L'Etat mise sur six projets de réacteurs innovants.
©Christian Schwier/shutterstock
Environnement

L'électrique de 2050 : six scénarios présentés par RTE

Essor indispensable des renouvelables mais aussi avantage économique à construire de nouveaux réacteurs nucléaires : le gestionnaire du réseau électrique français RTE a présenté lundi ses principales conclusions sur l'avenir du système à l'horizon 2050, en plein débat avant la présidentielle.

L'épais rapport, lancé en 2019 et d'une ampleur inédite en France et en Europe, devrait conforter les partisans du nucléaire, car il conclut que, du strict point de vue économique, il reste une voie moins chère que de compter sur les seules énergies renouvelables pour atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle, comme la France s'y est engagée aux côtés de dizaines de pays. Le gestionnaire du réseau RTE propose ainsi plusieurs scénarios pour la production et l'évolution de la consommation. Voici les principaux "chemins" possibles.

Une consommation en hausse

Pour la consommation française, RTE retient le scénario de référence d'un niveau de 645 térawattheures (TWh) en 2050, soit une hausse de quelque 35 % par rapport à l'époque actuelle. Elle suppose une électrification "progressive" des usages et une ambition forte sur l'efficacité énergétique.

Mais RTE imagine aussi une trajectoire axée sur la "sobriété", où la consommation n'atteindrait que 554 TWh. Elle suppose une évolution des habitudes de vie : davantage de télétravail, moindre consommation de biens et moins de déplacements individuels. C'est le scénario privilégié par exemple par le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.

A l'inverse, une forte réindustrialisation de la France et un développement accéléré de la production d'hydrogène pourraient se traduire par une consommation électrique encore plus importante (754 TWh), selon RTE.

Des scénarios sans nouveaux EPR

Sur les six scénarios qui imaginent le futur de la production électrique, trois se font sans nouveaux réacteurs nucléaires.

Le premier est 100 % renouvelables en 2050 : il suppose une sortie totale du nucléaire avec un rythme de développement du photovoltaïque, de l'éolien et des énergies marines "poussés à leur maximum". Dans un rapport publié fin janvier avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE), RTE avait déjà conclu à sa faisabilité technique, à condition de remplir une série de conditions techniques strictes et cumulatives. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, opposante au nucléaire de longue date, avait alors salué un "moment copernicien".

RTE souligne lundi que les scénarios à très hautes parts de renouvelables "impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050".

Deux autres scénarios sans nouveaux EPR conservent pour leur part une part de nucléaire provenant des réacteurs existants. L'un s'appuie sur le développement de grands parcs notamment éoliens, l'autre sur une répartition "diffuse" avec beaucoup de solaire, notamment sur les toitures. Ce dernier est le scénario le plus coûteux pour la France.

Trois chemins avec de nouveaux EPR

Les trois derniers scénarios de production imaginent le lancement de nouveaux réacteurs de nouvelle génération (EPR2), associés dans tous les cas à une progression des renouvelables.

Deux d'entre eux imaginent une part minoritaire mais significative du nucléaire dans le bouquet français en 2050, avec respectivement 8 EPR ou 14 nouveaux EPR lancés. "Un scénario conservant une capacité de production nucléaire importante associé à un développement conséquent des renouvelables est de nature à limiter le risque de non-atteinte des objectifs climatiques", souligne RTE. Autre avantage de la construction de nouveaux réacteurs : c'est un choix "pertinent" du point de vue économique même si cet avantage est soumis à la capacité à accéder à des financements compétitifs.

Un dernier scénario imagine enfin 14 EPR plus des petits réacteurs et la prolongation d'une partie du parc existant au-delà de 60 ans, permettant d'avoir encore 50 % de nucléaire en 2050. RTE souligne le défi technique que poserait ce dernier choix, avec beaucoup d'incertitudes associées.

Avec AFP.

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide pratiques "365 jours pour faire sa transition Made in France"

Au sommaire : enjeux, analyses, interview, quiz, conseils et astuces... 68 pages de solutions pour passer au 100% Made in France.