Depuis des années, APRR-AREA conçoit des passages de faune et des écoponts en s’appuyant sur des experts et un suivi précis de la biodiversité locale.
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Écoponts : quand les infrastructures autoroutières deviennent des refuges pour la faune

Limiter l’impact des autoroutes sur la faune, tel est l’enjeu majeur d'APRR-AREA. Depuis des années, le gestionnaire autoroutier conçoit des passages de faune et des écoponts en s’appuyant sur des experts et un suivi précis de la biodiversité locale. L’objectif : veiller à ce que ces ouvrages s’intègrent bien à leur environnement et répondent aux besoins des espèces qui les empruntent.

À première vue, ils ressemblent à de simples ponts recouverts de végétation. Pourtant, les écoponts sont bien plus que cela. Ces franchissements végétalisés qui enjambent les autoroutes ont une fonction bien spécifique : rétablir les continuités écologiques interrompues par les infrastructures humaines. En reliant différents milieux naturels, ils offrent à la faune la possibilité de circuler librement, de se nourrir, de se reproduire et, plus largement, de maintenir ses cycles de vie.

Sur le réseau autoroutier APRR-AREA, qui représente 2300 km dans l’Est de la France, déjà plus de 100 passages à faune et 19 écoponts de 25 mètres de largeur ont été réalisés. Si la construction de ces ouvrages est une étape cruciale, les aménagements, le suivi et l’entretien assurent, sur le long terme, l’efficacité du dispositif. Comme le rappelle Nicolas Moronval, Chef de Département Développement, Innovation et Transition Écologique chez APRR-AREA, "un écopont n’est réellement efficace que s’il remplit son rôle sur le long terme. Cela passe par un aménagement spécifique de chaque écopont en fonction des zones de biodiversité. Ensuite, un suivi environnemental rigoureux pour estimer son bon fonctionnement et un entretien régulier."

Comprendre les besoins de la faune avant la construction

Et le travail commence bien avant le lancement du chantier de construction. En effet, dès les premières étapes du projet, les équipes d’APRR-AREA mobilisent une expertise pointue pour étudier les milieux naturels et déterminer l’implantation des ouvrages. Faunistes, botanistes, éthologues ou encore écologues se penchent sur l’écosystème local à travers un inventaire écologique complet. Ce travail de terrain s’étale sur plusieurs mois, afin de pouvoir observer les cycles biologiques des espèces présentes (insectes, mammifères, amphibiens, reptiles, oiseaux, chauves-souris, etc.).

L’objectif : comprendre les comportements, les zones de passage, les périodes d’activité, et identifier les corridors écologiques existants. Ainsi, chaque écopont est conçu en fonction des particularités locales du milieu naturel. Dans des zones boisées comme la forêt de Fontainebleau par exemple, la traversée doit tenir compte des besoins du cerf ou du sanglier.

Recréer un écosystème fonctionnel

Une fois ces connaissances rassemblées, commence la phase opérationnelle avec la reconstitution du milieu naturel. Une question se pose alors : comment transformer un ouvrage bétonné en un lieu de passage accueillant pour toutes les espèces ? La réponse réside dans un équilibre maîtrisé entre végétalisation, aménagements pour la faune et harmonie avec le milieu environnant.

La grande faune (cerfs, chevreuils, sangliers, etc.) nécessite des espaces ouverts et visibles pour se sentir en sécurité. C’est pourquoi des plantes herbacées peu denses sont installées au centre des écoponts. À l’inverse, la petite faune (rongeurs, amphibiens, etc.) préfère les zones abritées. Les bords des ouvrages sont donc aménagés avec des andains de bois, des amas de pierres et des arbustes, parfois complétés par des mares temporaires favorisant l’hydratation et la reproduction. Des écrans occultants sont aussi installés pour éviter que les phares des véhicules n’effraient les animaux.

Le suivi environnemental après la mise en service

Mais construire et aménager un écopont ne suffit pas. Il faut ensuite s’assurer qu’il est utilisé. Pour cela, APRR-AREA met en œuvre un suivi environnemental rigoureux, confié à des partenaires spécialisés. "On installe beaucoup d’appareillages : des pièges photos, des caméras infrarouges, parfois même du suivi ADN environnemental" détaille Nicolas Moronval. Les images récoltées sont ensuite analysées par des experts, notamment ceux de la Fédération nationale des chasseurs, qui identifient les espèces, leur fréquence de passage et les types de déplacements.

Et les résultats sont parfois spectaculaires : cerfs, sangliers, renards, mais aussi lynx (une espèce rare en France) ont été filmés franchissant des écoponts. Des données qui confirment l’intérêt de ces infrastructures, mais qui peuvent aussi s’avérer précieuses pour apporter des ajustements. "C’est sur le terrain qu’on vérifie si les animaux passent, et surtout si l’aménagement leur convient. Dans certains cas, on peut être amené à prolonger une clôture, changer des plantations, ajuster un point d’eau…" précise Nicolas Moronval.

Maintenir et améliorer l’efficacité des écoponts

Pour maintenir l’efficacité de ces ouvrages, un entretien annuel s’impose. Il s’agit notamment de contrôler le développement de la végétation, de préserver les points d’eau et d’éviter que des espèces invasives ne s’installent. Ces opérations assurent un environnement stable et sécurisé pour la faune, favorisant "le brassage génétique" et la résilience des populations animales.

Mais au-delà de la maintenance, APRR-AREA s’engage aussi dans la recherche. Le gestionnaire autoroutier cofinance des thèses et des études environnementales afin de mieux comprendre les comportements des espèces et d’adapter ses infrastructures en conséquence. "L’idée, c’est de faire grandir les connaissances et de les partager avec la communauté scientifique. Les bons résultats, mais aussi les points d’améliorations, tout cela fait partie de l’apprentissage", souligne Nicolas Moronval.

En partenariat avec APRR-AREA.