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Environnement

Allocution d'Edouard Philippe : le Premier ministre promet "une accélération écologique"

Le Premier ministre Edouard Philippe a promis mercredi "une accélération écologique" en France dans les 12 prochains mois, annonçant notamment une hausse des appels d'offres dans l'éolien en mer mais laissant sur leur faim des tenants de réformes plus musclées.

"Plus personne n'a aujourd'hui le monopole du vert", a argué le chef du gouvernement dans sa déclaration de politique générale, deux semaines après le succès écologiste aux élections européennes.

Insistant sur "l'urgence écologique", il a admis avoir "mis du temps" à reconnaître son ampleur. Mais "les jeunes nous bousculent. Partout nous constatons les dérèglements climatiques, la pollution de l'air, des sols et des mers".

Plaçant ce chapitre haut dans son allocution, il a annoncé, du côté de la transition énergétique, une hausse du rythme des appels d'offres pour l'éolien en mer.

Avec la baisse des coûts constatée, "nous pourrons augmenter le rythme des futurs appels d'offres à un gigawatt par an", a-t-il indiqué. Ce qui double quasiment les prévisions initiales du gouvernement et répond aux revendications des professionnels.

"Nous sommes très contents", a dit le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Jean-Louis Bal, à l'AFP. "C'était aussi la demande des régions littorales, qui ont déjà réalisé des investissement importants : 600 M d'euros pour aménager les ports".

Aux niveaux d'efficacité actuels, 1 GW peut représenter environ 150 éoliennes.

Toujours sur le front énergétique et climatique, Edouard Philippe a annoncé une "remise à plat" des aides à la rénovation énergétique des bâtiments, trop "complexes".

"Nous transformerons le crédit d'impôt de transition énergétique en une aide plus massive, en faveur de ceux qui en ont le plus besoin", a-t-il dit, appelant les députés à faire des propositions et à "raisonner au-delà des normes et des obligations".

Mais pour les ONG environnementales, cela ne peut fonctionner que par obligation aux propriétaires.

"Les mesures incitatives ne suffisent pas pour massifier les rénovations, car les travaux c'est compliqué", a réagi Anne Bringault, du Réseau Action Climat.

La réhabilitation des millions de logements "passoires" du pays est une mesure essentielle pour réduire la consommation d'énergie, mais elle ne parvient pas à décoller en France.

"Autant Edouard Philippe a mis en avant l'urgence de la transition en début de discours, autant il n'y a pas eu grand chose de concret", estime encore Mme Bringault.

- réformes citoyennes "puissantes" -

Sur le plastique, le chef du gouvernement a annoncé que l'Etat serait "exemplaire", en bannissant dès 2020 "tous les produits en plastique jetables de l'administration", sans davantage de précisions.

Au-delà de ce symbole, "le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire" sera une des trois priorités de la rentrée parlementaire de septembre, a-t-il dit.

L'instauration d'une consigne sur certains emballages fera l'objet d'une concertation notamment avec les collectivités.

Le projet de loi prévoiera aussi la possibilité d'imposer l'incorporation de plastique recyclé dans les bouteilles en plastique, ainsi que dans les boîtes plastiques (du type de celles de la vente à emporter, a-t-on précisé de source ministérielle).

Mercredi soir l'ONG Zero Waste attendait d'avoir plus de précisions. Globalement, l'ONG se félicite de voir la responsabilité des producteurs accrue par cette future loi (tels les fabricants de jouets, d'articles de sport, contraints de contribuer à la collecte des articles en fin de vie), mais s'inquiète d'un prisme porté sur le recyclage plus que la surconsommation.

"Aucune mesure concrète n'est annoncée pour stopper l'artificialisation des milieux, réduire les intrants agricoles, mettre enfin un terme à l'effondrement de la biodiversité!", a déploré la Ligue de protection des oiseaux (LPO) dans un communiqué.

D'autres sujets encore n'ont pas été abordés dans l'allocution. Ainsi la fiscalité écologique, étincelle du mouvement des gilets jaunes, dont le gouvernement a déjà dit qu'elle pourrait être abordée par la Convention citoyenne convoquée prochainement.

Cette assemblée de 150 citoyens, annoncée après le grand débat, "pourra proposer de nouvelles mesures, elle pourra en définir le rythme et les financements. Elle rendra ses conclusions au début de l'année 2020", a dit M. Philippe mercredi.

Ses propositions "les plus puissantes" pourront être soumises "à référendum", d'autres feront l'objet d'un projet de loi, a-t-il ajouté.

Avec AFP.