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CHRONIQUE

Les zones humides en voie de disparition

Evidemment, lorsque l'on voit les inondations dramatiques se multiplier, on n'est guère enclin à se préoccuper des zones humides. Et pourtant, c'est précisément parce que ces dernières disparaissent que les régulations hydrauliques ne s'effectuent plus judicieusement.

Les chiffres sont là pour en témoigner. Durant le siècle dernier, en 30 ans, 50 % des zones humides métropolitaines ont été effacées du paysage, tandis que 47 % étaient dégradées en 10 ans (2000/2010). Trois causes expliquent cet assèchement : l'urbanisation, l'intensification agricole et l’aménagement des cours d'eau. Les deux écosystèmes les plus frappés par ces agressions sont les prairies et les landes humides pourtant indispensables à l'élevage extensif. Les mares, permanentes ou temporaires, subissent également de fortes pressions qui affectent la biodiversité.

Les zones humides abritent la biodiversité

On ne peut pourtant nier la richesse de ces territoires jugés pendant trop longtemps comme de vulgaires réservoirs à moustiques. Désormais, il est avéré que les zones humides, qui représentent seulement 3,7 % du territoire métropolitain, abritent 25 % de la biodiversité. À ce bilan on doit évidemment ajouter la capacité de ces milieux à stocker le CO2 (pour un volume supérieur aux forêts !) et donc à lutter contre le changement climatique. L'épuration des eaux pour la consommation humaine, le maintien de la faune et enfin l'élevage adapté à ces milieux, ne sauraient durer en son absence. Même la baignade est considérée comme un élément positif de l'écosystème. Face au constat, les Réserves Naturelles de France, les Conservatoires d'espaces naturels et les Parcs naturels régionaux, ont adressé une demande à Nicolas Hulot afin que l'Etat réagisse en urgence pour enrayer le déclin. Parmi leurs recommandations, on note la création d'un parc national de zones humides, de même que le développement de réserves naturelles. Le soutien à l'élevage extensif en milieu humide et la fiscalité de ces dernières à revisiter, s'inscrivent aussi dans les espoirs. Plus largement, c'est un plan d'action ambitieux (ce sera le 4ème du genre) qu'il faut engager dès l'année prochaine. À cette occasion, il conviendra de ne pas oublier les outre-mers. En Guyane, par exemple, 20 % des poissons d’eau douce sont endémiques. Or, 900 km de linéaires de cours d'eau ont été détruits entre 2001 et 2015 ! Il y a urgence...