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Leader mondial des vins et des spiritueux premium depuis près de 50 ans, Pernod Ricard place les enjeux du développement durable au cœur de sa stratégie. Pour ID, son responsable RSM Mickael Couto revient sur les défis à relever en matière de RSE : réduction de leur empreinte carbone, transition vers une agriculture régénératrice, recyclage du packaging, etc.
Au départ, nous avions deux sociétés françaises, réunies aujourd’hui sous l’égide d’un grand Groupe : comment ne pas perdre son âme dans ce changement d’échelle ?
Depuis la création de Pernod Ricard en 1975, le Groupe a en effet évolué mais nous restons toujours profondément attachés à nos valeurs et à notre histoire. La France, notre berceau historique, demeure le plus gros bassin d’emploi du Groupe et nous sommes fiers de nos racines hexagonales. L’entreprise familiale est devenue un groupe du CAC40 dirigée par Alexandre Ricard, le petit fils de son co-fondateur Paul Ricard. L’engagement de long terme de la famille Ricard, notre actionnaire de référence, nous permet d’ailleurs de construire dans la durée. Nous nous sommes développés en restant fidèles à notre vision de Créateurs de Convivialité. Elle fait la force de notre Groupe et constitue même un avantage compétitif car c’est sur elle que repose le formidable engagement de nos collaborateurs, que ce soit dans leurs relations au quotidien entre collègues ou avec nos parties prenantes.
Quels sont les enjeux RSE auxquels vous êtes confrontés dans votre métier ? Avez-vous identifié de nouveaux enjeux en lien avec le dérèglement climatique ?
La RSE n’est pas un sujet nouveau chez Pernod Ricard. Le Groupe a toujours intégré les enjeux du développement durable dans ses décisions. Avant même la création du Groupe, Paul Ricard avait notamment créé, dès 1966, l’Institut Océanographique Paul Ricard en faveur de la préservation des océans, et son action se poursuit aujourd’hui.
Notre feuille de route RSE a trois grandes priorités : préserver la planète, promouvoir une consommation responsable et agir en tant qu’entreprise citoyenne.
Pour renforcer nos engagements, nous avons déployé en 2019 une nouvelle feuille de route, aux ambitions fortes, appelée "Good Times from a Good Place" (Préserver pour Partager). Parmi les principaux enjeux, nous retrouvons bien évidemment le volet agricole de notre activité. Nos produits proviennent de plus 120 ingrédients dans le monde et l’agriculture compte pour 50% de nos émissions. Pour faire face au changement climatique, nous accompagnons nos agriculteurs partenaires dans leur transition vers une agriculture durable grâce à l’agriculture régénératrice pour protéger les sols et les écosystèmes naturels. Nous accompagnons par exemple nos partenaires betteraviers, avec l’appui du mouvement "Pour une Agriculture du Vivant" dans les Hauts de France. Depuis 2007, nous relocalisons de la culture du fenouil aromatique en France, ingrédient phare du Ricard qui lui apporte son goût anisé. Il est aujourd’hui produit dans plusieurs régions, en Normandie (Eure), sur 164 ha, en Provence, sur 180 ha ou encore en Centre-Val de Loire et un 4e site de production est prévu en 2023. Nous sommes aussi engagés depuis 40 ans dans la culture raisonnée de la gentiane. Autant d’initiatives qui favorisent le développement de la biodiversité. Et nos actions ne s’arrêtent pas là. Pour accompagner une croissance durable et qui prenne en compte les enjeux planétaires, la RSE doit infuser chaque métier de l’entreprise, sur l’ensemble de notre chaîne de valeur, du terroir au comptoir. La RSE est aujourd’hui intégrée à nos critères de décision, au même titre que la viabilité économique d’un projet.
Dans ce contexte, quelles sont vos priorités et comment se reflètent-elles dans votre stratégie RSE ?
Notre feuille de route RSE a trois grandes priorités : préserver la planète, promouvoir une consommation responsable et agir en tant qu’entreprise citoyenne.
La préservation de la planète passe par la transition vers l’agriculture régénératrice mais aussi par des innovations et investissements pour réduire notre empreinte carbone, que ce soit au niveau de notre outil industriel, de nos packagings ou du transport. En tant qu’entreprise citoyenne, nous nous engageons à promouvoir les savoir-faire locaux, en maintenant par exemple une production 100% française pour Ricard ou en développant l’outil industriel de Lillet, sur ses terres d’origine, à Podensac (région de Bordeaux).
Il n’y a pas une seule solution, il faut agir avec ambition, là où les impacts sont significatifs.
Un autre point essentiel de notre stratégie, et propre à notre secteur d’activité, c’est la convivialité responsable. C’est une de nos priorités absolues. Il s’agit de promouvoir une consommation sans excès, en sensibilisant les consommateurs à la notion de modération. Pour ce faire, différentes initiatives ont été lancées depuis de nombreuses années et de nouvelles ont vu le jour récemment. Elles passent par une offre de produits sans alcool permettant de modérer sa consommation en alternant par exemple, au cours d’une soirée, entre produits avec et produits sans alcool. Nous avons commencé avec Ceder’s, une alternative au gin ; nous avons ensuite lancé il y a un an une version prête à boire d’un cocktail iconique de notre gamme : Suze Tonic Zéro qui est disponible dans la grande distribution depuis janvier. La prévention fait bien évidemment partie de cette convivialité responsable. Nous avons ainsi déployé depuis 2022 une nouvelle campagne de communication disruptive, "Drink More Water", qui incite les consommateurs à boire … plus d’eau ! pour inciter à limiter la consommation d’alcool tout en s’hydratant. Vous verrez peut-être des équipes que nous appelons les "désoiffeurs" distribuer de l’eau gratuitement durant les festivals de l’été. Enfin, dernière innovation en date, nous déployons sur nos bouteilles une étiquette digitale, qui apporte des informations sur la santé, les recommandations des quantités à respecter pour une consommation modérée mais aussi les informations nutritionnelles ou les ingrédients contenus dans les produits. Nous répondons à la demande de transparence des consommateurs, en leur apportant toutes les informations leur permettant de faire des choix éclairés et responsables. Il s’agit d’une première à l'échelle d’un groupe, cette étiquette digitale étant progressivement déployée sur l’ensemble de nos marques et dans tous les pays où nous sommes présents.
Comment pensez-vous atteindre la réduction de 50% de votre empreinte carbone en 2030 ?
Il n’y a pas une seule solution, il faut agir avec ambition, là où les impacts sont significatifs.
En matière agricole, d’ici à 2030, 100% de nos matières premières clés seront produites ou approvisionnées selon les standards d’agriculture durable ou régénératrice. La transition vers cette agriculture régénératrice est un des éléments qui nous permettra d’atteindre nos objectifs. Nous agissons également sur nos sites de production, en passant à l’usage d’énergies renouvelables, en innovant pour réduire notre consommation énergétique, notamment dans nos distilleries et en investissant pour la modernisation ou la création de nouvelles infrastructures à plus faible impact carbone.
Aujourd’hui, le consommateur est avant tout un citoyen. Il attend des entreprises et des marques qu’elles se mobilisent et agissent pour l’environnement.
Le packaging est également une composante importante. Cela passe par la réduction du poids des bouteilles, limitant ainsi les émissions liées à leur production et à leur transport, ou par la recherche de nouveaux modèles de production des bouteilles, car si le verre est recyclable à l’infini, la production d’une bouteille recyclée consomme de l’énergie. Nous avons par exemple réduit le poids de la bouteille de Lillet de110g l’an dernier. Enfin, nous étudions de nouveaux modes de distribution, maximisons l’usage de biofioul pour les transports routiers et créons des partenariats innovants. Nous avons par exemple mis en place un système d’approvisionnement par camions citernes fonctionnant au bioéthanol depuis janvier 2021 avec les transports Veynat, pour Lillet. Cette démarche nous permet de réduire de 90% nos émissions de CO2 liés aux transports des vins et favorise l’économie circulaire, car le bioéthanol est issu des résidus viniques de la région bordelaise.
Quelles sont les conséquences pour le consommateur ?
Aujourd’hui, le consommateur est avant tout un citoyen. Il attend des entreprises et des marques qu’elles se mobilisent et agissent pour l’environnement. En tant que numéro 2 mondial des spiritueux, il est de notre devoir d’aller encore plus loin. Nous devons accompagner le changement. La sensibilisation constitue un levier important. L’an dernier, par exemple, nous avons mené une grande campagne Ricard de sensibilisation aux enjeux de la circularité : recyclage des bouteilles, utilisation du verre recyclé dans leur fabrication… Aujourd’hui, la bouteille de Ricard contient au minimum 80% de verre recyclé.
Certaines actions sont imperceptibles pour le consommateur-citoyen, comme la réduction du poids des bouteilles. D’autres sont plus visibles, comme l’abandon des étuis. Nous étudions aussi de nouveaux schémas de distribution, comme la livraison en vrac pour les cafés, hôtels et restaurants, qui nécessitent de rompre avec ses habitudes d’achat. Nous sommes convaincus que ces actions sont essentielles. Pour assurer leur succès, il faut emporter l’adhésion du consommateur. Nous devons rendre la RSE désirable pour le consommateur et transmettre cette notion de transition vertueuse vers des habitudes durables et pérennes.
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