Pour obtenir la température au soleil, on peut ajouter 10°. Conséquence, lorsque la température flirte avec les 30°, c'est 40° qui sont ressentis en plein soleil. Le préambule s'impose pour évoquer le calvaire enduré par les animaux transportés lors de ces cagnasses insupportables de plus en plus nombreuses. Le chauffeur a la clim, le bétail subit l’enfer.
C'est inacceptable et contraire au principe élémentaire du respect du bien-être pour ces animaux subissant souvent leur dernier voyage avant l'abattoir. J'entends déjà administration s'insurger et rappeler que l'Etat français a pris des mesures interdisant les transports d'animaux entre 13 h et 18 h dans les départements classés vigilance canicule orange ou rouge. C'est vrai et c'est une bonne chose. Mais cela valide une autorisation de transport à 11 h ou midi et après 18 h même en temps de canicule.
Par ailleurs, la mesure élémentaire est-elle appliquée ? A l'évidence non, en tous cas pas toujours. L'association Welfarm, en pointe contre la maltraitance des animaux d'élevage, a pu le vérifier sur le terrain. Las d'alerter sans cesse les autorités pour stopper les convois, elle a eu l'idée d'initier une application baptisée "Truck Alert". Un simple clic sur le téléphone permet désormais d'envoyer des photos sur la nature et les conditions de transport et surtout de géolocaliser le lieu.
Lancée en 2020 lors d'une campagne judicieusement appelée "Chaud dedans", elle a été utilisée par de nombreux observateurs. Plusieurs centaines d'alertes ont été reçues à Welfarm lui permettant d'intervenir auprès des autorités.
La question du transport à réétudier
Plus généralement, la question du transport doit être réétudiée. Actuellement l'Union Européenne tolère jusqu'à 29 h pour les bovins, ovins et caprins, 24 h pour les chevaux et les porcs et 19 h pour les animaux non sevrés. Au-delà de ces durées, les animaux doivent être déchargés, alimentés, abreuvés. Cette tolérance éprouvante est loin d'être systématiquement appliquée. Tout récemment la Cour des Comptes Européenne soulignait que les transporteurs étaient tentés d'opter pour un itinéraire plus long afin d'éviter les pays appliquant trop strictement la réglementation.
Une réforme du règlement sur le transport des animaux vivants de l'Union Européenne vers des pays tiers est actuellement à l'étude. Cinq pays se sont prononcés contre le transport, purement et simplement. Bravo à l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas. Huit autres nations ont affiché leur opposition sans réserve en soulignant que le "transport d'animaux est une base pour le fonctionnement normal de marchés agricoles". Parmi eux, la France. Cocorico aux maquignons. Peut-être devaient-ils faire un stage à l'arrière des camions avec le bétail, avant le vote final…
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