4jours.work est accompagné dans ce projet par le mouvement international 4 Day Week Global
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Entreprises

Philippe du Payrat : "L'IA et la semaine de 4 jours sont les 2 révolutions majeures du monde du travail"

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Accompagner les entreprises françaises vers le passage à la semaine de 4 jours, tel est le pari que s’est fixé Philippe du Payrat, fondateur de 4jours.work. Il initie le tout premier programme national dédié à accompagner les entreprises, tous secteurs et toutes tailles confondus, dans le passage à l'action.

La semaine de 4 jours fait partie de ces débats qui animent la société depuis des années. Alors qu’une expérimentation dans la fonction publique avait été annoncée par Gabriel Attal lorsqu’il était Premier ministre, Gérald Darmanin estimait en octobre 2024 que mettre fin aux 35h et augmenter le temps de travail des Français permettrait de créer plus de richesses. 

Face au manque de données objectives et concrètes sur le sujet, Philippe du Payrat lance le 1er pilote national permettant aux entreprises d’expérimenter la semaine de 4 jours, avec l’aide de chercheurs et d’autres acteurs du mouvement, à l’international. 

Quel est l’objectif du projet ? 

Notre mission est de démocratiser la semaine de 4 jours en France, sous toutes ses modalités. Nous proposons une formation à la fois stratégique, opérationnelle, juridique et RH avec 4 axes fondamentaux : la performance de l’entreprise, la qualité de vie au travail, l’usage du temps libre et l’impact environnemental.

Nous ne faisons pas ça tout seuls. Nous sommes accompagnés par des chercheurs de l’EM Lyon Business School et soutenus par un mouvement global, le 4 Day Week Global, qui a déjà géré des expérimentations dans une quinzaine de pays. Notre but est de réunir les entreprises françaises qui veulent expérimenter et décider de poursuivre, d’ajuster ou d’arrêter à l’issue de l’expérimentation. 

Quel processus suivent ces entreprises ? 

La première étape est d’établir son score de capacité à passer à la semaine de 4 jours grâce à un diagnostic disponible gratuitement sur notre site Internet. Nous allons ensuite passer 2 mois à planifier ensemble quelle semaine de 4 jours vous convient le mieux, parce que toutes les entreprises n’ont pas les mêmes objectifs ou les mêmes possibilités. Une fois que c’est établi, on appuie sur le bouton et on lance l’expérimentation !

Une fois que les entreprises sont formées, elles décident si elles veulent basculer. Si elle le fait, on observe comment ça se passe et on en tire des conclusions."

Lors de cette expérimentation, nous mettons en place des ateliers collectifs, durant lesquelles nous testons les différentes semaines de 4 jours, des ateliers individuels, notamment des sessions de coaching RH et des cours en ligne. Les entreprises ont aussi accès à la plus grande communauté d’entreprises passées en semaine de 4 jours dans le monde et en France. 

Vous dites que les modalités ne sont pas les mêmes pour toutes les entreprises. Quelles sont ces différentes modalités ? 

Sur les 400 entreprises formées par 4 Day Week Global dans le monde, il n’y a pas une semaine de 4 jours qui soit la même entre entreprises, ou parfois entre services. Certains décident de ne pas travailler le vendredi, certains le lundi, d’autres une semaine sur 2, d’autres une demi-journée le lundi matin et le vendredi après-midi, c’est très variable. 

Toutes les entreprises peuvent-elles participer à ce mouvement ? 

Dans le premier groupe qu’on accompagne depuis décembre, il y a une boulangerie, un cabinet de recrutement, une usine agro-alimentaire, un institut de formation, un bureau d’étude, une association... Ce qui doit être mis en place diffère selon les entreprises. Je ne dis pas que toutes les entreprises doivent absolument se tourner vers ce modèle, je dis plutôt que vous auriez tort de ne pas essayer.

Pour aller plus loin :Slow Life : mode d’emploi pour ralentir” 

Lorsque la semaine de 5 jours a été discutée, tout le monde pensait que ça ne marcherait pas, ou alors pas partout. On entendait des arguments comme "les ouvriers vont passer leur temps à boire, ça va être la ruine du capitalisme". Et aujourd’hui, c’est la norme. 

Qu’est-ce qui pousse des entreprises à faire cette transition aujourd’hui ? 

De la même façon que les secteurs sont variés, les raisons sont variées. Pour certains, c’est une question d’attractivité, pour d’autres, de lutte contre l’absentéisme, d’autres pour innover et être plus productifs, d’autres veulent prendre soin de leurs salariés, etc. 

Les gens valorisent plus leur temps que l'argent, et à tous niveaux, grand salaire et petit salaire."

Pour moi, l’intelligence artificielle et la semaine de 4 jours sont les deux révolutions majeures du monde du travail dans les 10 prochaines années. Et ils peuvent être liés. C'est un enjeu de compétitivité face aux attentes des nouvelles générations. Les entreprises les plus performantes seront celles qui captent et qui retiennent les meilleurs talents. C’est aussi un enjeu d’égalité homme-femme car elles sont plus nombreuses à être à 80 %, tout en faisant du 100 % car leur fiche de poste n’a jamais été revue. 

Il ne s’agirait donc pas forcément de conserver le modèle des 35h ? 

C’est une possibilité, mais ce n’est pas le seul modèle possible. On se rend compte que le volume horaire n’est pas forcément en rapport avec la productivité. Rester à 35h, c’est bien, mais ce n’est pas transformationnel, ça s’appelle juste faire du "Tetris". Ça ne vous demande pas de repenser votre façon de faire, d'automatiser plus, de réfléchir à une meilleure communication ou de repenser les réunions. Les gains de productivité, ils viennent en se demandant : "Où est-ce que je peux gagner du temps qui n’est pas productif ?".