Ces zones disposent d’usages multiples, allant du symbole culturel à l’approvisionnement en eau propre.
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Environnement

COP15 : les zones humides rapportent jusqu’à 39 000 milliards de dollars dans le monde selon une étude

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Alors que la COP15 sur les zones humides a débuté hier à Victoria Falls au Zimbabwe, une étude démontre les liens inhérents entre économie et préservation de ces espaces menacés. 

Le coup d’envoi de la Conférence des Parties à la Convention sur les zones humides (COP15) a été donné mercredi 23 juillet à Victoria Falls, au Zimbabwe. Cette COP a pour objectif de présenter les données les plus récentes pour évaluer la perte et la dégradation de ces zones humides ainsi que les dernières avancées pour les protéger

En amont de ces discussions, une étude a été publiée par un groupe de chercheurs qui a dressé un état des lieux des zones humides dans le monde. Elle révèle que celles-ci représentent environ 39 000 milliards de dollars en service aux écosystèmes.

"Les zones humides offrent à la société jusqu'à 39 000 milliards de dollars de bénéfices chaque année", confirment les chercheurs.

Qu’est-ce qu’une zone humide ?

Les zones humides, bien que très méconnues du grand public, correspondent à un vaste ensemble d’endroits essentiels pour nos sociétés. "Elles couvrent 6 % de la surface émergée de la Terre", affirme l'étude.  Cela désigne par exemple les herbiers marins, les récifs coralliens, les mangroves, les lacs, les rivières et cours d’eau, les marais, les marécages intérieurs et les tourbières. 

Ces zones disposent d’usages multiples, allant du symbole culturel à l’approvisionnement en eau propre. "Elles sont source de nourriture, sont intégrées au cycle mondial de l’eau et le régulent, éliminent les polluants de l’eau, protègent les communautés locales contre les catastrophes naturelles et stockent le carbone, soutenant le système climatique mondial", rappelle l’étude. C’est ce que les chercheurs appellent "les services écosystémiques", véritable source de revenu pour l’économie mondiale. 

Si les zones humides viennent donc à être dégradées ou détruites, les avantages qu’elles génèrent seront moins importants. Cependant, selon l’étude, "le taux moyen de ces pertes s’élève à -0,52 % par an". Cela fait d’elles l'écosystème le plus menacé dans le monde. 

Pour autant, elles "contribuent chaque année à plus de 7,98 billions (mille milliards) de dollars à l’économie mondiale, soit plus de 7,5 % du PIB mondial", selon les calculs réalisés par le groupe de recherche à partir des données de l’année 2023. 

Des destructions massives 

"La perte des zones humides s’est accélérée depuis 1970 et l’on estime qu’elles ont perdu 22 % de leur superficie", notent également les chercheurs. Cela équivaut à plus d’un demi-milliard de terrains de football et à plus de 5 000 milliards de dollars détruits. "Les pertes varient d’une région à l’autre et d’un type de zone humide à l’autre, les écosystèmes d’eau douce (lacs, marais et marécages intérieurs) affichant le déclin relatif le plus marqué", nuancent-ils toutefois. 

Selon l’étude, "il faudra conserver et restaurer au moins 550 millions d’hectares de zones humides" dans les prochaines années pour inverser la tendance actuelle. "Si toutes les zones humides restantes sont correctement gérées jusqu’en 2050, elles fourniront, sur cette période, une valeur actuelle nette (VAN) supérieure à 205 250 milliards de dollars", estime le groupe de recherche. 

"Les zones humides sont le capital de la planète et pourtant nos investissements favorisent toujours plus leur destruction que leur rétablissement", réagit Musonda Mumba, secrétaire générale de la COP15, lors de son discours d’ouverture mercredi. 

Les chercheurs demandent désormais "une prise en compte des zones humides dans les solutions financières innovantes pour la nature et la population" et appellent à "intégrer l'évaluation du capital naturel dans les processus décisionnels" économiques et à "débloquer des financements mixtes publics-privés, pour investir dans les zones humides en tant que solutions fondées sur la nature".

Le rapport sera présenté à Victoria Falls, où 172 États et organismes sont attendus pendant toute la durée de la COP 15 afin d’échanger sur l’avenir des zones humides.