Turtle propose un service de vélo à la demande avec chauffeur.
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"J’ai testé pour vous" : le vélo à la demande avec chauffeur

Après les taxis et VTC, des services de vélo à la demande avec chauffeur fleurissent à Paris. Des alternatives qui se veulent "moins chères", "plus rapides" mais aussi "plus écologiques". Quelques jours avant le lancement des Jeux Olympiques dans la capitale, ID a pu tester la solution proposée par Turtle – start-up née en 2022, et créée par Robin Bourraindeloup et Aymard De Ravignan. 

A l'heure des JO, Turtle compte s'imposer comme un acteur incontournable de la mobilité douce.
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Ce 23 juillet, la circulation automobile est quelque peu perturbée à Paris, notamment dans les secteurs du Champ-de-Mars, de Concorde ou encore de Louvre-Rivoli - où la cérémonie d’ouverture et plusieurs épreuves olympiques doivent avoir lieu.  
Muni de son pass et aux manettes de son tricycle à assistance électrique, Alexis, 23 ans, chauffeur Turtle – un service de vélo-cab avec chauffeur réservable depuis une application, réussit à éviter les embouteillages et dépasser les voitures, en empruntant les voies de bus et les pistes cyclables sécurisées. Le tout sans dépasser les 25 km/h. 

Assise derrière lui, dans une petite cabine abritée, je vois défiler la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, aperçois la Concorde au loin et bientôt l’Opéra. Si Turtle propose des balades touristiques, c’est bien l’expérience de vélo à la demande avec chauffeur que je teste ce jour-là. Pendant ce trajet, qui relie le 15ème arrondissement au 1er en une trentaine de minutes, je retrouve le plaisir que l’on peut avoir en roulant à vélo : découverte de la ville sous un nouveau jour, trafic plus fluide et plus rapide...Et ce sans pédaler ! Attention toutefois à bien s’accrocher car, dans certaines zones où l’état de la chaussée est dégradé, les secousses sont au rendez-vous. 

"Plus écologique et plus rapide que les VTC"

"Cela reste un tricycle. Mais les clients le savent et les chauffeurs adaptent leur allure pour offrir l’expérience la plus confortable possible", défend Robin Bourraindeloup, co-fondateur que je rejoins à Pyramide dans les "bureaux" de la start-up – un parking souterrain qui héberge une flotte de 60 vélos et où se croisent 19 chauffeurs, la grande majorité salariés.  

Lancée en octobre 2022, Turtle – dont le nom est un clin d’oeil à la fable de Jean de la Fontaine, Le lièvre et la tortue, a fait du chemin depuis ses débuts, et compte désormais plus de 5 000 trajets à son actif. A l’heure où la circulation dans Paris intra-muros devient de plus en plus compliquée, "l'ubérisation du tuk-tuk" a de quoi séduire. Ce type de solution répond également à une demande de plus en plus forte pour des mobilités douces et vertes. 

De ce côté, la jeune pousse, qui s'appuie sur la base de calcul de l'ADEME, indique que "96 tonnes de CO2, soit 55 allers-retours Paris/New-York en avion", ont pu être économisées depuis sa création.

Des freins à lever 

Au-delà d’offrir une alternative plus écologique et plus rapide que les taxis et VTC dans la capitale, nous avions aussi la volonté de proposer une mobilité douce qui soit plus inclusive, notamment pour les personnes handicapées. Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’initiatives pour développer le vélo mais tout le monde ne peut pas y avoir accès", poursuit le DG.  

Fabriqués en Allemagne, avec des pièces détachées achetées en République tchèque, les tricycles siglés Turtle répondent à un cahier des charges précis aussi bien en termes de confort que de sécurité, assure Robin Bourraindeloup. Les vélos sont par exemple dotés de suspensions pour amortir les chocs et s’adapter à l’état de la route. Les cabines, qui peuvent accueillir deux personnes, disposent, quant à elles, de ceinture de sécurité. 

"Nous portons une attention particulière à la formation de nos chauffeurs, qui doivent tous et toutes détenir le permis de conduire et le BSR", poursuit l'entrepreneur de 27 ans. 

Turtle dispose d'une flotte de 60 véhicules.
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En quête de diversification 

Une fois le matériel mis au point, un produit d’assurance spécifique a dû être créé pour pouvoir mettre sur le marché les pousse-pousse. "Nos véhicules sont aujourd’hui considérés comme des transports de personnes à titre onéreux", précise-t-il. Autre frein à lever : le flou juridique qui demeure autour de ce type de véhicule, aujourd’hui considéré comme un vélo à assistance électrique dans le code de la route , et un taxi ou VTC dans le code des transports. "Nous sommes en train de travailler avec le gouvernement pour créer une réglementation particulière", souligne Robin Bourraindeloup. 

Avec un prix minimum fixé à 8 euros – un euro inférieur à celui des VTC, et des plages horaires étendues de 8h à 21h (et jusqu’à 23h du jeudi au samedi), Turtle attire pour le moment une clientèle majoritairement touristique. "Nous avons 60 % de visiteurs contre 40 % de Parisiens", note le co-fondateur. 

Pour toucher davantage les actifs, et habitants de la capitale, la jeune pousse n’exclut pas de s’associer avec un acteur du VTC, à l’image de son concurrent Bimboum qui s’est allié à Heetch Bike.

Nous n’avons pas nécessairement la volonté de grandir tout seul. Nous avons envie de nous entourer de partenaires de confiance”, explique l’entrepreneur. 

Démocratiser un secteur "pas toujours bien vu" 

Forte d'un partenariat noué avec l’Office de Tourisme de la Ville de Paris, la "tortue" a récemment ouvert son capital à Paris Experience Group, "leader de l’accueil touristique à Paris et en France".

Objectif : bénéficier du réseau de la filiale Paris City Vision, spécialisée dans l’organisation de visites guidées, ainsi que celui de Paris Seine, qui possède dix péniches sur la Seine pour des dîner-croisières et de la privatisation événementielle. "Nous proposons par exemple la réservation d’une course en Turtle pour ramener les clients chez eux après un dîner croisière sur la Seine", note Robin Bourraindeloup qui souhaite aussi s’adresser aux entreprises afin de leur proposer la privation de vélos avec chauffeurs pour des prestations évènementielles. 

Toujours dans un objectif de déploiement, la société mise sur la publicité nomade. Parmi les derniers annonceurs affichés à l’arrière des pousse-pousse : Octopus Energy et American Express. 

Grâce à cette stratégie de diversification, la start-up espère accroître sa flotte et atteindre les 100 véhicules d’ici la fin de l’année. Interrogé sur la possibilité de tisser sa toile sur d'autres territoires, le start-uppeur se montre prudent. "Nous avons encore beaucoup à faire à Paris pour démocratiser et professionnaliser un secteur qui n’est pas toujours bien vu, car trop souvent assimilé à celui des tuktuk touristiques de la Tour Eiffel." Autrement dit, "rien ne sert de courir, il faut partir à point". 

Pour aller plus loin : "Vacances écolo, mode d'emploi"