Question: Quel est le bilan carbone d'une trottinette électrique en libre-service?
Réponse: La première génération de trottinettes électriques partagées, que j'avais étudiée en 2019, présentait un bilan carbone autour de 109 g de CO2 équivalent par kilomètre parcouru. La moitié de cet impact était liée à la gestion de flotte, c'est-à-dire des camionnettes qui tournaient dans les rues de Paris pour les récupérer ou les charger. L'autre moitié était liée aux émissions de la production: principalement du cadre en aluminium, et, dans une moindre mesure, la production des batteries.
Ce bilan n'était vraiment pas exceptionnel: il était équivalent à l'empreinte carbone du déplacement en bus diesel à Paris, et 10 fois plus important que le vélo, le métro ou le RER.
Et donc le bilan carbone en fonction du report des modes de déplacement et des distances réellement parcourues, avant et après l'arrivée des trottinettes, donnait un bilan carbone de la ville de Paris en très légère augmentation.
Q: Que s'est-il passé ensuite?
R: Quand les opérateurs de trottinettes électriques partagées ont été épinglés d'un point de vue environnemental, ils ont commencé à mieux gérer leur flotte et à éco-concevoir leurs trottinettes. On arrivait en deuxième génération, avec une gestion de flotte internalisée et des vans électriques, et donc un bilan environnemental plus bas, à un bilan carbone de la trottinette partagée plutôt autour de 60 g de CO2 équivalent au kilomètre.
Cela fait toujours plus que le vélo personnel, le métro ou le RER. Et il se trouve que ce sont majoritairement ces modes qui ont été remplacés par des trajets en trottinettes partagées. Néanmoins, comme ça remplace quand même aussi un peu de taxi et de véhicule personnel, on arrive en fait en seconde génération à un léger gain en terme d'empreinte carbone grâce aux trottinettes électriques partagées dans la ville de Paris.
Q: Que pensez-vous de la fin des trottinettes en libre service ?
La trottinette électrique partagée est aussi une porte d'entrée à l'acquisition d'une trottinette personnelle qui a un bilan carbone vraiment performant.
Pour l'environnement, c'est quand même dommage de ne plus donner l'accès aux trottinettes partagées, qui étaient un vecteur de transition des habitudes de déplacement des citadins.
Que le bilan soit un tout petit peu négatif en première génération, un tout petit peu positif en deuxième génération, ça ne change pas la face du monde d'un point de vue environnemental.
Ce qui est important, c'est de changer nos façons de se déplacer et le plus rapidement possible, car d'un point de vue climatique on se dirige droit dans le mur. La trottinette permettait d'avoir accès facilement à ce mode, à le tester, voir s'il était intéressant en fonction des besoins de déplacement. Et souvent ça donnait envie de changer de mode de transport.
Avec AFP.
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