France Industrie a appelé les parlementaires européens à ne pas adopter la directive sur le "devoir de vigilance".
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Edito

Transparence des entreprises : une utopie ?

Les ONG pointaient cette semaine les "animaux cachés" dans des produits alimentaires ou les multinationales qui se fournissent auprès de producteurs d’huile de palme non durable. N’est-il pas temps que les entreprises adoptent un modèle plus vertueux ?

Gélatine de porc, colle de poisson, voire résidus d’insectes. Dans des Shamallows, des Viennois au chocolat ou des yaourts. Un mauvais film de science-fiction ? Non, les résultats de l’enquête de Foodwatch qui dévoilait mercredi la présence de résidus d’"animaux cachés" dans 12 produits alimentaires du quotidien. Un détail de la composition auquel le consommateur ne s’attend pas forcément… Et dont il n’est pas toujours suffisamment informé en raison de l’absence de mentions précises sur l’étiquette, regrette l’ONG. Le même jour, Greenpeace pointait du doigt les pratiques de plusieurs multinationales – dont Colgate-Palmolive, L’Oréal, Kellogg’s, Nestlé ou Pepsico – qui se fournissent auprès de producteurs d’huile de palme "sales". Le problème derrière ce laxisme qui leur est reproché : la déforestation massive qui touche particulièrement l’Indonésie.

Manque de transparence

Heureusement qu’elles sont là ces ONG pour surveiller les comportements des entreprises et le signaler. Est-ce si compliqué d’adopter des pratiques vertueuses et de faire preuve de transparence envers les consommateurs ? Oui apparemment, puisqu'il faut que l’on vienne leur taper sur les doigts pour qu’elles envisagent de faire évoluer leurs politiques. Pas sûr qu’elles le fassent d’ailleurs, si aucun couperet financier ne tombe. Il faudrait que les clients cessent d’acheter leurs produits en somme… C’est bien cette seule crainte qui semble guider leurs actions.

Course au profit

La recherche du profit va-t-elle toujours primer au détriment de tout le reste ? Comment en est-on arrivé là ? La raison d’être des entreprises est pourtant bien de répondre à un besoin sociétal. Comment peuvent-elles être au service de l’homme et de la société tout en piétinant sans états d’âme leur socle même ?

La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) s’est développée depuis plusieurs années pour inciter les entreprises à prendre en compte les problématiques environnementales et sociales dans leurs stratégies. Simple incitation donc. Rien ne les y oblige…D'ailleurs, l’optique d’un droit contraignant sur ces questions fait rager un certain nombre de chefs d’entreprises. Ne peut-on pas les laisser tranquillement cumuler leurs bénéfices ? Les pratiques évoluent au sein de certains grands groupes, c’est vrai. Préférence pour des énergies propres, mise en place de mutuelles pour les salariés de chaque filiale, utilisation de plastique recyclé… Les départements RSE font pression pour que les entreprises intègrent de telles politiques. C’est un premier pas certes, mais ce n’est pas suffisant. Le respect de l’homme et de l’environnement devrait être au cœur de chaque business model. Espérons que la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) qui sera discutée à l’Assemblée prendra suffisamment en compte ces enjeux.