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Le brief

Les 3 actus qu'il ne fallait pas manquer cette semaine : plan national d'adaptation, justice climatique et guerre au plastique

A la une de l'actualité cette semaine : l'annonce du deuxième plan national d'adaptation au changement climatique, l'action engagée contre l'Etat français pour "inaction climatique" et la fin des objets en plastique à usage unique dans l'Union européenne en 2021. 

Même si elle parvenait à atteindre l'objectif de l'accord de Paris -un défi loin d'être relevé, à l'heure où les émissions de gaz à effet de serre mondiales ont fortement progressé en 2018, et au sortir d'une COP24 avare en annonces à la hauteur des enjeux-, la communauté internationale aurait toujours à faire face, d'ici 2100, à une hausse minimale des températures de l'ordre de 1,5°C.

C'est justement pour se préparer aux effets du réchauffement climatique -intensification des vagues de chaleur, des épisodes de sécheresse ou encore des phénomènes cycloniques en Outre-Mer- que le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a présenté jeudi 20 décembre le deuxième plan national d'adaptation au changement climatique.

Portant sur la période 2018-2020, celui-ci prévoit un budget de 3,5 milliards d'euros sur cinq ans, contre 17 millions pour le précédent (2011-2015), une enveloppe qui devra entre autres permettre d'augmenter le parc de canadairs ou de renforcer la vigilance météo via le déploiement de cinq nouveaux radars, et plus globalement d'améliorer l'identification des territoires et filières à risques et l'information et la sensibilisation auprès du grand public et des professionnels. L'intégration du changement climatique dans les programmes scolaires fait également partie des pistes évoquées par le ministère. 

L'Etat français attaqué en justice 

Mais si le pays a tout intérêt à améliorer ses capacités de résilience, il doit d'abord impérativement déployer tous les moyens nécessaires à l'atténuation du réchauffement climatique, condition sine qua none à la construction d'un futur viable pour les prochaines générations. Et c'est pour l'instant loin d'être le cas, estiment les ONG Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, qui ont entamé mardi 17 décembre une action à l’encontre de l’État français pour inaction face au changement climatique, en dépit de ses engagements et obligations nationaux et supra-nationaux. 

"On demande bien aux citoyens de respecter les lois. Notre recours vise à demander à l’État français de respecter lui-aussi ses engagements en matière climatique", a expliqué Marie Toussaint, présidente de Notre Affaire à Tous, alors que la France se trouve aujourd'hui bien en deçà des trajectoires estimées en vue de rentrer dans les clous de l'accord de Paris. Ce type d'action, inédite en France, a déjà abouti dans d'autres pays tels que les Pays-Bas, où l'Etat a été condamné à réduire les émissions de gaz à effet de serre nationales de 25  % d’ici 2020.

Le gouvernement français a désormais deux mois pour apporter une réponse à la mesure de la requête, faute de quoi les associations pourront porter l'"affaire du siècle" devant le Tribunal administratif. Deux jours après son lancement, une pétition soutenant ce recours a déjà recueilli plus de 1,2 million de signatures. "La vague est immense. Elle révèle une aspiration profonde des citoyens à ce que les choses changent enfin. Cette mobilisation révèle aussi l'envie d'agir ensemble, l'envie de collectif, notamment par les jeunes, les youtubeurs, la génération climat. La justice climatique a un bel avenir devant elle !", a salué Marie Toussaint. 

Halte au plastique, sus aux véhicules les plus polluants 

Tout n'est pas pour autant tout noir au pays de l'action climatique, même si les efforts consentis sont souvent trop lents au regard de l'urgence de la situation. Exemple encore cette semaine, avec l'annonce, de la part de l'Union européenne, d'un accord sur les objectifs de réduction des émissions de dioxyde de carbone des voitures neuves et des utilitaires vendus sur le territoire d'ici 2030. Fruit d'intenses tractations, le texte prévoit, pour 2030, une diminution des émissions de GES de 37,5 %  par rapport à leur niveau de 2021 pour les premières, avec un point d'étape à - 15 % pour 2025, et de 31 % pour les seconds. 

Un résultat qui tient du compromis, alors que le Parlement européen et certains pays, dont la France, prêchaient en faveur d'un objectif à 40 %, tandis que la Commission ou l'Allemagne, premier producteur automobile de l'Union, suggéraient plutôt une baisse de 30 %. "Au lieu de recadrer le secteur automobile et de préconiser des mesures favorisant les investissements et les nouveaux emplois dans une mobilité à zéro émission, les gouvernements ont une nouvelle fois fait preuve de leur impuissance à forger des lois à la hauteur des enjeux climatiques et des attentes des citoyens", a notamment déploré l'eurodéputée Verts Karima Delli, présidente de la commission Transport au Parlement, citée par l'AFP. Le secteur automobile a également fraichement accueilli la nouvelle, soulignant une ambition "irréaliste" au regard du contexte actuel.

L'UE a décidément bien terminé l'année, puisqu'elle a également annoncé, mercredi 19 septembre, l'interdiction dès 2021 d'une dizaine de produits en plastique à usage unique, qui représenteraient à eux seuls 70 % des déchets retrouvés en mer. Sont concernés entres autres les pailles, couverts et autres cotons-tiges en plastique, dont des alternatives sont aujourd'hui sur le marché. D'autres produits tels que les gobelets ou les emballages en plastique devront quant à eux voir leur consommation significativement réduite dans les Etats membres.