage domestique. Le premier se distingue du second notamment par un volume de déchets traités plus important et des températures plus élevées et maîtrisées. S'il existe bien une norme désignant les plastiques appropriés au compostage domestique, l'ADEME recommande toutefois de favoriser la version industrielle. 

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