Quels sont les dispositifs de mobilisation écologique existants dans le cadre de notre travail ?  
©Oleksandr Pidvalnyi/Pixabay
INFO PARTENAIRE

Éco-responsabilité au bureau : quelles sont les solutions à la portée des salariés ?

Que son entreprise ait mis en place ou non une démarche RSE, tout salarié peut décider d’y porter son propre engagement écologique et a d’ailleurs différentes solutions pour le faire, quel que soit son degré de motivation. ID, en partenariat avec l’ADEME, fait la lumière sur les écotaffeurs... 

Selon l’ADEME, un sondage* montre que 8 salariés sur 10 choisiraient de rejoindre une entreprise engagée pour la transition écologique, à offre équivalente. Aussi, certains salariés se retrouveraient en situation de dissonance cognitive et 10 % des cadres ressentiraient des “remords écologiques” vis-à-vis de leur travail.  

Face à ce constat, différentes options s’offrent à ces salariés : partir, pour rejoindre un environnement plus proche de leurs valeurs... Ou encore... rester. Et essayer de faire bouger les lignes de l’intérieur.  

Mais chacun ayant des motivations et des aspirations différentes, quels sont les dispositifs de mobilisation écologique existants dans le cadre de leur travail ?  

Un projet de recherche-action a été mené à ce sujet par l’ADEME et quatre partenaires du domaine de la RSE, à savoir le Collège des Directeurs du Développement durable, Entreprises pour l’Environnement, Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises et Action for Market Transformation. Cette démarche sociologique qualitative a été conduite par le sociologue Gaëtan Brisepierre et son équipe et a permis de mieux connaître ces dispositifs. Écotaf : la mobilisation écologique des salariés, a été publié en décembre 2023.  

Recherche de sens 

Mais d’abord et avant tout, qu’est-ce qu’un écotaffeur ? La synthèse de l’étude sociologique menée par Gaëtan Brisepierre évoque des “salariés moteurs qui aspirent à l’accélération de la transformation écologique de l’entreprise”.  

“Il s’agit de cadres en recherche de sens au travail et qui expriment une certaine distance vis-à-vis de leur métier (lassitude ou aisance...). Bien qu’ils fassent majoritairement partie de la génération Y (née après 1980), on trouve également des salariés plus âgés”, est-il précisé dans la synthèse de l’étude sociologique. Certains ont rejoint des réseaux d’engagement écologique et disposent de ressources qui les “prédisposent à la mobilisation”.  

Trois étapes de leur engagement dans la mobilisation écologique au travail ont été identifiées et sont détaillées dans cette synthèse :  

-un déclic écologique personnel tout d’abord, intervenu à la suite d’une expérience marquante comme un voyage à l’étranger, le confinement, etc. Déclic qui déclenche alors une “phase d’acculturation à l’écologie” par le biais de lectures notamment, et “des changements de mode de vie personnel” ;  

-le dilemme de “l’insider activist** : ces salariés se posent la question de la démission “pour exercer une activité plus conforme à leurs convictions”, tout en éprouvant un sentiment de loyauté vis-à-vis de leur entreprise “pouvant être renforcé par les discours volontaristes sur l’écologie des dirigeants” ; 

-enfin, le choix, celui de rester en espérant changer la donne au sein de leur entreprise.  

Quels sont les leviers possibles ?  

L’étude Écotaf détaille plusieurs types de dispositifs mobilisateurs ou autrement dit, plusieurs façons de se mobiliser selon son degré de motivation. À travers :  

-des ateliers, qui favorisent les dynamiques de groupe

L’ADEME cite par exemple l’atelier “2tonnes”. Son ambition : donner aux individus et aux organisations des clés, en équipe, pour comprendre comment agir et contribuer à “une transition réaliste et inspirante” qui assurera un monde “juste et sûr pour l’humanité”. Le tout en se donnant un objectif clair :  n’émettre plus que deux tonnes équivalent CO2 par personne et par an en 2050, la moyenne actuelle étant de 9 tonnes.  

-des parcours de formation ou de sensibilisation

Ceux-ci se déroulent généralement sur plusieurs mois et permettent de "transformer les individus à travers une montée en compétence, un travail sur les émotions et l’expérience de nouvelles méthodes", pointe l’ADEME, qui cite l’exemple de Corporate for Change. Ce programme d’intrapreneuriat vise à faire émerger des projets d’innovation stratégique pour construire des organisations “plus innovantes, résilientes et respectueuses du vivant”. Au programme : des réunions deux jours par mois pour créer “un projet innovant à impact social et écologique”.  

-des plateformes digitales, pour le partage d’expériences entre des salariés travaillant sur différents sites de la même entreprise 

Par exemple, via Lakaa. Ce dispositif de référence des entreprises multi-sites vise à déployer, suivre et valoriser les actions RSE avec les équipes locales, à des échelles nationales, européennes ou internationales. Les collaborateurs peuvent mettre en ligne leurs actions RSE et proposer de nouveaux axes d’intervention, explique l’ADEME, ce qui crée une émulation.  

-des réseaux de salariés : pour créer une dynamique collective dans toute l’entreprise

Les salariés de différentes entreprises peuvent échanger et mener des “actions d’influence” auprès des dirigeants à travers des tribunes, par exemple. Les Collectifs est par exemple un mouvement salarial fondé sur l’action. Il implique des collectifs de salariés qui souhaitent agir à leur niveau pour la transition écologique et sociale. “Ils mènent des initiatives concrètes au sein des entreprises pour les ‘transformer de l’intérieur’”, et ce par le biais de trois leviers : sensibiliser et former ; faire évoluer les pratiques internes ; plaider pour une redirection responsable des modèles d’affaires.  

Différents degrés d’implication 

À travers ces dispositifs, dont 12 ont été analysés de manière approfondie, à chaque salarié son niveau d’implication. L’ADEME évoque d’une part les salariés moteurs, ceux qui vont animer un dispositif, organiser des ateliers, assurer la relation avec la RSE, communiquer en interne pour recruter d’autres salariés... D’autre part, les salariés participants, plus distants car leur implication reste “ponctuelle et incertaine” au sein du dispositif. Entre les deux, les salariés relais, qui sont volontaires pour contribuer à un dispositif, par exemple un animateur de la Fresque du Climat. Ils sont décrits comme étant reconnus pour leur posture d’entrepreneur ou alors comme “piliers” de l’entreprise, avec une ancienneté importante ou qui sont cadres...  

Peu importe le degré d’implication de chacun, toutes les actions comptent... Mais quel est l’impact réel de cette mobilisation ?  

L’ADEME constate que celle-ci favorise la “décentralisation des actions RSE” ainsi qu’une “meilleure collaboration entre les différents services”.  

Toutefois, si ces actions de sensibilisation se multiplient, il semblerait que la part de salariés qui modifient leurs comportements reste encore minoritaire. Même bien sensibilisés et conscients des enjeux, un grand nombre n’adoptent pas des comportements plus écologiques au quotidien. Les solutions pour entrer dans une nouvelle dynamique semblent encore assez floues ou inaccessibles. 

Aussi, l’Agence de la Transition écologique souligne que cette mobilisation devra être couplée à un engagement plus marqué des dirigeants pour être efficace, avec des pistes concrètes d’actions pour les salariés. 

Et c’est pourquoi, pour accompagner les salariés dans leurs actions individuelles ou collectives, l’ADEME vient de publier un guide avec de nombreux conseils pour tous les jours : “Comment être écoresponsable au bureau ?”. À découvrir et à faire circuler largement à tous vos collègues ! 

 

 

Quelques chiffres et solutions au quotidien 

218, c’est le nombre de jours que nous passons par an au bureau. Voilà pourquoi nos gestes et nos comportements au quotidien comptent (1) ;   

19 °C : c’est la bonne température au bureau pour faire des économies d’énergie. En hiver. En été, ne recourir à la climatisation que si la température dépasse 26 °C ; 

95 grammes : c’est le poids du gaspillage alimentaire en moyenne par convive dans les entreprises (2). Par ailleurs, la consommation nomade (hors maison ou restaurant), génère  300 000 tonnes de déchets par an selon Citeo. Ayons toujours le réflexe du tri, et place au mug, à la gourde et à la lunch box ! 

13 %, c’est le pourcentage de gaz à effet de serre des transports que représentent les déplacements domicile-travail, soit 17, 4 millions de tonnes de CO2e en 2019, dont 98 % dues à la voiture (3). Quelques alternatives à l’auto perso : le covoiturage, le vélo (profitez si possible du forfait Mobilités durables), les transports en commun, l’auto-partage...  

4, 4 %, c’est le pourcentage du numérique en France dans l’empreinte carbone, soit autant que les poids lourds, et 11 % de la consommation électrique nationale. Si rien n’est fait, l’impact du numérique pourrait tripler d’ici 2050, alors que la France vise à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre (4). Quelques pistes : faire durer ses appareils plus longtemps, avoir recours au reconditionné en cas de besoin, bien paramétrer son ordinateur... 

Plus de détails dans le guide de l’ADEME : “Comment être écoresponsable au bureau ?” Notamment aussi concernant le télétravail, qui diminue nos déplacements et donc nos émissions de gaz à effet de serre, mais qui implique quelques réflexes pour ne pas annuler ce bénéfice environnemental. 

1- Durée de travail pour les salariés ayant une convention individuelle en forfait jours - servicepublic.fr  

2- Le gaspillage alimentaire en restauration collective, ADEME, 2024  

3- INSEE Première N° 1975, décembre 2023 

4- ADEME-ARCEP 

*BRISEPIERRE Gaëtan, La mobilisation écologique des salariés, Synthèse du projet #ECOTAF, novembre 2023. Sondage cité : DARES, Enquête Conditions de travail, 2019 

**BERENI Laure, DUBUISSON-QUELLIER Sophie, « Au-delà de la confrontation : saisir la diversité des interactions entre mondes militants et mondes économiques », Revue Française de Sociologie, 61-4, 2020 

En partenariat avec l'ADEME.