©FreeProd33/Shutterstock
Conso

Un label pour certifier l'électricité verte renouvelable

Alors que les consommateurs s'intéressent de plus en plus à l'électricité verte, celle-ci n'est pas forcément issue d'énergies renouvelables. L'ADEME a donc proposé un nouveau label, VertVolt, pour apporter de la transparence sur ces offres.

Aujourd’hui 70% des offres d’électricité en France se disent "vertes", mais ne garantissent pas forcément qu’elles soient issues d’énergies renouvelables. Pour répondre à ce problème de transparence, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a décidé de lancer ce vendredi 22 octobre son label VertVolt, pour garantir le caractère renouvelable de l’électricité pour les consommateurs. Brice Arnaud, économiste à l’ADEME, présente à ID les raisons pour lesquelles l’agence a décidé de mettre en place ce label.

Qu’est-ce qui vous a motivé pour porter ce nouveau label ?

Nous avions publié un avis de l'ADEME sur les offres d’électricité verte, dans un contexte où certains articles sont sortis dans la presse et décriaient le contenu de ces offres. L'agence s’est donc intéressée à ce qu’est une offre d’électricité verte.

Nous nous sommes aperçus, contrairement à ce que l’on peut attendre, qu’elles ne nécessitaient pas forcément l’achat d’électricité à des installations renouvelables. Elle imposait uniquement l’achat d’un certificat, une garantie d’origine, ainsi qu’un achat d’électricité qui peut venir d’installations renouvelables ou non. C’est cette décorrélation entre l’achat du certificat et celui de l’électricité qui a amené l'ADEME à s’interroger et à essayer de mettre en place un label qui garantit au consommateur qu’il y aura bien l’achat d’électricité à des installations renouvelables.

Ce ne sont donc pas les fournisseurs en soi qui sont labellisés, mais leurs offres ?

Tout à fait. Certains fournisseurs pourront avoir l’intégralité de leur offre labellisée, mais nous concentrons notre label uniquement sur les offres. Plusieurs fournisseurs ont déjà des offres labellisées, qui sont répertoriées sur notre page web. Les fournisseurs pourront également mettre en avant ces offres labellisées sur leurs propres sites à destination de leurs clients.

Est-ce une manière de lutter contre le greenwashing ?

Nous voulons être certains que le consommateur puisse comprendre le contenu lorsqu’il décide de souscrire à une offre d’électricité verte, que celle-ci réponde à ses attentes d’achat d’électricité renouvelable, et contribuer au développement de ces nouvelles installations électriques en France.

Est-ce que vous disposez d’assez d’offres pour proposer votre label ?

Nous voulions au moins trois offres de différents fournisseurs. Nous avons eu les remontées de nos organismes de labellisation, celles qui accréditent les fournisseurs. Aujourd’hui, nous avons cinq fournisseurs qui ont fait un dépôt de dossier de candidature :  EDF, Enercoop, Oui Energy, Plüm Energie et Engie. Certains ont proposé une offre, d’autres deux.

Certains ont soumis des offres que nous avons classifiées comme "choix engagé", qui correspond au premier niveau du label. D’autres ont choisi le niveau supérieur : "le choix très engagé", qui leur impose nécessairement de s’engager à développer de nouvelles installations d’énergies renouvelables en France.

Quels sont les critères pour accéder à ce label ?

Il y a deux niveaux de labellisation. Le tronc commun, c’est de devoir acheter de l’électricité à des installations renouvelables, autant que le fournisseur en vend à ses clients. Le premier niveau va imposer que cette électricité soit issue d'installations qui répondent à certaines caractéristiques que nous considérons comme "génératrices d’additionalités": des installations qui se sont développées sans aucun soutien de l’Etat ou public. L'achat d'électricité se fait donc pour rentabiliser l’installation et son développement.

Nous voulons qu’a minima, le consommateur voit sur sa facture d’électricité qu’il va rémunérer des producteurs d’énergies renouvelables."

La seconde possibilité consiste à acheter de l’électricité à des installations qui sont dites "sous gouvernance partagée en communauté d’énergies renouvelables". Cela ne veut pas dire qu’elles ne bénéficient pas de soutien public, mais elles vont associer très fortement des collectivités locales ou des citoyens dans leur développement. Ce sont généralement des installations plus complexes, plus coûteuses à développer.

Votre objectif, c’est donc que le consommateur voit son argent utilisé dans l’esprit dans lequel il souhaite l’investir ?

Tout à fait. Nous voulons qu’a minima, les consommateurs voient sur sa facture d’électricité qu’il va rémunérer des producteurs d’énergies renouvelables. S’ils vont vers notre choix "très engagé", la facture sera légèrement plus élevée qu’une facture normale, mais elle va permettre l’installation de nouvelles énergies renouvelables.

Est-ce que vous pensez que ce label peut vraiment faire une différence pour soutenir activement le développement des énergies renouvelables en France ?

Si un grand nombre de consommateurs choisi de se tourner vers ce label, cela accélèrera le développement des énergies renouvelables en France. Cela permettra aussi d’atteindre des objectifs de politique publique en matière d’évolution du mix électrique, d'augmenter la part des énergies renouvelables.

Nous souhaitons que [le label] soit exigeant et accessible à un nombre suffisant de consommateurs et de fournisseurs"

Votre objectif est donc également que ce label soit un argument marketing pour les fournisseurs. Comment comptez-vous y parvenir ?

Nous ne voulions pas que le label VertVolt repose sur des critères trop exigeants pour finalement devenir juste un label de niche concentré sur quelques petits fournisseurs et un petit portefeuille de clients. Nous souhaitons qu’il soit exigeant et accessible à un nombre suffisant de consommateurs et de fournisseurs, pour qu’ils puissent bénéficier d’une visibilité constante et faire évoluer leurs exigences au fil des années. L’idée, c’est vraiment d’y aller graduellement, progressivement, pour emmener un maximum de consommateurs et de fournisseurs dans cette démarche d’amélioration des offres d’électricité verte.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici

3 QUESTIONS A ENERCOOP SUITE À LA CRÉATION DE CE LABEL : Julien Courtel, Chargé de relations et discours producteurs, Enercoop.

Comment voyez-vous la création de ce label sur le marché de l’électricité ?

Le label VertVolt a des qualités indéniables : un renforcement de la transparence, une exigence d'achat conjoint entre l'électricité et les garanties d'origine, la prise en compte des additionnalités économique et sociétale, la pastille "sans nucléaire"... Il est donc bienvenu dans un environnement compliqué où il est difficile de faire la différence entre les multiples "offres vertes" du secteur. C'est une première avancée positive et nous espérons que le label évoluera vers plus d'exigences dans les mois et années à venir.

L’ADEME dit vouloir lutter contre le greenwashing, c’est un gros enjeu ?

Le marché de la fourniture d'électricité est dense et complexe ; ce n'est pas évident de s'y retrouver. Pour un particulier, il est difficile de trouver l'offre qui correspondra vraiment au projet qu'il souhaite soutenir grâce à sa facture d'électricité. Le label VertVolt va permettre d'y voir plus clair, et d'expliquer clairement quels sont les critères qui peuvent différencier une offre d'une autre. Notre secteur n'est pas exempte de greenwashing au détriment de consommateurs qui pensent sincèrement faire bien. Donc, oui, le label peut aider ces gens dans leur choix. Cependant, il ne concerne que les offres, et pas les fournisseurs. Ceux-ci peuvent donc développer des activités incompatibles avec les enjeux climatiques tout en ayant des offres vertes labellisées.

Est-ce que cela va changer quelque chose dans vos engagements, pour aller plus loin notamment ?

Depuis près de dix ans, le contrat direct est au cœur de notre modèle d’approvisionnement qui achète conjointement l’électricité et la garantie d'origine associée, à plus de 350 producteurs en France. En certifiant que les clients particuliers d’Enercoop font un "choix très engagé”, ce label valorise les installations appartenant à des collectifs de citoyens et/ou des collectivités, ce qui représentent chez Enercoop plus de la moitié des sites de production. Ce label vient donc confirmer nos choix. Nous avons la volonté d'aller toujours plus loin et d’accélérer vraiment la transition énergétique aux mains des citoyennes et des collectivités.

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide pratiques "365 jours pour faire sa transition Made in France"

Au sommaire : enjeux, analyses, interview, quiz, conseils et astuces... 68 pages de solutions pour passer au 100% Made in France.